Le Maroc dispose de ressources en eau relativement
importantes : le potentiel hydraulique mobilisable est estimé à 21
milliards de m3 (16 milliards de m3 d’eaux de surface et 5 d’eaux
souterraines).
Mais l’appartenance du Maroc aux domaines semi-aride et aride et la croissance soutenue de la demande en eau sont à l’origine de l'insuffisance des ressources disponibles et de conflits entre utilisations dans les moments de pénurie. L
'eau représente une ressource insuffisante en comparaison avec les besoins en progression rapide.
Faute d'investissements suffisants, une
minorité d'habitants du Maroc rural n'est pas encore desservie par des
équipements de qualité. Ainsi, 18%
seulement de la population rurale possède un raccordement à l'eau
potable du réseau publique (contre 83% en milieu urbain), 42%
s'approvisionnent à l'eau du puits, et 11% à une borne-font aine. La courbe de la mobilisation des eaux va
pratiquement plafonner dès 2013, à un moment où la population va
continuer d'augmenter, quoiqu’à un rythme moins rapide. Aujourd’hui, le
Maroc doit relever des défis dans les domaines de la gestion et de
l'utilisation durables de ses ressources en eau, mais aussi du
développement équitable et efficace de l'approvisionnement en eau et des
services d'assainissement. Cette situation est sans doute à l’origine des
efforts, depuis toujours enregistrés, à travers l’histoire, pour la
maîtrise de l’eau (irrigation des montagnes, palmeraies, khettaras et
séguias des oasis ou du Haouz) ; elle est plus
particulièrement à la base de la politique audacieuse adoptée pour le
développement de l’irrigation, en particulier et du secteur de l’eau, en
général. A cet effet, la BIRD a travaillé avec le Maroc
sur toute une série de réformes du secteur de l'eau qui ont conduit à ce
qu'une plus grande priorité soit accordée à la préservation des
ressources et à leur utilisation efficace, avec un intérêt tout
particulier accordé à l'irrigation, peut on lire dans un communiqué de
presse. Les réformes ont également contribué à une
forte hausse du nombre de personnes situées en zone rurale ayant
désormais un accès à l'eau potable, ainsi que du nombre de foyers
péri-urbains pauvres reliés aux canalisations et aux services
d'assainissement. Ainsi, en 2007, le prêt à l'appui du
développement du secteur de l'eau marocain, d'un montant de 100 millions
de dollars, a soutenu un programme de réformes complet, visant à
répondre aux lacunes juridiques et institutionnelles, aux insuffisances
de financement et de planification, ainsi qu'aux dysfonctionnements dans
le secteur de l'eau au Maroc. En 1994, seulement 15% de la population avait
accès à l’eau. En 2005, ce chiffre a atteint 56%. L’absence de l’accès à
l’eau et aux installations sanitaires en 1994 coûtait chaque année au
Maroc 1 à 1,5% de son PIB. Cette estimation incluait la mortalité
infantile due à la diarrhée (6.000 décès d’enfants de moins de 5 ans),
ainsi que les maladies dues à la diarrhée et le temps de travail des
aides-soignants. En 2005-2006, la capacité de stockage des
barrages au Maroc était de 16,1 milliards de m3. En 2005, la part totale
d’eau douce stockée dans les réservoirs était de 55,5% et la population
ayant accès à l’eau traitée était de 99% en milieu urbain et de 56%
dans monde rural. La population bénéficiant d’installations sanitaires
en milieu urbain était de 83% contre 31% en milieu rural. Pour ce qui
est de l’irrigation, la surface équipée en 2000 était de 1,44 million
d’hectares. En 2009, 87 % des habitants des campagnes marocaines ont eu
accès à l'eau potable. Soit une augmentation de 50 % par rapport à 2004.
Selon, Mr LAOUINA Abdellah, chercheur à
l’Université Mohammed V, à Rabat, la politique de l’eau au Maroc doit
avoir pour préoccupations majeures : - gérer une ressource qui a tendance à être
rare et surtout irrégulière, alors que la population continue de
croître, ce qui impose aussi le choix pour une utilisation plus
économique de la ressource et donc une politique de sensibilisation,
d’éducation et de mise en place d’institutions idoines pour mener à bien
les politiques sectorielles, à décider et à orienter sur la base d’une
appréhension intégrée et globale des problèmes; - gérer les records pluviométriques et les
excès momentanés, responsables de catastrophes, ce qui sous-entend un
dispositif de régularisation, de surveillance, de protection et des
évolutions positives en termes d’occupation des sols et d’utilisation
des ressources. Ces impératifs ont d’abord orienté vers une
politique d’équipement en vue de la mobilisation du maximum de
potentialités ; aujourd’hui s’impose le choix
pour une politique de rationalisation et d'économie dans l'utilisation. Par ailleurs, la répartition déséquilibrée du potentiel en eaux
mobilisées pose un sérieux problème d'aménagement du territoire et
oblige à prendre des options d'utilisation et d'allocation de la
ressource, visant un aménagement plus équilibré qu'à l'heure actuelle. La détérioration rapide de la qualité en raison de l'absence de
traitement des rejets a un effet de limitation des ressources et donc de
la disponibilité future. La prospective de mobilisation, malgré tous les
efforts fournis, ne pourra répondre que partiellement aux besoins,
notamment dans les régions du Sud et certaines régions intérieures. Face à ce constat, la stratégie énoncée au
Maroc repose sur l’idée de maîtriser les ressources en eau, tout en
maintenant une allocation raisonnable, pour le secteur irrigué comme
pour l’alimentation en eau potable ; il s’agit par ailleurs
de veiller à l'équilibre ressources / consommation par grand bassin
hydraulique, ce qui signifie une gestion déléguée à l’échelle des
bassins (Agences hydrauliques de bassins), mais aussi une appréhension
intégrée des différents secteurs d’utilisation ; celle enfin d’améliorer
la gestion de l'eau mobilisée, en faisant payer l'eau à son juste prix,
tout en oeuvrant pour limiter les pertes de réseau et en récupérant les
eaux usées. La nouvelle politique de l’eau a été lancée, axée sur la gestion de la demande, la participation des usagers
et la dépollution à l’échelle des basins versants. Il ne s'agit plus de chercher à résoudre ces
problèmes en injectant de la technicité par le biais de financements
supplémentaires. Les solutions doivent répondre à des exigences
sociales, politiques et écologiques à diverses échelles. Dans les
régions à stress hydrique structurel, à déficit en voie de s’accuser du
fait de la succession d’années sèches, alors que la demande continue de
croître, il est important d’envisager des réponses adéquates à cette
problématique qui menace l’économie, la stabilité sociale et
l’environnement. Il faut orienter les choix de développement
économiques tant au niveau national qu’au niveau des régions vers des
secteurs peu consommateurs d’eau, promouvoir les technologies permettant
l’économie dans l’utilisation de l’eau en particulier en agriculture. Des incitations financières importantes et encourageantes s’imposent
dans ce sens. Il faudrait aller de plus en plus
vers un prix de l’eau, réel et transparent, que le citoyen et le secteur
privé devront assumer pour appuyer la politique de l’Etat en la
matière. I l faudra enfin renforcer les capacités nationales
en matière d’économie d’eaux, aux niveaux institutionnel, réglementaire
et humain.
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