C’était prévisible, la mise en œuvre de la gestion déléguée du transport urbain dans l’agglomération de Rabat se heurte à une résistance de la part de certains opérateurs privés.
En effet, juste après la signature de la convention de délégation avec le groupe dirigé par Veolia et comprenant deux autres transporteurs locaux (Bouzid et Hakem), le clan des contestataires s’est renforcé.
Elles sont actuellement cinq sociétés à se regrouper afin de contrecarrer «l’appétit de Veolia» pour le transport urbain dans la capitale. Il s’agit d’Ahssan Bus, Latrabus, Socotrab, Latra Bus, Lux Transport et Karama Bus.
Ces deux dernières sociétés appartiennent au Groupe Joumani. «Ces opérateurs veulent avorter ce projet qui a nécessité deux rudes années de travail pour la sélection du futur gestionnaire et sortir avec le meilleur contrat dans le pays concernant ce secteur», souligne un responsable de la wilaya.
Selon ce dernier, «les patrons de ces sociétés manipulent leurs personnels en leur faisant croire qu’avec l’opérateur étranger ils vont perdre leurs emplois».
En guise de protestation, des sit-in ont été organisés la semaine dernière, ce qui a provoqué l’arrêt de la circulation des bus sur plusieurs lignes.
Une réunion s’est tenue hier à la wilaya pour déloquer la situation. Selon un responsable de cette dernière, on ne peut revenir en arrière, mais la porte reste ouverte pour que les opérateurs contestataires engagent des négociations avec le groupe dirigé par Veolia pour examiner la possibilité de leur introduction au tour de table de ce groupement.
«Notre souhait est l’implication de l’ensemble des opérateurs de la ville dans la réussite de ce projet», rappelle le responsable.
Mais le groupe des cinq contestataires rejette catégoriquement cette proposition. «Les opérateurs marocains seront marginalisés dans la gestion de ce groupe surtout en ce qui concerne les questions financières», explique El Joumani.
Pour ce dernier, la marge bénéficiaire de ces opérateurs sera réduite par rapport à l’état actuel. «On est en train de mettre les dernières retouches pour créer une grande société de transport qui va regrouper les cinq opérateurs», ajoute-t-il.
Pour le patron de Karama Bus, le président de ce groupement a déjà été désigné. Il s’agit de Mothai Mohammed, propriétaire de la société Ahssan Bus. «Mais si la wilaya refuse de nous autoriser à exercer notre métier de transporteurs urbains, on peut partir dès maintenant pour limiter les dégâts», conclut El Joumani.
Cependant, une question, et non des moindres, restera posée: bien que constitués en groupe, ces opérateurs peuvent-ils offrir un service de qualité à un prix abordable? Déjà, pour l’autorité de tutelle, la convention avec Veolia est le meilleur contrat de gestion déléguée pour le transport urbain réalisé dans tout le Maroc.
La concurrence va donc bien jouer au profit des usagers. Les prix proposés par le délégataire seront inférieurs à ceux pratiqués actuellement, indique-t-on.
Sur le même chapitre, il faut noter qu’un délai d’une année a été accordé au futur gestionnaire pour renouveler son parc de matériel.
Les bus qui seront mis en circulation devront être d’une meilleure qualité et respectant les normes internationales en vigueur dans le secteur. C
es véhicules seront équipés d’un système de communication à distance (GPS) ainsi que de caméras de surveillance et de contrôle.
Source : l'Economiste
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