Disposant d'un potentiel hydrique évalué à 22 milliards de m3, les besoins du Maroc en eau passeront à 16,5 milliards de m3 en 2030 d'où la nécessité d’économiser 2,5 milliards de m3 par an
CONCILIER développement intégré et rationalisation de l’utilisation de l’eau, tel est l’objectif des 16 conventions régionales qui ont été signées, mardi 14 avril, à Fès.
Déclinés sur les 16 régions du Royaume, ces partenariats permettront de mettre en place une stratégie nationale en matière de rationalisation de l’eau, tout en assurant un développement durable et un programme de qualification environnementale des régions.
D’importants investissements sont déjà consentis dans le domaine de l’eau. Ils concernent le plan Maroc vert (Plan national d’économie d’eau dans l’agriculture), le Plan d’assainissement et le Plan de protection contre les inondations.
Au total, la nouvelle stratégie de l’eau nécessitera un investissement additionnel de 82 milliards de dirhams sur la période 2009-2030.
La mise en œuvre de cette stratégie intervient pour faire face à la rareté de l’eau. Le potentiel hydrique du Maroc est actuellement évalué à peine à 22 milliards de m3, dont 18 milliards d’eaux de surface et 4 milliards d’eaux souterraines.
Or, les besoins en eau passeront à 16,5 milliards de m3 à l’horizon 2030.
Par ailleurs, la production en eau potable a été multipliée par 5 au cours des trois dernières décennies pour s’établir à plus de 1 milliard de m3 par an.
En milieu urbain, le taux de branchement individuel au réseau de distribution est de 92%. Le reste de la population, situé dans les quartiers périphériques en zone semi-urbaine, est desservi par bornes-fontaines.
Dans le monde rural, il reste à raccorder 20% de la population. Le taux de desserte a connu, au cours des dernières années, un développement remarquable, passant de 14% en 1994 à plus de 80% en 2008.
Pour pouvoir continuer de satisfaire les besoins, le gouvernement a élaboré une stratégie permettant d’économiser 2,5 milliards de mètres cubes par an à l’horizon 2030.
A ce titre, il faut préciser que d’importantes quantités d’eau sont perdues annuellement en mer à cause du manque de capacité de stockage.
D’ailleurs, le volume d’eau perdue depuis le 1er septembre dernier est estimé à près de 13 milliards de m3, soit plus de la moitié du potentiel annuel en eau renouvelable.
Par conséquent, pour réaliser des économies, la stratégie préconise d’agir sur la demande et de dégager une ressource hydrique supplémentaire de 2,5 milliards de m3 par an à travers l’action sur l’offre. In fine, il va falloir parvenir à dégager des réserves annuelles d’environ 5 milliards de m3.
Désormais, la problématique de l’eau sera directement intégrée dans les préoccupations du développement économique et social. Au final, il s’agit de favoriser la mise en œuvre de projets intégrés, capables de générer des emplois.
Les conventions régionales signées ont pour objectifs la protection et la valorisation des ressources en eau, la préservation et la valorisation des espaces naturels et de la biodiversité, la prévention et la lutte contre les risques.
Elles visent également la dépollution et la gestion des déchets liquides et solides, la mise à niveau des écoles rurales, la création d’espaces récréatifs urbains et périurbains. La sensibilisation, l’éducation au respect de l’environnement, la reconstitution des stocks d’eaux souterraines sont également prévues dans le plan d’action du gouvernement.
La stratégie marocaine de l’eau sera consolidée par la mise en place progressive d’observatoires régionaux de l’environnement, qui seront reliés directement à l’Observatoire national, déjà opérationnel.
Ces instances régionales seront pilotées par des conseils composés de représentants des administrations, des institutions de formation et de recherche ainsi que la société civile.
Elles auront pour mission de produire des rapports et des indicateurs sur l’état de l’environnement régional.
De plus, les observatoires régionaux sont appelés à devenir de véritables outils d’aide à la prise de décision au service des opérateurs économiques, des acteurs locaux et des collectivités locales.
Le Programme national d’assainissement liquide vise à atteindre un taux de raccordement global au réseau d’assainissement de 80% en 2020 et 90% en milieu urbain, à l’horizon 2030. Il vise également à réduire la pollution domestique de 80% en 2020 et 90% en 2030 et à traiter 100% des eaux usées collectées en 2030.
Les eaux usées seront ensuite réutilisées en agriculture et pour l’arrosage des golfs et autres espaces verts. Le potentiel d’eau épurée pourrait permettre la création de petits projets d’irrigation, d’une superficie globale de 60.000 hectares.
Source : l'Economiste
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