La richesse de ses
écosystèmes, son patrimoine culturel, l’importance de sa fonction
sociale et sa forte identité maritime donnent au littoral méditerranéen
une valeur considérable.
C’est sur cet espace très convoité que se
concentrent la plupart des infrastructures de transports, des
résidences de tourisme et des installations industrielles.
Cette
tendance à la « littoralisation », à l’œuvre depuis plusieurs
décennies, modifie profondément les milieux naturels par les
prélèvements et les rejets induits, ainsi que par les nouveaux modes
d’utilisation de l’espace.
Un tiers de la population méditerranéenne vit dans les régions
côtières, soit sur 13% de la superficie des pays riverains.
A l’horizon
2025, ces régions pourraient accueillir 170 millions d’habitants, dont
les trois quarts urbanisés, la croissance se situant pour l’essentiel
au Sud et à l’Est.
De l’ordre de 120 km3/an à l’heure actuelle, la
demande totale en eau des régions côtières pourrait encore croître de
près de 25% d’ici à 2025 pour répondre aux besoins des secteurs
domestique, industriel et agricole.
Elle représenterait alors près de
45% de la demande totale en eau de l’ensemble des pays riverains.
si
elles restent modestes à l’échelle annuelle, les demandes en eau
supplémentaires induites par le tourisme sont manifestes sur des
pointes saisonnières et coïncident avec le pic des demandes en eau
d’irrigation, en période où les ressources sont les plus faibles.
Ces demandes croissantes sont à l’origine de fortes pressions sur les
ressources en eau.
Dans certains pays, une partie des
approvisionnements actuels des régions côtières, notamment pour
l’alimentation en eau potable des grandes villes mais aussi pour
l’irrigation, procède de sources non durables tels la surexploitation
de nappes souterraines littorales alors exposées au risque d’invasion
d’eau marine et les transferts d’eau provenant de l’exploitation
minière de ressources non renouvelables.
Les ressources en eau,
notamment souterraines, des régions côtières risquent par ailleurs de
diminuer du fait des impacts de l’urbanisation et, à plus long terme,
des incidences du changement climatique. Mais les pressions sur les
ressources en eau sont également qualitatives.
Le manque de systèmes
d’épuration des eaux usées ou la faible proportion de la population
raccordée, et par suite les rejets non épurés d’eaux usées, constituent
la principale source de pollutions organiques affectant les eaux
côtières.
Environ 60% des eaux domestiques urbaines sont rejetées sans
épuration préalable dans la Méditerranée.
Pour infléchir ces tendances, une gestion durable de l’eau en zone
côtière devrait viser avant tout d’une part le développement de mesures
de gestion de la demande en eau aptes à réduire les pertes et mauvaises
utilisations et, d’autre part, la régression puis l’arrêt des
surexploitations de nappes souterraines littorales.
Les exemples
d’Israël et de Malte témoignent de la possibilité de restaurer
l’équilibre d’aquifères littoraux via la réduction des prélèvements,
compensée par le recours au dessalement ou à la réutilisation d’eaux
usées, et la recharge artificielle des nappes.
La
gestion durable des ressources et demandes en eau en zone côtière doit,
de manière plus générale, reposer sur une approche intégrée à l’échelle
des bassins versants et sur le principe de solidarité amont-aval entre
arrière-pays et régions côtières.
Elle doit également s’inscrire dans
un cadre global de gestion durable du littoral incluant le renforcement
des politiques littorales, le développement d’un tourisme durable et,
plus en amont, la définition de politiques d’aménagement du territoire
visant l’atténuation de la littoralisation et de l’artificialisation
des côtes méditerranéennes.
Source : Plan Bleu