LA Régie autonome de transport urbain de Fès (Ratuf) est l’une, sinon la seule
régie actuellement en service et qui arrive à investir pour l’accroissement de
son parc afin de desservir tous les quartiers de la ville, voire même certaines
communes relevant des provinces de Sefrou et de Moulay Yacoub.
Les propos sont
de Mohamed Rherrabi, wali de la région Fès-Boulemane. Selon lui, dire que le
transport public est défaillant serait aller vite en besogne et justement l’une
des raisons du maintien de la Ratuf est d’offrir un service social que le privé
ne peut assurer en raison de l’impératif de rendement.
De fait, le
responsable de l’autorité locale préfère un soutien au secteur à l’ouverture de
l’activité au privé. Au risque évident d’une tarification onéreuse, est-il
avancé.
Soutien qui se traduit par une mise à niveau de la Régie et un plan de
restructuration (ressources humaines et matériel roulant). Néanmoins, cet effort
doit être relayé en permanence par la ville de Fès afin de maintenir la gestion
du transport urbain par la régie.
D’ailleurs, un programme de restructuration a
été mis en place dans le cadre d’un protocole d’accord entre l’Etat, le
ministère de l’Intérieur, le Conseil de la ville et la Régie.
D’une durée
triennale, ce programme porte sur le règlement du passif (dettes), la mise à
niveau du parc et la restructuration des effectifs de la région.
Aux termes
de cet accord, l’Etat prend en charge l’épuration des dettes fiscales estimées à
plus de 47 millions de DH entre 2007 et 2009. De son côté, le ministère de
l’Intérieur décaisse une contribution de la dotation spéciale du fonds TVA
affectée aux collectivités locales de l’ordre de 20,25 millions de DH.
L’octroi
de ce montant est également réparti sur 3 ans.
Pour ce qui est de la mise à
niveau du parc, c’est la ville qui la prend en charge. En effet, la commune
s’est engagée dans une opération d’acquisition de bus neufs et d’octroi de
subventions destinées à la rénovation du parc existant.
Elle y consacre un
investissement de 60 millions de DH dont 45 millions en 2007 et 2008. Le reste
(15 millions de DH) sera financé cette année.
Ainsi, la régie se dotera
incessamment de 17 bus flambant neufs. «Des véhicules de marque Volvo qui
offrent un meilleur confort et une longue durée de vie», indique Abdellatif
Filah, directeur de la régie.
Et d’ajouter qu’il est parfois déplorable de
constater sur des bus neufs des actes de vandalisme. «Certains passagers
arrachent les haut-parleurs des véhicules», déplore-t-il.
Ainsi, outre la
rénovation du parc (moteurs et carrosseries), les services de la régie sont
contraints de réparer et remplacer des équipements qui sont conçus pour
fonctionner toute la durée de vie du bus.
A noter que la rénovation du parc
a coûté 3 millions de DH entre 2008 et 2009.
Par ailleurs, le règlement de
l’ensemble des dettes commerciales nécessitera pas moins de 17,36 millions de
DH. L’autre opération d’envergure est celle relative à la masse salariale.
En
effet, la régie souffre énormément d’un sureffectif. Dans ce sens, réduire le
personnel semble être la première piste à explorer. L’on souligne à cet égard
que la moyenne nationale est de 5,5 employés par bus alors qu’elle s’élève à 8,2
pour la Ratuf.
De ce fait, la masse salariale absorbe 60% du chiffre d’affaires
de la régie. Un CA quotidien qui varie entre 200.000 et 300.000 DH. Raison pour
laquelle la régie consacre plus de 1,7 million de DH pour les départs
volontaires.
Pour ses dirigeants, le nombre d’agents par bus doit absolument se
situer à 5,5 vers la fin de cette année. Autrement, le recours au privé sera
inévitable.
En outre, le contrat-programme de la Ratuf prévoit une
modernisation de l’établissement, un schéma directeur informatique,
l’élaboration d’un manuel de procédure et d’organisation, la mise en place d’une
comptabilité analytique (en cours), et le développement des outils de gestion.
Sans oublier le volet formation continue. En fait, la Ratuf a engagé un
processus de formation en faveur de son personnel.
Ainsi, cadres et agents sont
formés dans différents domaines. En premier lieu, l’outil informatique est
enseigné à tout le personnel administratif. Les chauffeurs, pour leur part,
recevront une formation au sein des établissements relevant de l’OFPPT.
La
réorganisation du réseau actuel des lignes de bus et la révision du système de
billetterie en intégrant d’autres modes de vente, figurent également parmi les
objectifs.
La régie entend enfin réinvestir les lignes desservant les avenues
Hassan II et Allal Benabdellah avec des véhicules neufs, et des signalétiques de
haut niveau, à l’image de ces belles artères.
Ville de plus de 1,5 million
d’habitants, dont près de 50.000 étudiants, Fès est une des rares agglomérations
où les bus de la régie ne sont pas concurrencés par ceux du privé, ou d’autres
moyens de transport de masse.
Il s’agit donc d’un secteur public et social,
à forte demande: 73 millions de passagers urbains par an. A terme, il faut bien
sûr réfléchir à un autre mode de transport en commun, en l’occurrence le tramway
ou le métro. Car, les bus ne seront plus compatibles.
Source : l'Economiste