L’Algérie du futur se construit aujourd´hui; chercheurs, scientifiques, politiques et techniciens doivent agir en synergie afin d’assurer la durabilité de nos ressources.
Le développement socioéconomique d’un pays, d’une région, est un objectif principal de tout gouvernant. Hélas, cela affecte inévitablement les ressources d’eau tant sur le plan de la qualité (pollution domestique et industrielle) que sur celui de la quantité (augmentation de la consommation).
L’Algérie, comptant plus de 36 millions d’habitants et se trouvant dans une région semi-aride, est un des pays du Bassin méditerranéen qui souffrent de la pénurie d’eau. La pluviométrie y est irrégulière et sa distribution hétérogène.
Si la région de Collo (Est) reçoit plus de 2000mm/an, les régions de l’Ouest marquent moins de 400mm/an alors que le Sahara (trois quarts de la superficie du pays) reçoit moins de 100mm/an. Les écoulements y sont ainsi caractérisés par une irrégularité saisonnière et interannuelle importante et par une violence et une rapidité des crues.
La gravité des problèmes d’envasement des barrages, les changements climatiques, l’exploitation irrationnelle et la pollution font que la quantité d’eau utilement mobilisée est beaucoup plus réduite. L’Algérie occupe actuellement un rang mondial important parmi les pays touchés par le stress hydrique et s’il n’y aura pas de démarches réelles et plus efficaces, elle souffrira encore plus à l’horizon 2020/2025.
Nous donnons quelques chiffres sur nos ressources, les données
étant en perpétuelle évolution.
Les eaux
naturelles
Ressources en eau superficielles estimées à 17.2 Milliards de m3/an dont 12 Milliards de m3 dans les régions nord (10 Milliards en écoulements superficiels et 2 en ressources souterraines) et 5.2 Milliards dans les régions sahariennes (0.2 Milliard en écoulements superficiels et 5 en ressources souterraines).
Tenant compte de la sécheresse des 25 dernières années et des changements climatiques, ces chiffres pourraient être revus à la baisse, en particulier pour les eaux superficielles. Il est à noter au vu des potentialités en eaux souterraines du Sud (plus de 40.000Milliards de m3), celles-ci devraient être beaucoup mieux exploitées; en puisant 10 Milliards m3/an de ces eaux, nous aurons une autonomie de 4000 ans!
Ressources en eaux
superficielles mobilisables comptant 59 barrages en exploitation, permettant de
régulariser 2,8 Milliards de m3/an avec une capacité de stockage de l’ordre de
5,8 Milliards de m3; 400 retenues collinaires (47 millions de m3/an) et 160 en
réalisation; 13 barrages permettant de mobiliser à l’horizon 2009 un volume
régularisé de 1Milliard de m3/an avec une capacité de 1,8 million de m3; à
l’horizon 2009/2010, nous aurons 72 barrages avec une capacité de 7,6 Milliards
de m3, le volume régularisé ne serait que de 3,8 Milliards de
m3/an.
Infrastructures et indicateurs de service
(Alimentation en eau potable).
Quelques données sur les capacités
actuelles: capacité de production installée 2400 millions m3/an; capacité de
traitement des eaux superficielles 3 millions m3 /jour; linéaire total des
réseaux d´adduction et de distribution 80.000km; capacité de stockage 5 millions
m3; production moyenne 1700 millions m3/an (23% à partir des barrages); pertes
totales 20 à 35%.
Les eaux non
conventionnelles.
Les eaux usées: réseau d´assainissement 38 000km en 2008 et 21.000km en 1999; taux de raccordement au réseau 86% en 2008 et 72% en 1999; volume des eaux usées rejetées, 750 millions de m3/an; nombre de stations en exploitation 57 (36 à boues activées et 21 lagunage); capacité d’épuration 90 millions m3/an en 1999, 270 millions en 2005, 350 millions en 2008 et plus de 600 millions en 2010.
Les eaux saumâtres/salées: l’Algérie a 1200km de côte, ce qui laisse présager d’énormes possibilités.
La sécheresse qui a touché le pays en 2001, avait poussé le gouvernement à dresser un grand programme de dessalement avec la participation du ministère des Ressources en eau et du secteur industriel (Algérienne energie compagnie AEC) par la réalisation de 13 usines (dont deux déjà en fonctionnement, Arzew et Alger) qui totaliseraient une capacité d’environ 2.260.000m3/j. Ces projets sont montés selon le modèle «BOO», mode de financement sans recours garantissant leur succès et leur rentabilisation.
Cette quantité d’eau dessalée sera insuffisante et il faudra
au moins doubler le volume (5millions m3/j à l’horizon 2015) pour sécuriser les
populations côtières et mieux distribuer l’eau des barrages (agriculture,
industrie...)
Indicateurs, Objectifs du développement
du millénaire (ODM)
L’Algérie est l’un des rares pays d’Afrique à
avoir atteint les ODM; cela doit nous réconforter, mais surtout nous inciter à
tendre vers les 100%. Le taux de raccordement à l´eau potable est de 78% en
1999, 92% en 2007 et 93% en 2008; la dotation moyenne de 123litres/habitant/jour
en 1999, 160 en 2007 et 165 en 2008; la fréquence de distribution de l´eau pour
les 1541 communes de 45% en 1999, 70% en 2008 quotidienne, 18%, 1 jour sur 2 et
12% 1 jour sur 3 et plus. Cette dotation a bien progressé, mais reste encore
faible comparée par exemple au taux d’électrification des foyers au niveau
national (98% en 2008). Seuls 10 à 15% reçoivent de l’eau 24h/24h!
Gestion/gouvernance
L’Algérie s’est dotée d’une loi sur l’eau en 2005. Sa mise en application nécessite près de 44 décrets (sans compter les arrêtés et circulaires) dont la majorité est déjà promulguée.
Il faudra penser à améliorer le dispositif juridique, les instruments modernes de gestion de l’eau et la réforme du cadre organisationnel du secteur de l’eau, en tenant compte des autres ministères (agriculture, industrie) et des nouvelles données tant nationales qu’internationales.
Il est à noter qu’une vision globale et
durable de la ressource en eau doit tenir compte des potentialités du pays, du
respect des écosystèmes aquatiques et de l’environnement.
Des stratégies et défis pour l´avenir.
Si la pénurie d´eau est provoquée en partie par l´inéluctable accroissement démographique et la répartition inéquitable des ressources, l´être humain y contribue en polluant et gaspillant le peu de ressources parfois existantes.
Il faudrait aujourd´hui réunir tous les savoirs, toutes les compétences qui, par des solutions ingénieuses et novatrices, permettraient de bâtir de nouvelles politiques susceptibles de relever les défis qui nous guettent et d’assurer le progrès et le développement socio-économiques de notre pays afin de faire partager à nos concitoyens les fruits de la croissance.
Les installations hydrauliques (barrages, réservoirs, canalisations d’adduction, usines de traitement des eaux potables, des eaux usées, des eaux industrielles, stations de pompage, réseaux urbains...) sont des réalisations très coûteuses, longues à réaliser et devant durer longtemps. Il est surprenant de constater que l’on y investit beaucoup d’argent, mais très peu dans les ressources humaines en particulier la formation des hommes spécialisés.
La formation dans le domaine de l’eau (techniciens, ingénieurs) mérite toute l’attention, nous interpelle et nous incite à poser des questions telles que: quels sont les métiers de l’eau? Quelles compétences demande l’utilisateur? Quels sont les: employeurs existants ou potentiels? Quels sont les besoins réels?
L’Algérie a fait le choix stratégique de s’ouvrir vers l’Europe et le monde. Nous sommes engagés afin d’assurer la réussite de notre pays, en le préparant à rallier la scène internationale. L’Algérie a rejoint les rangs, elle a de l’ambition; elle a compris et admis que l’accès à l´eau et à l´assainissement de qualité et en quantité suffisante, est désormais reconnu comme un droit fondamental de l´être humain.
La rareté de l’eau en Algérie est une donnée admise; l’Algérie se situe, de ce fait, parmi les pays les plus pauvres en matière de potentialités hydrauliques, elle est en dessous du seuil théorique de rareté fixé par la Banque mondiale à 1000m3/ha/an.
Les ressources en eau iraient en diminuant si une politique plus audacieuse n’est pas mise en place. Nous devrons allier la rigueur, faire preuve d´imagination, d’ingéniosité et de créativité pour ne pas manquer encore une fois la chance qui nous est offerte par la politique nationale pertinente.
Gérer l’eau de manière raisonnable est devenue une nécessité impérieuse; elle exige une bonne administration et requiert l´implication de chaque secteur de la société dans le processus de décision.
Cette politique sectorielle et intersectorielle doit être intégrée dans tous les secteurs économiques et sociaux (santé, éducation, agriculture, industrie, tourisme).
L’Algérie du futur se construit aujourd´hui; chercheurs, scientifiques, politiques et techniciens doivent agir en synergie afin d’assurer la durabilité de nos ressources.
Nos objectifs sont ambitieux (conjuguer une draconienne protection de nos ressources à une solide performance économique) et dignes de l’Algérie, pays qui a toujours relevé les défis et je serais, certes très heureux avec tous mes concitoyens de pouvoir les relever.
Il est important de souligner les efforts considérables faits ces dix dernières années et la volonté des différents responsables à tous les niveaux.
Source : l'Expression-Dz
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