Il n’y a rien de plus facile que l’accès au crédit pour l’achat d’un
véhicule qui pollue mais pour l’énergie renouvelable, tout est bloqué.
Cette remarque pleine d’amertume d’un observateur averti, puisqu’il s’agit de M. Selim Kehal, directeur adjoint du CDER (centre de développement des énergies renouvelables), renseigne sur le peu d’intérêt accordé aux énergies alternatives au pétrole et au gaz dans notre pays.
Ce n’est pas faute de traditions dans ce domaine, a-t-il souligné dans un entretien à la chaîne 3 de la radio algérienne en rappelant les exemples du fameux four solaire de Bouzaréah (sur les hauteurs d’Alger, là où se trouve le CDER) qui date de 1954, de l’éolienne installée en 1953 à l’intérieur de l’Institut de recherche agronomique d’Adrar, au sud-ouest du pays, (son fonctionnement a été interrompue quelques mois après l’indépendance en 1962 et elle a été remise en marche après 2001) ou encore du tracteur au bioéthane dans les mêmes années 1950.
Aujourd’hui, l’Algérie dispose d’une belle loi sur les énergies renouvelables mais vide pour le moment en l’absence des indispensables textes d’application.
Pourtant, le potentiel du pays en énergies renouvelables est important : énergie solaire, géothermie, biomasse (elle concerne la combustion directe des déchets urbains solides, du bois et des déchets de bois, ainsi que des résidus de récolte), la méthanisation, (c’est-à-dire la récupération du biogaz produit soit par les déchets fermentescibles stockés dans les décharges, soit par les boues des stations d’épuration par fermentation anaérobie de la matière organique, et les biocarburants), énergie éolienne et, dans une part négligeable, électricité hydraulique.
On sait que l’ensoleillement annuel sur tout le territoire est parmi les plus élevés dans le monde, il dépasse les 2000 heures et peut atteindre les 3900 heures sur les Hauts-Plateaux et le Sahara.
Au passage, M. Kehal fait remarquer que le solaire peut nous dispenser d’aller vers le nucléaire, ce qui nous évitera le problème des déchets radioactifs. Quant à l’éolien, bien que le régime des vents en Algérie soit modéré (2 à 6 m/s), les spécialistes ont noté que son potentiel énergétique convient pour le pompage de l’eau en zone côtière et sur les Hauts-Plateaux.
Pour la géothermie, énergie la moins polluante, plus de 200 sources chaudes ont été inventoriées dans la partie nord du pays, dont le tiers ont des températures supérieures à 45°. Elles conviennent pour chauffer les serres et les locaux, précise M. Kehal.
Ce constat est confirmé par les responsables du secteur de l’énergie qui estiment que le potentiel techniquement exploitable en énergies renouvelables en Algérie est considérable et la qualité des gisements est telle que des investissements rentables peuvent être envisagés pour leur développement.
D’où l’idée qu’un usage massif des énergies renouvelables peut être envisagé en Algérie, surtout pour stabiliser les populations des zones enclavées et réduire l’exode rural, ce qui facilitera une meilleure occupation de l’espace, dans le respect de l’environnement.
En fait, les capacités pour développer les énergies renouvelables existent bel et bien mais ce qui manque, c’est la volonté politique.
Résultat : en dépit des conditions favorables aux énergies renouvelables et des multiples avantages qu’elles procurent, leur part dans le bilan énergétique de notre pays est encore très faible et très loin de l’ambition officiellement déclarée dans la loi sur les énergies renouvelables, votée en 2004, qui fixe à 10 % la part du solaire et de l’éolien dans le bilan énergétique national à atteindre en 2020.
Fait sans doute significatif : cette loi a prévu la mise en place d’un Observatoire des énergies renouvelables qui n’a pas encore vu le jour.
En matière d’énergie, M. Kehal note que l’Algérie a beaucoup investi dans les …hydrocarbures. Le premier investissement dans les énergies renouvelables est tout récent, il s’agit de la centrale mixte de Hassi R’mel, (gaz naturel, solaire) qui doit produire 180 MW, en 2010. Selon M. Kehal, il n’y a pas de raison pour que le privé n’investisse pas dans les énergies renouvelables alors que le marché est demandeur.
Seulement, il reste beaucoup à faire en matière d’incitations pour amener les investisseurs à choisir ce créneau. Le CDER a proposé de consacrer 0,1 % des recettes des hydrocarbures au développement des énergies de demain.
M. Kehal fait savoir que les étrangers sont prêts à acheter les panneaux photovoltaïques que l’Algérie produirait, parce qu’ils seraient très compétitifs.
Source : La Nouvelle République