«En 2015, 35 % de la consommation d'eau proviendra de la désalinisation».
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Aridité
naturelle, pluies en constante diminution... Pour faire face, l'État
hébreu recycle aujourd'hui 75 % de ses eaux usées et en 2016, il
couvrira 35 % de ses besoins en dessalant l'eau de mer.
On
n'a pas d'eau mais on a des idées ! Tel pourrait être le slogan
d'Israël tant le pays investit depuis des années dans ce secteur alors
que l'aridité est son lot depuis toujours et que les pluies n'ont cessé
de décroître ces dernières années.
Priorité numéro un : augmenter le
volume. Usine de désalinisation, forages dans les aquifères profonds,
augmentation de la pluviométrie… Il n'est pas de techniques qui n'aient
été explorées.
À soixante kilomètres au sud de Tel-Aviv,
Ashkelon dresse au bord de la Méditerranée sa gigantesque usine de
désalinisation d'eau de mer. Lancée en 2006, elle produit quelque
100 millions de m³ par an d'eau potable «pour un prix compétitif de
0,53 dollar le m³», précise Erza Barkai, l'un des responsables de
l'entreprise IDE Technologie qui l'exploite.
La plus grande usine au monde affiche encore les
brochures même si le titre a déjà été ravi. Cette usine, au côté d'une
trentaine d'autres petites structures, devrait avoir son clone dès la
fin de cette année à Hadera, cette fois-ci au nord de la capitale.
Cette nouvelle unité produira environ 127 millions de m³.
«En
2015, 35 % de la consommation d'eau proviendra de la désalinisation»,
explique Oded Distel, promoteur des nouvelles technologies au ministère
de l'Industrie. Un choix imparfait compte tenu de la consommation
d'énergie et des problèmes écologiques liés aux résidus (la saumure)
mais indispensable : «Pour l'heure, nous ne produisons pas suffisamment
d'eau au regard de la consommation, ce qui nous oblige à entamer la
seule réserve du pays que représente la mer de Galilée.»
Améliorer l'efficacité du système
Dans cette quête permanente de l'or bleu, l'entreprise d'État Mekorot n'assure pas seulement la distribution de 80 % de l'eau potable du
pays.
Depuis de nombreuses années, elle peaufine elle aussi toutes les
techniques d'accès à l'eau, notamment celles permettant d'accroître le
volume de la pluie. «Avec succès, assure Adi Ilani l'un des patrons de
l'entreprise. L'augmentation de la pluviométrie varie entre 13 et 18 %.»
«Nous forons également pour aller chercher l'eau dans les aquifères profonds jusqu'à 1 500 mètres sous terre», poursuit-il.
Mais
pour faire face, l'État a introduit une deuxième priorité : améliorer
sans cesse l'efficacité du système. «Depuis les années 1960, la
consommation d'eau potable n'a pas augmenté malgré une hausse constante
de la demande liée à la démographie et à l'agriculture», expliquent les
représentants de l'État. Comment ? «Dans les années 1960, l'usage de
l'eau potable était domestique et agricole. Aujourd'hui, les
agriculteurs sont fortement incités à n'utiliser que l'eau recyclée.»
Et certaines productions ont tout simplement été rayées de la carte :
«Nous n'exportons plus les fameuses oranges de Jaffa et nous ne
cultivons plus le coton tant ces cultures sont consommatrices d'eau»,
précise Oded Distel.
En recyclant 75 % de ses eaux usées, le
pays est en pointe à l'échelle mondiale. En seconde position, l'Espagne
affiche un taux qui ne dépasse pas 12 %…
De cette volonté sont nées
plusieurs entreprises, plus ou moins grandes, toutes à la recherche du
système de traitement des effluents le plus performant, le moins
énergivore et le moins cher.
Chez Aqvise, la rotation permanente dans
les cuves de traitement des eaux de centaines de petits dés de
plastique sur lesquels se fixent les micro-organismes mangeurs des
polluants n'est pas révolutionnaire mais plus rapide que les systèmes
traditionnels tout en limitant la surface occupée.
Dans le kibboutz
Ein-Gev, l'entreprise Amiad propose une technique de filtration
successive permettant d'arrêter des bactéries dont la taille ne dépasse
pas deux microns.
Une course contre la montre
La
réduction constante des fuites d'eau est une autre performance
indispensable. En moyenne dans le monde, 30 % de l'eau passe par pertes
et profits : défection des réseaux, branchements sauvages… Cela peut
atteindre 60 % dans certaines villes.
«Aujourd'hui, nous avons réussi à
ramener ce taux à 10 % », précise Oded Distel persuadé qu'il existe des
marges de manœuvre «pour descendre à 5 ou 6 %».
Là encore, les
entreprises locales sont en quête de solutions. Chez ARI, on s'attaque
aux microfuites et aux robinets qui gouttent par un ingénieux système
permettant d'identifier ces pertes en ligne jusque-là invisibles sur
les compteurs d'eau.
Dans cette course contre la montre qui
touche aujourd'hui de plus en plus de pays, Israël est bien décidé à
promouvoir ses méthodes et ses techniques.
Selon les Nations unies, si
20 % de la population mondiale manque aujourd'hui d'eau, ce chiffre
pourrait monter à 50 % dans cinquante ans.
Source : le Figaro