Inciter aux inventaires des émissions de gaz à effet de serre, Mise en place d’une fiscalité verte pour les équipements économes…, Elaboration d’un code réglementaire de la construction.
Mobilisation
générale contre le réchauffement climatique. Seulement, il s’agit de
trouver le bon compromis entre les exigences du développement et le
souci de réduire les émissions gazeuses tout en assurant une
exploitation rationnelle des ressources naturelles.
D’où la nécessité
pour les concepteurs du plan national de lutte contre le réchauffement
climatique, qui sera présenté au sommet de Copenhague, de favoriser une dynamique
de croissance verte et d’adopter des outils de mesure appropriés.
Entre
autres objectifs, atténuer les changements climatiques dont les causes
résident à 90% dans l’émission des gaz à effet de serre. Du moins,
c’est ce qui ressort du 4e et dernier rapport du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), établi en 2007.
Par conséquent, ces mesures consistent en la réduction des émissions de
ces gaz. Sachant que celles-ci sont pour la plupart liées aux
consommations d’énergie fossile, les mesures préconisées par le plan
portent essentiellement sur l’efficacité énergétique et la production
d’énergie renouvelable.
Elles concernent les secteurs de l’énergie, des
transports, de l’industrie, des déchets, de l’agriculture et des forêts
et de la construction. Ces mesures reposent fondamentalement sur la
stratégie de l’énergie lancée en 2009, lors des Assises de l’énergie.
Le potentiel d’atténuation de
ces mesures a été évalué à 52,9 millions de tonnes-équivalent CO2 par
an à l’horizon 2030. Pour cela, le département de l’Environnement se
charge de promouvoir le mécanisme de développement propre, institué par
le Protocole de Kyoto, d’inciter à la réalisation d’inventaires
d’émissions de gaz à effet de serre, notamment en vue de leur taxation,
ou encore de décliner le projet de fiscalité verte pour les équipements
électriques économes et pour les travaux d’efficacité énergétique dans
les bâtiments existants.
Sur le plan
énergie, le nerf de la guerre de la stratégie de lutte contre le
réchauffement climatique, le ministère en charge du dossier pilote
plusieurs mesures d’atténuation.
Elles vont de la production
d’électricité ou de sa consommation (stratégie énergétique 2008) au
plan d’action, associé au Plan national d’actions prioritaires (PNAP).
Les énergies renouvelables devront constituer 10 à 12% de l’énergie
primaire en 2020 et 15 à 20% en 2030.
A cette date, pour la production
d’énergie, 100 micro-centrales hydroélectriques, de 3 à 300 MW,
devraient être construites pour un potentiel d’atténuation de 75
millions de tonnes-équivalent CO2.
Autres mesures phares, le
développement de l’énergie solaire pour 2.000 MW sur 5 sites dont la
mise en service sera étalée entre 2015 et 2020.
La promotion du solaire
thermique, 40.000 m3/an, sera rendue possible par la mise en place de
440.000 m2 de chauffe-eau solaires dès 2012, avant de porter cette
surface à 1,7 million de m2 en 2020.
Parallèlement, le parc éolien
(programme Energipro) pour une puissance de 5.000 MW d’ici 2030 livrera
ses premiers 1.000 MW en 2012.
Il y a aussi le projet d’importation de
gaz naturel dont l’étude sera lancée l’année prochaine. Objectif:
porter à 20% la part du gaz naturel dans la consommation d’énergie en
2020.
Entre autres mesures d’atténuation du changement climatique, le
projet de centrale nucléaire d’une puissance de 2 fois 1.000 MW,
planifié entre 2020-2030.
Les mesures
devront répondre à trois problématiques: modes de transport, gestion et
carburant. Ce dernier point, relevant de la compétence du ministère de
l’Energie, est quasiment résolu avec la généralisation, cette année, de
l’utilisation du gasoil 50 ppm et de l’essence sans plomb.
Les mesures
à même de répondre au modèle des transports et leur gestion incombent
aux ministères du Transport, de l’Intérieur, de l’Industrie, des
Finances et de l’Habitat. Leurs actions devraient se retrouver dans les
mesures dites transversales de ce plan.
Ainsi, les normes
dites Euro sur les émissions de polluants des véhicules neufs, pilotées
par les départements du Transport, de l’Industrie et des Finances, sont
en cours d’évaluation. De même que la promotion et le développement du
transport ferroviaire, ou encore le développement de l’usage de la
bicyclette en ville sur proposition de l’Intérieur, qui mettra à
contribution les collectivités locales.
Pour donner le bon exemple, le
gouvernement s’engage à améliorer la flotte de véhicules des
administrations publiques.
A tout
seigneur, tout honneur. Plusieurs entreprises et établissements publics
adhèrent au plan, soit pour leur consommation d’énergie, soit pour
leurs procédés, de manière à réduire les émissions de gaz à effet de
serre.
C’est le cas de l’OCP qui a initié un système de récupération
d’énergie développé sur 4 sites, ou encore de Cellulose du Maroc, qui
va substituer le bois au fioul n°2 à la biomasse. Les offices de mise
en valeur agricole vont se doter dès 2013 d’un parc éolien de 20 MW,
tandis que Lafarge Maroc poursuit son étude pour l’extension de son
parc de 10 MW actuellement à 32 MW dans 2 ans.
De son côté, l’Onep
démarrera dès 2011 son parc éolien de 10 MW pour le dessalement de
l’eau de mer. L’ONCF et l’ONDA ne dérogent pas à la tentation de se
mettre à l’énergie verte.
Des mesures d’incitation pour les industriels
visant à récupérer et valoriser la chaleur émise par leurs procédés de
production sont également prévues par le département de
l’Environnement.
Les cimentiers pour l’utilisation de leurs cendres
volantes, la CGEM pour l’augmentation du recyclage du PVC ou encore la
Fédération de la chimie et parachimie pour recycler le verre… En
résumé, tous les acteurs de l’industrie sont mis à l’épreuve du plan de
lutte contre le réchauffement climatique.
Sur
l’habitat, les mesures d’atténuation sonnent comme une véritable
révolution. D’abord pour les objectifs: promouvoir l’efficacité
énergétique et les énergies renouvelables dans le bâtiment, dans les
programmes d’aménagement des villes nouvelles et dans les grands
ensembles urbains, et encourager les investissements dits verts.
Pour
mener à bien cette révolution, le département de Taoufik Hejira associe
les premiers concernés, les acteurs. Pour cela, il a mis en place une
session annuelle de formation des architectes sur l’architecture
bioclimatique et l’éco-conception.
A titre démonstratif, il sera
procédé à la promotion d’un prototype de construction de bâtiment
bioclimatique réalisé par l’Ecole d’architecture. Cette approche sera
soutenue par le code réglementaire de la construction avec, notamment,
l’intégration de la qualité, la sécurité et la durabilité des matériaux
et des procédés de construction.
Enfin, un guide de bonnes pratiques de
l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables dans
l’aménagement urbain et dans l’habitat sera prêt dès l’année prochaine.
Les bâtiments existants devraient bénéficier de «diagnostic performance
énergétique» des logements.
Le développement de l’efficacité
énergétique lancée en 2008 pour les bâtiments d’Etat, écoles et
hôpitaux, va se poursuivre.
La conception des villes et zones
d’urbanisation nouvelles devra désormais intégrer les principes
d’optimisation des consommations énergétiques et de limitation de
l’étalement urbain.
Le ministère promet un nouveau programme d’habitat
en milieu rural, visant la construction de villages écologiques
intégrant efficacité énergétique et énergies renouvelables. Des
incitations à l’établissement de «plans verts » et «plans de zone à
valeur écologique» pour la protection et la mise en valeur des espaces
urbains devraient être validées…
La gestion des déchets, l’agriculture
et la forêt figurent également parmi les volets répertoriés pour les
mesures d’atténuation des changements climatiques.
Source : l'Economiste