L'Agence nationale des
énergies renouvelables (Aner), a effectué il y a quelques
années une étude stratégique sur les
énergies renouvelables.
Cette étude consiste à
définir une stratégie cohérente pour le
développement des énergies renouvelables en Tunisie aux
horizons 2010, 2020 et 2030.
Plus
particulièrement, elle vise à élaborer un plan
d'action à court, moyen et long terme pour une diffusion massive
des différentes filières.
L'étude
intitulée efficacité énergétique et
énergie renouvelable, qui vise à élaborer un plan
d'action à court, moyen et long terme pour une diffusion massive
des différentes filières, comprend cinq étapes
dont chacune a fait l'objet d'un rapport spécifique.
D'abord,
un bilan des réalisations en matière d'énergies
renouvelables en Tunisie, puis une présentation des
expériences étrangères dans le
développement des énergies renouvelables, le potentiel
des énergies renouvelables, ensuite, les impacts
énergétiques, environnementaux et socioéconomiques
du développement des énergies renouvelables et enfin les
stratégies et plans d'actions pour le développement des
énergies renouvelables.
La réalisation de ces
étapes a nécessité le recours à une
approche participative, impliquant activement les principaux acteurs
des énergies renouvelables en Tunisie : institutions publiques
et secteur privé.
Ainsi, pour chaque filière importante,
un groupe de travail intégrant les représentants des
acteurs concernés a été constitué
dès le démarrage de l'étude : groupe
éolien, solaire thermique, photovoltaïque et biomasse. Ces
groupes avaient pour mission de valider les résultats de chaque
étape de l'étude.
En
outre, un atelier de réflexion a été
organisé, à mi-parcours de l'étude, pour discuter
des différentes options concernant le plan d'action relatif au
développement des filières renouvelables.
Cette
étude avait démontré qu'historiquement, la Tunisie
est l'un des premiers pays en développement à
s'être doté d'une structure nationale, l'Agence nationale
responsable de la mise en œuvre qui est l'Aner.
Par
ailleurs, il a été démontré que plusieurs
dispositifs réglementaires et incitatifs ont permis, en
particulier dans le secteur des énergies renouvelables, un
développement conséquent du chauffe-eau solaire.
Aussi,
l'étude met-elle l'accent sur la volonté politique qui
s'est manifestée au début de la décennie par la
promulgation de "Vingt décisions présidentielles" pour la
mise en place d'une stratégie nationale de maîtrise de
l'énergie au service du développement durable.
Parmi ces décisions,
l'utilisation rationnelle de l'énergie, et ce, par
l'élévation du montant des incitations financières
pour l'encouragement de la maîtrise de l'énergie dans le
cadre de la réalisation des audits énergétiques et
du suivi des contrats-programmes, les économies
d'électricité à travers l'adoption des normes
correspondant à des seuils limités de consommation
d'énergie pour les équipements
électroménagers considérés comme les plus
énergivores (climatiseur, réfrigérateur, four
électrique, fer à repasser).
Ces décisions se
basent également sur les énergies renouvelables avec
l'obligation de l'utilisation des chauffe-eau solaires dans les
nouveaux bâtiments publics et l'optimisation de l'exploitation de
l'énergie solaire photovoltaïque dans les différents
secteurs.
Parmi ces décisions, le développement de
l'utilisation de l'énergie éolienne pour la production
d'électricité de même que, l'augmentation de la
contribution du gaz naturel dans la consommation d'énergie
finale au niveau des différents secteurs d'activité :
résidentiel, tertiaire et industriel.
Pour
la filière éolienne, l'expérience tunisienne pour
la production d'électricité est récente et de
faible envergure.
Seuls deux projets significatifs sont à
retenir : la centrale éolienne de Sidi Daoud de 19 MW dont la
première tranche (10 MW) est entrée en service en
août 2000 et le projet du Pnud pour le renforcement de
capacités en Tunisie qui a démarré en 2002 et
s'est achevé fin 2003.
Récemment, la Tunisie a obtenu
également un financement FEM/Pnud pour la réalisation
d'un projet éolien d'une puissance installée de 100 MW.
Ce financement couvrirait environ l'équivalent du tiers du
surcoût du projet.
Et à partir des données
actuelles sur le potentiel, l'étude a défini trois
scénarios de développement : un scénario
"attentiste" qui consiste à ne développer l'éolien
que lorsqu'il devient économiquement rentable, un
scénario « volontariste » et un
scénario « prudent ».
Ce dernier
scénario de développement plus modéré de la
filière vise des capacités installées de 310 MW en
2010 (dont 30 en off-shore), 1130 MW en 2020 (dont 330 en off-shore) et
1840 MW en 2030 (dont 700 en off-shore).
La production
d'électricité par la filière photovoltaïque a
été développée en Tunisie par la mise en
place d'un programme national d'électrification solaire des
sites isolés (non reliés au réseau) qui a
démarré au milieu des années 90. En 2002, la
puissance du parc installé est d'environ 1,2 MW, équipant
environ 11.000 ménages ruraux et 200 écoles.
La
faible surface du pays, le niveau de développement du
réseau électrique et la rapidité de son extension
font que le potentiel de l'électrification rurale
photovoltaïque n'a cessé de baisser : en 2002, le potentiel
"équipable" estimé n'était plus que de 6.000
ménages environ.
L'étude analyse également
d'autres méthodes expérimentées en Tunisie pour la
maîtrise de l'énergie. Elle analyse également les
bienfaits de la "filière éolienne".
Et si le gisement
éolien n'est pas connu de façon précise, une
ressource abondante existe, aussi bien à l'intérieur du
pays ("on-shore") qu'au large des côtes ("off-shore") et des
programmes de mesures sont actuellement lancés (atlas
éolien) pour permettre à cette filière de se
développer et d'assurer la compétitivité
économique, d'ores et déjà assurée,
à l'horizon d'un développement significatif de la
filière en Tunisie.
Extrait de l'étude :
La
consommation tunisienne d'énergie primaire établie
à 8,5 millions de tep en 2004, reste dominée par les
produits pétroliers avec 49%, mais le gaz naturel est
désormais très bien positionné avec 38%.
La
biomasse-énergie, qui est essentiellement utilisée pour
la préparation du pain et la cuisson aliments en milieu rural,
conserve une part assez significative, s'élevant à 13% de
la consommation primaire d'énergie.
Enfin, les énergies
renouvelables (hydroélectricité, éolien et
chauffage solaire de l'eau), ferment la marche avec à peine 0,6%
du bilan en énergie primaire de l'année 2004.
Depuis la fin des années 60,
la Tunisie a toujours vécu dans la relative "quiétude"
d'une balance énergétique constamment
excédentaire. Mais dès le début des années
80, on commençait à voir pointer à l'horizon,
l'ère de la dépendance énergétique.
C'est
en 1994, que la Tunisie enregistre, pour la première fois, un
déficit de sa balance énergétique. Avec le
doublement du gazoduc Algéro-Italien en 1995 et l'entrée
en exploitation du gisement de gaz de Miskar en 1996, la balance
énergétique s'est retrouvée de nouveau
excédentaire. Mais à partir de 2001, la balance
énergétique redevient déficitaire, et à la
faveur d'une demande en constante progression alliée à
une offre stagnante.
La
Tunisie est Partie du Protocole de Kyoto. Bien qu'elle n'ait pas
d'engagements de réduction de ses émissions de GES, les
choix énergétiques de la Tunisie (promotion de la
maîtrise de l'énergie, développement de
l'utilisation du gaz naturel), et ses choix de développement
(positionnement industriel sur des secteurs moins intensifs en
énergie, tertiarisation de l'économie) durant la
dernière décennie, ont permis de découpler les
émissions de polluants atmosphériques par rapport
à la croissance économique.
Source : Audinet