L’association marocaine de
l’industrie pharmaceutique (Amip) qui regroupe les producteurs locaux,
a demandé au Ministre de la santé, la suspension de l’octroi des
dérogations d’importation de médicaments.
L'association
souligne la hausse des importations de médicaments, enregistrée depuis
le début de l’année. En effet, si l’on se réfère aux statistiques de
l’Office des changes, elles ont progressé, en valeur, de 25% à fin mars
dernier, par rapport à la même période de l’année 2008, à 948,3MDH.
Leur volume s’est accru de 41% à 1 700 tonne
Actuellement,
les médicaments importés couvrent 30% de la demande contre 70% pour la
fabrication locale qui, il y a deux ans, satisfaisait 80% des besoins,
soit un recul de 10%.
Cette
progression des importations inquiète les industriels qui disent être
soucieux de la viabilité du secteur et des investissements.
«Le
ministère dit comprendre les inquiétudes des opérateurs et le gel de
l’octroi des dérogations est sérieusement envisagé afin de mettre de
l’ordre dans tout cela», avance une source bien informée qui tient à
préciser que «désormais toute demande de dérogations sera
minutieusement étudiée».
Selon
la loi régissant la fabrication et la distribution du médicament, la
dérogation pour l’importation d’un médicament déjà fabriqué localement
est accordée par le ministère de la santé lorsqu’il y a des difficultés
ou des problèmes techniques empêchant la production d’un produit donné.
Le laboratoire est alors autorisé à importer pour une durée de six mois
le ou les médicaments en attendant la résolution du problème technique.
Ces conditions ne sont pas aujourd’hui, de l’avis de plusieurs
industriels, «respectées dans la mesure où les dérogations sont
demandées par des laboratoires pour contourner la circulaire qui impose
une validation de la fabrication notamment la mise en place et l’essai
des lignes de production ».
Le processus de validation nécessitant
plusieurs mois, les laboratoires souhaitant gagner du temps optent pour
l’importation. Ce qui est, selon des membres de l’Amip, illégale et
inadmissible. Ils estiment qu’au lieu d’une dérogation d’importation,
les laboratoires concernés devraient plutôt signer des contrats de
façonnage auprès de confrères locaux.
Et là-dessus, la
profession est divisée. Pour certains laboratoires, les produits sur
lesquels portent les dérogations sont des «molécules innovantes
nécessaires pour le traitement des pathologies lourdes et chroniques
notamment les cancers et l’hypertension artérielle, des produits que
l’on ne peut pas aujourd’hui produire au Maroc».
Alors que pour d’autres
industriels, les dérogations ont été accordées pour l’acquisition de
produits ayant plusieurs équivalents sur le marché local.
Trois
laboratoires de la place (dont les noms ne sont pas communiqués) sont
pointés du doigt pour avoir demandé «abusivement», selon des sources
bien informées, des dérogations pour l’importation de certains
médicaments.
Une pratique qui, expliquent des membres de l’Amip, menace
l’industrie pharmaceutique dont la part dans la consommation locale
pourrait encore être réduite.
Et c’est pour préserver leur industrie
que les professionnels demandent donc le gel des dérogations
d’importation et suggèrent que le «Maroc adopte une pratique similaire
à celle de ses voisins tunisien et algérien, qui appliquent tous deux
le principe de la corrélation ».
Selon celui-ci, un produit ne peut
faire l’objet d’aucune dérogation d’importation s’il est fabriqué
localement. Cependant, il peut être façonné sous licence par un autre
industriel. A l’heure où nous mettions sous presse, le ministère de la
santé n’avait pas donné suite à nos appels.
Toutefois, il semble que le
dossier des dérogations est examiné par les services de ce département
afin, dit-on, d’éviter de pénaliser l’industrie pharmaceutique.
Celle-ci réalise aujourd’hui un chiffre d’affaires de près de 7
milliards de DH et procure 35 000 emplois directs et indirects.
Source : Courrier International