Le tri sélectif à l'origine pourrait être une solution.
Dans ces lieux, on y trouve de tout: déchets ménagers, déchets de
construction, pneus usés… «Il y a même de grands bidons contenant des
produits chimiques dont on ignore la nature.
Dans la décharge de
Berkane, par exemple, des éleveurs amènent leurs moutons et passent la
nuit sur place. Le problème des déchets devient grave.
En 2005, notre
pays a produit annuellement 5,6 millions de tonnes de déchets et à
l'horizon 2020, nous atteindrons 12 millions de tonnes.
Si nous ne
sommes pas capables de traiter les quantités actuelles, comment
allons-nous faire dans l'avenir quand elles auront doublé?», s'est
demandé Salah Souabi, enseignant à la faculté des sciences et
techniques de Mohammedia, lors de la journée d'étude, organisée
dernièrement sur le thème «Impact de la pollution sur l'environnement
et la santé», par l'Association marocaine pour l'environnement et le
développement durable (AMEDD), à l'Institut agronomique et vétérinaire
Hassan II (IAV) à Rabat.
Selon ce spécialiste, la solution
serait d'encourager la valorisation des déchets à travers le tri
sélectif à l'origine, moins coûteux pour les pays en voie de
développement.
Il faut aussi noter qu'il n'existe pas non plus de tri
liquide à l'origine, puisque les réparateurs mécaniques continuent de
déverser leurs huiles dans le réseau d'assainissement.
Ces agissements
ne sont que le résultat du laxisme institutionnel, car notre
réglementation n'est pas sévère envers les industriels. La loi existe,
mais les décrets d'application tardent à voir le jour.
Pendant ce
temps, ce sont les populations qui souffrent de cette défaillance. Il
faut savoir qu'au stade de la fermentation, les déchets déversés dans
les décharges non contrôlées produisent du lixiviat, un liquide
dangereux qui engendre l'asthme.
Une tonne de déchets produit 200 à 400
litres de lixiviat qui s'infiltrent dans les sols pour aller polluer la
nappe phréatique.
La présence de métaux lourds dans l'air,
comme à Rabat et Salé, deux villes soumises à des pollutions par le
plomb et le zinc, dues principalement aux trafics automobiles, engendre
plusieurs sortes de maladies respiratoires.
De leur côté, les potiers
d'El Oulja utilisent des poudres contenant des concentrations élevées
en plomb.
A Meknès, une étude de la mesure de l'air, basée sur des
critères de proximité du trafic routier et des zones industriels, a
révélé que les concentrations en dioxyde de souffre et en ozone sont
supérieurs aux normes retenues par l'Organisation mondiale de la santé
(OMS).
De même, à Mohammedia, une autre enquête a montré que la
pollution de l'air conduit à de graves problèmes respiratoires chez les
enfants : 41,3% de crises d'asthme et 53, 9% de la toux nocturne.
La
concentration de plomb chez les tout petits engendre le saturnisme, une
maladie qui crée des troubles irréversibles du système nerveux central
chez les enfants.
Les femmes ne sont pas épargnées, puisqu'une
exposition chronique au plomb en milieu industriel diminue la fertilité
et semble être associée à une augmentation du risque d'avortement
spontané. «La pollution par des métaux lourds a des effets
neurologiques et reproductifs.
D'ailleurs, la réglementation
américaine interdit aux femmes de travailler dans des sociétés où elles
seront exposées au plomb», explique Abdallah El Abidi de l'Institut
national d'hygiène.
Toujours aux Etats-Unis, le fabricant de jouets
Mattel vient d'être condamné, le 5 juin dernier, à verser une amende de
2,3 millions de dollars pour avoir vendu, en 2007, 95 modèles de jouets
(petites voitures, accessoires de la poupée Barbie, etc.) dont la
quantité de plomb était supérieure aux limites légales.
L'incinération
dans une décharge sauvage peut engendrer du plomb. On peut même trouver
ce produit dans les conduites d'eau ou dans les tajines. Notre théière
nationale «berrad» et d'autres ustensiles en aluminium sont aussi
pointés du doigt pour leur nocivité.
Un projet de poterie sans plomb
est en cours de réalisation avec l'Ecole nationale de l'industrie
minérale (ENIM) à Rabat en partenariat avec la Fondation Mohammed V
pour la solidarité.
Quant aux déchets de phosphates, ils sont utilisés
pour récupérer des sols contaminés par la salinité pour l'agriculture.
Le
Programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés (PNDM)
vise à assurer la collecte de ces déchets à un taux d'au moins 90% à
l'horizon 2020, à mettre en place 350 décharges contrôlées pour les
villes et les centres urbains, à fermer et à réhabiliter toutes les
décharges sauvages existantes et à organiser et développer la filière
de «tri-recyclage-valorisation» pour atteindre le taux de 20% de
récupération et de recyclage des déchets générés, avec des
actions-pilotes de tri à la source.
Autre action lancée par les
pouvoirs publics, le Programme national de lutte contre la pollution
atmosphérique.
Il consiste en la mise en place d'un réseau de
surveillance de la qualité de l'air dans les grandes villes du Royaume
et la réalisation d'un inventaire des émissions pour définir des
actions de réduction de cette pollution.
Source : le Matin