Un espace urbain original
1.1. Une conurbation « frontalière »
La
zone de Nador-Mlilia représente un espace urbain bien
particulier, non seulement dans la Région de l’Oriental,
mais aussi à l’échelle nationale, et ce en raison
de sa localisation géographique et géopolitique, ainsi
que de sa composition polynucléaire complexe groupant plusieurs
organismes hétérogènes, s’éparpillant
sur plus de 600 km², et de la diversité de ses fonctions,
où l’économie parallèle est tout à
fait exubérante, envahissant la plupart des domaines de la vie
urbaine et même rurale.
Les composantes de cet espace sont de cinq types :
l’enclave colonisée de Mlilia,
la
ville de Nador qui représente l’élément
central et le cœur socio-économique de la zone,
les centres urbains satellites de Zghanghane, Bni Ançar, Salouane, Al Aroui et Qariat Arekmane,
les
communes attenantes, à caractère urbain de plus en plus
affirmé, notamment Farkhana, Ihaddadene, Iksane et Bou Arg,
les
communes périurbaines de Bni Chiker, Iaazanene, Bni Sidel Jbel,
Bni Sidel Louta et Bni Bou Ifrour, à caractère plus
rural, mais où apparaissent de petits centres émergents.
Il
s’agit là, non seulement de la porte maritime de
l’Oriental, mais aussi de son premier pôle industriel et de
son appareil commercial le plus expansif qui, fortement connecté
à la zone franche de Mlilia et, de là, à
l’économie espagnole et internationale, lance ses
tentacules tous azimuts pour inonder de produits très
divers non seulement les marchés de la Région, mais
également ceux de l’ensemble du pays, de concert avec son
homologue de Tétouane-Sabta.
Ce dynamisme multiforme et,
dans une large mesure, spontané, est fortement sous-tendu par
des conditions foncières particulières, une circulation
monétaire puissante et une présence très
prononcée du phénomène migratoire vers
l’Europe.
La combinaison de l’ensemble de
ces éléments fait de la conurbation de Nador-Mlilia un
espace de projets qui possède des atouts rarement réunis
dans beaucoup d’autres agglomérations marocaines, mais qui
n’ont pas produit les effets escomptés au niveau du
développement socio-économique et de
l’aménagement du territoire, alors que la plupart de ses
facteurs le prédisposent à jouer le rôle de
locomotive pour tracter l’économie régionale en
tandem avec Oujda, afin de l’arrimer à l’espace
marocain et l’aire économique
euro-méditerranéenne.
1.2. Une imbrication de problèmes aigus :
Au cours des cinq dernières décennies,
l’urbanisation explosive et non planifiée de la ville,
diversement nourrie par la dominance de l’auto-construction
multinucléaire, a produit un organisme urbain qui souffre
de problèmes innombrables dont les principaux sont les suivants :
L’éclatement
exagéré du tissu urbain, s’étirant sur une
quarantaine de kilomètres, depuis Mlilia au nord
jusqu’à Al Aroui au sud, avec une forte dispersion de
l’habitat qui envahit les espaces interurbains, escalade les
hauteurs qui dominent ce dernier et s’insinue, de plus en plus,
au sein des excellentes terres agricoles irriguées du
périmètre de Bou Arg.
Cette extension
démesurée du tissu urbain génère une
multitude d’autres problèmes et, en premier lieu, ceux qui
relèvent des infrastructures, des équipements et de la
gestion urbaine.
La question foncière, complexe, source
de litiges nombreux et inextricables, obstacle à tout
ordonnancement de l’habitat et à toute croissance
harmonieuse de la ville.
C’est que la persistance tenace du
statut foncier dit "khalifien" empêche la constitution de
réserves foncières pour la ville, d’un
côté, et crée une situation
d’ambiguïté et d’incertitude quant à la
propriété du sol, tout en attisant le feu de la
spéculation foncière qui fait flamber les prix du
terrain, les mettant souvent hors d’atteinte pour la plupart des
investisseurs, que ce soit dans les activités économiques
ou dans la promotion immobilière normalisée, de
l’autre.
Le commerce frontalier non réglementaire,
particulièrement envahissant, la multiplication des
marchés au gré des circonstances, produisant une
circulation automobile intense, alimentée par les flux
d’approvisionnement et de distribution des produits de
contrebande et par la prolifération de véhicules
importés par les migrants et dont le marché est
particulièrement florissant.
Face à ce
problème de circulation qui génère une pollution
atmosphérique accrue et produit des masses de déchets et
de ferrailles, la conurbation souffre d’un déficit criard
au niveau des aires de stationnement et de la voirie.
Cette
urbanisation explosive, dans un contexte foncier non apuré, et
en l’absence de documents d’urbanisme opérationnels,
a conduit inévitablement à une consommation
effrénée et inconsidérée de l’espace
et, du coup, à un environnement urbain qui souffre
d’innombrables problèmes écologiques d’autant
plus graves que le milieu physique est particulièrement fragile.
Les problèmes les plus saillants à ce niveau sont : la
pollution de la Sabkha Bou Arg en raison des déversements qui
s’y effectuent, au moment où ce milieu abrite une
importante activité d’aquaculture (Marost); la pollution
des plages; la multiplication des décharges sauvages dont la
plus scandaleuse est celle qui dénature l’admirable site
du Jbel Gourougou, sans oublier les dégâts causés
par les pluies torrentielles qui dévalent les versants
surplombant l’espace urbain, ainsi que les abords du secteur
balnéaire de Qariat Arekmane.
La gestion urbaine
cloisonnée, puisque chaque municipalité n’agit que
dans les limites de son espace légal, sans coordination de
l’action entre les différentes composantes de la
conurbation alors, qu’en fait, celles-ci constituent au niveau
économique un corps aux fonctions complémentaires ; ce
qui devrait en amener logiquement une gestion coordonnée et
concertée, dans le cadre d’une préfecture
indispensable à mettre en place, préalable à
l’organisation de la conurbation en wilaya, afin
d’instaurer l’unité de la ville et, donc, de sa
gestion et de son fonctionnement.
1.3. Le doublement de la population dans trois décennies :
Si dans les faits, l’espace urbanisé évolue
de plus en plus en taches continues, en raison de la coalescence des
tissus urbains en présence, administrativement cela
représente des entités distinctes.
Cet espace de
projets abritait déjà, en 1994, un peu moins de 310.000
habitants. Les perspectives d’évolution
démographique de ce grand ensemble urbain estiment le volume de
population globale à 635.000 personnes environ, vers l’an
2025. A cela, il faudra ajouter la population de Mlilia dont
l’évolution de l’effectif dépendra
évidemment de celle du statut de l’enclave occupée
(libération et rattachement direct à la
mère-patrie ; statut spécial de type Hong
Kong ; continuation du statut colonial actuel !), d’un
côté, ainsi que de l’impact qu’auront les
Accords de Libre Echange et de la création éventuelle
d’une zone franche commerciale à Nador. Ainsi, il faudra
tabler, au total, sur une population de l’ordre de 680.000
à 700.000 personnes au minimum, avec tout ce que cela
nécessitera comme actions de développement et
d’aménagement.
2. Stratégie et grandes actions d’aménagement :
La stratégie d’aménagement de la conurbation
de Nador-Mlilia doit tendre vers quatre objectifs fondamentaux,
complémentaires, à savoir :
Restructurer le tissu
urbain sur des bases institutionnelles nouvelles, de nature à
instaurer l’unité du corps urbain ;
Doter
l’agglomération du Grand Nador, d’une base
économique solide, avec des activités de production et de
services modernes capables de se substituer progressivement à
l’économie parallèle envahissante qui devra devenir
tout à fait marginale ou s’évanouir dans les deux
décennies à venir ;
Renforcer les
équipements et les fonctions actuelles de
l’agglomération et lui en donner d’autres, pour
l’habiliter à jouer son rôle d’espace moteur
et de pôle de développement régional, d’une
part, et assumer sa vocation de porte de relations essentielles avec
l’espace méditerranéen et maghrébin,
d’autre part;
Offrir au Grand Nador, qui abritera plus
d’un demi-million d’habitants dans moins de deux
décennies, les moyens et les possibilités de construire
un environnement attractif, digne d’une grande métropole,
susceptible de stabiliser les élites, d’assurer un niveau
de vie acceptable et de drainer les investisseurs et les promoteurs.
Atteindre
ces objectifs suppose le lancement de chantiers énormes,
sous-tendus par une politique volontariste affirmée de la part
des pouvoirs publics, une implication vigoureuse et durable du secteur
privé ainsi que l’adhésion et la participation
effective des diverses composantes de la population et de la
société civile.
2.1. Restructuration et réaménagement du tissu urbain
De par ses fonctions futures de moteur de développement
régional et de pôle d’équilibre au niveau
national, le Grand Nador a besoin d’un document
d’aménagement urbain d’une nature tout à fait
particulière, devant intégrer scrupuleusement les options
du Schéma de Développement et d’Aménagement
Régional (SDAR) et s’insérer logiquement dans le
contexte du Schéma National d’Aménagement du
Territoire (SNAT).
Autrement dit, il ne s’agira pas de
procéder à une révision du SDAU existant qui a
été élaboré dans des circonstances bien
différentes de la conjoncture actuelle et des impératifs
de l’évolution future, car le document existant devrait
être considéré comme caduc parce que les
circonstances dans lesquelles il a été établi sont
de nos jours largement dépassées et que son
élaboration ne répond nullement aux exigences de
l’avenir.
Aujourd’hui, prévaut une nouvelle
donne d’ordre économique, profondément
conditionnée par les termes de l’Accord de Libre Echange
avec l’Union Européenne, les exigences de la
mondialisation et le désengagement de plus en plus effectif de
l’Etat, d’un côté, et par des
impératifs d’ordre géopolitique mus par la
volonté de résorber l’effet perturbateur de
l’enclave-zone franche de Mlilia et la perspective de la
construction du Grand Maghreb, de l’autre.
Le SDAU que le Grand
Nador appelle ne pourra être élaboré
qu’à la lumière de ces éléments
nouveaux, afin de préparer l’agglomération aux
nouvelles fonctions qu’elle doit remplir et au contexte
urbain performant qu’elle doit offrir aux investisseurs et aux
populations.
Dans ces conditions, un Plan Général
d’Aménagement Urbain (PGAU) devrait s’écarter
de l’approche classique habituellement adoptée par les
SDAU jusque-là élaborés, d’autant plus
qu’il s’agit là d’une agglomération pas
comme les autres.
Adoptant une approche innovante, ce Plan
Général devra cadrer entièrement et orienter de
manière synthétique, l’élaboration de
l’ensemble des documents techniques qui auront à
être produits pour l’équipement, la gestion et
l’administration de cette grande agglomération
polynucléaire et polyfonctionnelle.
Dans ce sens, les actions suivantes sont à entreprendre :
Identification et consolidation des réserves foncières nécessaires ;
Normalisation
des régimes fonciers, puisque la complexité des
régimes actuels et leurs multiples effets ne sont pas
compatibles avec la réalisation du modèle de
développement souhaité ;
Elaboration d’un
cadre réglementaire favorable pour canaliser les investissements
dans le domaine de l’immobilier ;
Fourniture et équipement d’une quantité suffisante de terrains urbanisables ;
Développement
de l’habitat social, sur la base de mesures d’architecture
et d’urbanisme rénovées et adaptées au
milieu ;
Révision et modernisation des procédures
d’urbanisme, en équipant les zones de développement
des activités économiques en infrastructures convenant
à des entreprises modernes ;
Création d’une
cellule chargée du suivi de l’exécution et de
l’évaluation du PGAU, en concordance avec les
recommandations du SDAR.
En d’autres termes, les plans
d’aménagement à confectionner pour les
différentes composantes de l’espace urbain, ainsi que les
schémas directeurs d’eau potable, d’assainissement,
de circulation, d’habitat, de même que les programmes et
les actions concernant les sites particuliers (lagune, littoral,
montagne, périmètre irrigué…) et les
grandes infrastructures (port, zone industrielle, zone franche…)
doivent s’inscrire dans le cadre du Plan Général
d’Aménagement Urbain, tout en étant en
conformité avec sa vision et sa stratégie. Ce n’est
qu’au prix de cette cohérence de l’intervention dans
l’économie et l’espace urbains que les objectifs
visés ci-dessus peuvent être atteints.
2.2. Le Schéma Général d’Assainissement du Grand Nador (SGAN) :
Le Schéma d’Assainissement du Grand Nador
représente le pendant obligatoire et indispensable du Plan
Général d’Aménagement Urbain et ce, pour
quatre raisons essentielles :
Il s’agit d’une
agglomération polynucléaire, exagérément
éclatée et occupant un site particulièrement
vulnérable;
C’est un tissu urbain en grande
partie produit par l’auto-construction et sur des lotissements
privés spontanés (n’obéissant pas aux
normes);
La prolifération d’activités polluantes
générées tout aussi bien par l’industrie
que par une intense circulation automobile et une activité
commerciale débordante;
La situation sur un site littoral et
une lagune vulnérables, avec la proximité du
périmètre irrigué de Bou Arg et des hauteurs du
Gourougou.
Ces conditions particulières obligent à
concevoir un plan d’assainissement approprié qui prend en
compte la conurbation dans son ensemble, avec toutes ses composantes
continentales, maritimes et lagunaires, sans oublier l’espace
agricole attenant du périmètre de Bou Arg.
Ici,
plus qu’ailleurs, s’impose la mise en place d’une
importante station de traitement des eaux usées, en vue de leur
recyclage à des fins d’arrosage des futurs espaces verts
qui font presque totalement défaut au grand Nador, ainsi
qu’à d’autres usages économiques ou sociaux.
Une
vision tout aussi globale devra présider en matière
d’assainissement solide afin d’éviter la
démultiplication des décharges et de procéder
à un traitement d’ensemble de tous les déchets de
l’agglomération, ce qui permettra de gagner en termes
d’économie d’échelle et de protection de
l’environnement.
2.3. Le Schéma Général de Circulation et de Transport (SGCT) :
Autant l’élaboration du Plan Général
d’Aménagement Urbain est déterminante pour
l’harmonisation de la croissance de la conurbation, et autant le
Schéma d’Assainissement est vital pour assurer un
environnement sain et attrayant, autant l’élaboration
d’un Schéma Directeur de Circulation et de Transport est
primordiale et incontournable pour garantir le bon fonctionnement de ce
corps urbain tentaculaire, composite et polynucléaire.
La
production urgente d’un tel document est dictée par la
configuration même de l’espace urbain dont la forme
étirée s’organise autour de plusieurs noyaux aux
fonctions diverses, comprenant la porte maritime de l’Oriental
(tandem portuaire Nador - Mlilia), la future zone franche
préconisée par le SDAR, ainsi que les zones
industrielles, actuelles et futures, sans parler des multiples zones
d’habitat réparties dans toutes les directions.
En
plus du trafic de plus en plus intense généré par
ces différentes fonctions, il faut ajouter celui, fort
important, qui découle du rôle du Grand Nador comme
pôle de distribution de produits du commerce frontalier et celui
que devra entraîner la mise en service de la route
méditerranéenne programmée et en cours de
construction.
La combinaison de l’ensemble de ces flux
internes et externes fait de la conurbation de Nador-Mlilia un
nœud de circulation et de communication complexe, d’une
dimension de plus en plus importante, comportant toutes les composantes
des activités de relations, à la fois terrestres
(routières et prochainement ferroviaires), maritimes (ports de
marchandises et ports de voyageurs) et aériennes
(aéroport d’Al Aroui).
Afin d’assurer le bon
fonctionnement de tous ces modes de transport et une desserte
convenable à l’ensemble de ces composantes, et les mettre
en synergie pour produire leur rendement optimal, avec la
fluidité et la sécurité nécessaires, tout
en veillant à éviter les problèmes de pollution et
d’atteinte à l’environnement que cela devra
générer, un ensemble de projets d’envergure, bien
conçus et parfaitement coordonnés, doivent être
lancés au plus tôt dans différents domaines de
transport et de circulation.
Les actions les plus structurantes sont les suivantes :
Percement d’une voie rapide pour desservir le port de Bni
Ançar et la zone franche qui devra être
créée à proximité. Cet axe qui devra avoir
des caractéristiques autoroutières (double voie), devra
aussi éviter de traverser les zones habitées et les
espaces fonctionnels de la conurbation, sans que son tracé
n’hypothèque les terrains qui seront destinés
à être ouverts à l’urbanisation (cf. le Plan
Général d’Aménagement urbain du Grand Nador
- Mlilia) ;
Réalisation de la route nationale
dédoublée entre Oujda et Cassita vers Ahfir, Barkane,
Zaïo, Salouane, Al Aroui, Driouch et Midar, sur environ 200
km ;
Etablissement de la liaison « Salouane-Mlilia », à 3x2 voies ;
Amélioration et élargissement (à 7 m) de la route nationale 15, reliant Al Aroui et Saka ;
Amélioration de l’axe interne (R607) reliant Nador et Imzourene (sur la rive gauche du Nakkor) ;
Elargissement de la liaison Farkhana-Zghaneghane (sur une longueur de 7 km) ;
Construction de la liaison Al Aroui-Bni Sidel (sur 4 km) ;
Construction de la liaison Farkhana-« Triforka »(Cap des Trois Fourches) sur une trentaine de km ;
Construction des routes classées qui se trouvent encore à l’état de pistes ;
Amélioration
de la desserte rurale, par la construction de routes de
désenclavement, des agglomérations les plus
importantes ;
Aménagement d’un grand carrefour
au niveau de Salouane, avec les caractéristiques d’un
échangeur qui devrait distribuer les flux de circulation et de
transport dans les grandes directions.
Voilà la trame
viaire de l’ensemble de la conurbation, afin de l’adapter
aux contraintes du trafic routier attendu, interne et externe,
consécutivement à l’intensification et la
diversification des moyens et modes de transports et de circulation,
d’un côté, et des aménagements urbains
programmés ou prévus par les schémas directeurs et
les plans d’aménagement, ainsi que par les divers
programmes dans les différents domaines de
l’activité économique et les équipements
sociaux, de l’autre.
Il s’agit donc de recalibrer les
artères, de redimensionner les axes de circulation,
d’aménager les aires de stationnement appropriées
et de réaliser les ouvrages d’art nécessaires, pour
mieux assurer la fluidité de la circulation future
appelée à connaître une intensification de plus en
plus importante, parallèlement à la dynamisation de
l’économie, à l’amélioration du niveau
de vie des populations et à l’accentuation de
l’urbanisation ;
Réaliser une grande gare
routière centrale desservant toute la conurbation, qui devrait
être localisée entre Salouane et Nador, à
proximité du grand échangeur précité. Afin
de ne pas trop encombrer cette gare centrale et de répartir le
trafic, et étant donné la grande extension actuelle de
l’espace urbain et la croissance qui devra être induite
à l’avenir par les différentes fonctions et par
l’accroissement démographique, il serait judicieux de
doter chacune des grandes entités de la conurbation de sa propre
gare, tout en assurant à chacune d’elles une bonne
connexion avec la gare centrale.
La construction
prévue de la voie ferrée entre le port de Bni
Ançar et Taourirt implique logiquement de penser à la
construction de gares ferroviaires : une gare centrale de
voyageurs, avec un emplacement proche du centre de gravité de la
conurbation, une gare de marchandise contiguë au port et à
la zone franche et une autre gare à Salouane au service de la
zone industrielle et de la grande unité sidérurgique
SONASID.
Là, il serait édifiant d’aménager
un parc industriel pour recevoir des activités nouvelles,
travaillant dans une ambiance de synergie et disposant des services
d’appui et de desserte nécessaires.
Dans ce
même domaine ferroviaire, il serait intéressant
d’explorer les possibilités de réutiliser
l’ancienne voie de chemin de fer (qui servait au transport de
minerai de fer) reliant Zghaneghane à Nador et Bni Ançar,
à des fins de transport de voyageurs, sous forme de navettes
rapides, desservant le gros de la conurbation, comme il ressort du
schéma, ci-contre, élaboré à ce sujet.
Le
complément souhaité à ce schéma de
circulation devra être l’établissement d’un
système de navette pour desservir l’aéroport
d’Al Aroui et le connecter aisément aux centres urbains.
Cette correspondance pourrait se faire au moyen d’un
service d’autocar dans un premier temps, en attendant la
construction de la voie ferrée Taourirt-Nador sur laquelle une
brettelle reliant l’aéroport pourrait bien se greffer ; ce
qui permettrait aux gens de Taourirt de bénéficier
aisément des services de l’aéroport d’Al
Aroui, devenant ainsi plus proche et mieux accessible pour eux que
celui d’Oujda-Angad.
Afin d’améliorer les
relations entre les différentes composantes de la conurbation,
des liaisons directes entre elles devraient être établies
pour ne pas encombrer un axe central déjà fortement
sollicité par les trafics internes et les relations
régionales, tout particulièrement au moment du retour des
MRE.
Enfin, il y a lieu de revoir la voirie qui, par son
tracé et l’état de la chaussée, sans parler
de l’absence de trottoirs et d’aires de stationnement,
complique davantage les problèmes aigus de circulation dans
cette conurbation polynucléaire fort éclatée.
C’est là l’un des facteurs essentiels de la
rénovation nécessaire pour préparer
l’environnement urbain aux fonctions qui lui permettront
d’évoluer harmonieusement au cours des décennies
à venir.
3. Principaux projets économiques et sociaux :
Les grandes actions d’aménagement territorial
exposées plus haut se composent d’un grand nombre de
projets structurants qui relèvent de la compétence de la
puissance publique notamment, concernant essentiellement
l’établissement de documents d’orientations et de
gestion de la croissance du Grand Nador. D’autres projets,
à caractère social et économique, devront venir
appuyer ces grandes actions fondamentales, afin
d’améliorer le cadre de vie et de créer un
environnement propice à l’investissement et à
l’épanouissement des populations.
3.1. La création d’une zone franche :
Rêve longtemps caressé, mais nécessitant
beaucoup de conviction pour sa réalisation, l’installation
d’une zone franche à Nador devient aujourd’hui une
nécessité incontournable, parce que cela
représente le moyen de doter la conurbation d’un atout
efficient de compétitivité sur les plans à la fois
national et méditerranéen.
La plupart des responsables
locaux sont désormais convaincus de la nécessité
impérative de la concrétisation de ce projet pour lequel
le port de Bni Ançar semble être le mieux indiqué.
Ce
projet destiné à introduire le Grand Nador sur
l’échiquier industriel et commercial
méditerranéen, préparera notre espace de projets
à travailler dans les conditions qui devront bientôt
prévaloir, une fois l’Accord de Libre Echange entre
l’Union Européenne et le Maroc entrera effectivement en
vigueur, dans une dizaine d’années, en principe.
La
réussite de cet important projet structurant qui constituera un
tournant décisif dans l’évolution
économique, voire même sociale (résorption du
commerce transfrontalier), reste tributaire des grands
aménagements au niveau de l’infrastructure
routière, de la desserte du port et de
l’aménagement de celui-ci en conséquence.
De
même qu’il est nécessaire d’instituer au sein
de cette zone franche un régime fiscal attrayant
(exonération des droits d’enregistrement et de timbre, des
impôts sur les patentes pendant 15 ans, réduction de
l’impôt sur les sociétés, exonération
de la taxe sur les produits des actions, exonération de la TVA
sur les marchandises, etc).
Par ailleurs, on signalera que le
plan de développement économique et social (2000-2004) a
retenu la création d’un parc industriel à salouane.
3.2. Dotation de la conurbation d’un Centre d’Affaires et de Commandement (C.B.D : Central Business District) :
Un tel ensemble urbain, une activité économique
aussi diverse, le rôle d’espace moteur pour la
Région et de porte maritime d’une grande partie du Maroc,
sont autant d’éléments qui confèrent
à la conurbation de Nador-Mlilia une dimension
particulière, rendant indispensable l’aménagement
d’un véritable centre d’affaires et de commandement,
qui abritera les activités du tertiaire supérieur, tout
à fait nécessaires pour gérer les affaires
économiques, financières, administratives et
intellectuelles pour les décennies à venir. Ces
tâches ne peuvent aucunement être remplies par les
structures actuelles, fort réduites et peu performantes et, de
surcroît, dispersées, conçues au départ pour
un organisme urbain tout modeste.
Aussi, faut-il prendre les
dispositions nécessaires pour doter le Grand Nador d’un
quartier d’affaires et de commandement intégré,
mettant en synergie l’administration supérieure, les
organismes bancaires et d’assurances, ainsi que les services de
conseil et d’ingénierie, structures que requiert la mise
en œuvre des projets préconisés par le
présent SDAR.
L’aménagement de l’aire
de l’ancien aéroport de Taouima par l’ONDA,
constitue à cet égard une aubaine pour
l’agglomération de Nador-Mlilia, en raison de la
disponibilité du terrain et de la localisation de celui-ci dans
une position centrale par rapport à la conurbation,
bénéficiant, en plus, d’une situation remarquable
au bord de la lagune Bou Arg.
Il va sans dire qu’un tel
centre d’affaires et de commandement, nécessite une
conception architecturale à sa mesure et requiert un organisme
de gestion de type managérial approprié, ouvert sur le
monde extérieur des affaires; ce qui aiderait à
faire entrer le Grand Nador et, partant, la Région de
l’Oriental, dans l’ère de la modernité,
à condition, toutefois, que les grands projets structurants du
SDAR, soient réalisés en parallèle et au moment
opportun.
3.3. Le renforcement de l’alimentation en eau potable :
Le développement d’une grande agglomération
urbaine de plus d’un demi-million d’habitants dans deux
décennies, d’une part, destinée à jouer la
fonction de pôle économique tractant, d’autre part,
nécessite la réalisation des équipements
adéquats pour alimenter la population et l’activité
économique en eau de manière régulière et
en quantités suffisantes, avec la qualité requise.
Pour
le court terme (2005), certaines actions sont programmées dans
ce domaine, portant sur l’amélioration du débit de
traitement des eaux à niveau de 210 l/s, l’installation de
conduites d’eau supplémentaires et la construction
d’un réservoir d’une capacité de 10000 m3.
Concernant l’espace périurbain, le programme d’alimentation en eau potable porte sur :
Le
prolongement des conduites de distribution sur 36 km et la construction
de 25 bornes-fontaines. Cette opération est destinée
à alimenter 23 douars dans les zones de Taouima, Al Aroui,
Zghaneghane et Ihaddadene,
L’installation de conduites de
distribution sur une longueur de 20 km, avec la réalisation de
branchements individuels et la construction d’une station de
pompage et d’un réservoir de 150 m3 de capacité.
Cette action permettra d’alimenter 8 douars autour de Salouane,
Le
prolongement des conduites de distribution sur une longueur de 26 km
avec la construction de 25 bornes-fontaines et la réalisation de
3 stations de pompage ainsi que 3 réservoirs. Cette action
permettra d’alimenter 29 douars dans la commune de Farkhana.
Toutefois,
pour le moyen et le long termes, des efforts importants doivent
être accomplis pour assurer la fourniture d’eau
nécessaire pour généraliser le branchement de
l’ensemble des ménages au réseau de distribution,
sachant qu’il s’agit d’une conurbation fort
éclatée et dispersée sur plus de 600 km2,
d’un côté, et d’un pôle
économique plurifonctionnel où il faut appuyer à
la fois l’activité industrielle et touristique requise, de
l’autre.
Les ressources hydriques locales ou proches sont tout
à fait incapables de répondre à cette demande qui
devra dépasser les 50 millions de mètres cubes par an
à l’horizon 2020-2025, dont plus de la moitié pour
les seuls besoins domestiques, à raison d’une dotation
moyenne journalière de 120 litres.
En conséquence,
le renforcement de l’adduction d’eau à partir du
barrage de Machraa Hammadi est indispensable. Toutefois, il y a encore
beaucoup d’économie à faire au niveau du
réseau de distribution caractérisé par
d’importantes pertes.
La rationalisation de la gestion de la
chaîne de l’eau est une obligation incontournable pour
assurer la bonne marche de la ville et de son économie. Le
facteur hydrique ne devra pas s’imposer comme entrave au
développement normal de la grande porte économique de
l’Oriental qui pourrait devenir aussi, dans 3 ou 4
décennies, sa première agglomération urbaine.
3.4. Des équipements de formation technologique :
La nature des fonctions économiques capitales
dévolues désormais au Grand Nador, et les perspectives
d’une agglomération de plus d’un demi-million de
personnes, appuyée sur un arrière-pays densément
peuplé, appellent la création de structures
d’enseignement, de formation et de recherche de niveau
supérieur, susceptibles d’alimenter les différents
domaines de l’économie et de la gestion en cadres et en
compétences nécessaires.
A ce titre, le Grand
Nador devra être doté d’établissements et
d’institutions qui répondent à ses besoins comme
pôle de développement de l’Oriental et
s’inscrivent dans le cadre de la réforme en instance
préconisée pour l’enseignement et la formation
supérieurs, tournés vers la modernité,
l’opérationnalité et la compétence, en vue
de sous-tendre le développement économique et social dans
un environnement international de plus en plus ouvert et de plus en
plus compétitif.
Ainsi, on insistera ici surtout sur la
nécessité de promouvoir un enseignement axé sur la
technologie.
Ces
établissements, qui doivent voir le jour incessamment,
constitueront les structures sur lesquelles s’appuiera la toute
récente Université de Nador (ouverture d’une
Faculté de Lettres), qui pourra ainsi se partager, avec celle
d’Oujda les fonctions d’encadrement culturel de la
Région de l’Oriental.
3.5. Des équipements de santé performants :
Les infrastructures de santé, dont dispose
l’agglomération du Grand Nador, ne sont nullement
à la hauteur des services requis par des populations urbaines et
rurales localesfort nombreuses.
Sachant que le volume
démographique de l’actuelle province de Nador sera de
l’ordre du million de personnes à l’horizon
2025-2030 et que les besoins en service de santé seront, non
seulement plus importants, mais également plus
sophistiqués afin de répondre à l’attente
d’une formation sociale plus complexe et plus exigeante, le
niveau de demande qui sera formulée par la population locale
devra s’élever encore plus pour répondre aux
besoins d’un centre économique portuaire
étroitement lié à l’étranger.
Par
ailleurs, les équipements de santé à installer
à Nador devront concurrencer ceux dont dispose Mlilia et qui
sont sollicités par une bonne fraction de l’élite
de l’Oriental.
De la sorte, Nador a besoin d’un
Hôpital de niveau performant disposant des
spécialités requises pour encadrer convenablement un
million de résidents et offrir les services d’urgence que
nécessite un centre économique largement ouvert sur
l’extérieur, et où doivent s’installer des
investisseurs, promoteurs et experts étrangers.
L’amélioration du niveau de compétitivité
économique d’un espace passe également par sa
sécurisation sur le plan sanitaire et médical.
De
même, les différentes composantes urbaines de
l’agglomération nécessitent chacune son
établissement hospitalier lui permettant de disposer des
services sanitaires et médicaux de proximité, vu les
effectifs de population qu’abriteront ces agglomérations,
dépassant 50000 personnes pour la plupart, dans moins de deux
décennies seulement.
3.6. La consolidation du secteur de la pêche :
Le port de Bni Ançar demeurera, pour très
longtemps encore, le port de pêche le plus important de
l’Oriental. La confortation de ce secteur, à la fois pour
augmenter et diversifier la production et pour améliorer le
niveau de l’emploi, appelle un certain nombre d’actions,
parmi lesquelles on insistera sur les suivantes, sachant que des
aménagements fort importants ont déjà
été réalisés dans le port de Bni
Ançar :
Exécution des aménagements et
des équipements pour améliorer les conditions de vie et
de travail des pêcheurs ;
Amélioration de la
qualité des captures débarquées et leur mise en
vente afin d’éviter les pertes de production et
l’augmentation des prix unitaires lors de la première mise
en vente ;
Amélioration de la mise en concurrence lors de
la vente des captures pour augmenter ainsi les revenus des
pêcheurs ;
Création de villages de pêcheurs et de points de décharge du poisson ;
Promotion
du site de Qariat Arekmane dans le cadre du programme d’appui de
la pêche artisanale dans la province de Nador (ONG italienne
Movimento Africa 70, en partenariat avec l’Agence de Promotion et
de Développement des Provinces et Préfectures du Nord),
en vue de mettre à la disposition des jeunes
diplômés des locaux professionnels à des conditions
de travail intéressantes ;
Développement
d’un site de "nursery" dans l’enceinte du port de Ras Al Ma
en partenariat avec Marost, société
d’aquaculture ;
Constitution de l’Institut National de Recherche Halieutique.
3.7. La promotion du tourisme :
Le Grand Nador est particulièrement riche en sites
touristiques de valeur, dont la plupart sont restés
pratiquement en friche, alors que certains n’ont fait
l’objet que d’aménagements sommaires qui ont
beaucoup plus porté préjudice à la ressource
qu’ils ne l’ont mise en valeur.
Parmi les nombreux atouts
touristiques, on peut au moins reconnaître cinq grands
éléments naturels importants, rarement réunis avec
autant de densité sur un espace aussi réduit, ce qui
pourrait propulser Nador et son environnement immédiat au rang
de haut lieu du tourisme, non seulement dans l’Oriental, mais au
niveau national tout entier. Il s’agit de :
la Sabkha
Bou Arg qui constitue incontestablement la lagune la plus importante et
la plus attrayante du Maroc, s’étirant sur une bonne
vingtaine de km de long, et 7 à 8 km de large, limitée
par un « lido » tout à fait remarquable, qui la
ferme du côté de la mer et en fait un lac d’une
extrême beauté ;
la série de plages qui
s’égrènent tout le long du littoral allant de
Qariat Arekmane à Iaazanene, sur plus de 70 km ;
la
presqu’île de Mlilia qui s’avance en promontoire
élevé à l’intérieur de la mer,
offrant des vues inégalées sur les splendeurs de
l’azur de la Méditerranée ;
le Cap des
Trois Fourches qui représente la terminaison de la
presqu’île de Mlilia avec laquelle il constitue une
curiosité unique en son genre ;
les hauteurs qui
surplombent la ville, la mer et la Sabkha, permettant d’avoir des
panoramas tout à fait extraordinaires. Une mention
particulière doit être faite au Jbel Gourougou qui, de par
sa localisation et sa belle couverture forestière,
s’impose comme site touristique d’une grande valeur ;
l’arrière-pays
rural immédiat constitué à l’est par le
riche secteur irrigué de la plaine de Bou Arg, et à
l’ouest par la zone de collines et de basses montagnes de
Farkhana, Bni Chiker, Iksane et Bni Ifrour aux paysages agraires bien
diversifiés .
Nous avons là un complexe
naturel unique au Maroc qui mérite des aménagements
touristiques de qualité aptes à en valoriser les nombreux
atouts, tout en sauvegardant la beauté des sites, le potentiel
naturel et la qualité de l’environnement. On pourrait
ventiler ces aménagements en quatre grandes catégories,
en fonction des types de sites disponibles :
·
Les aménagements balnéaires à entreprendre
sont au moins de trois types, correspondant à des
catégories de sites bien différents et aux
potentialités inégales : la plage de Qariat
Arekmane, le lido de la Sabkha Bou Arg et les petites plages et criques
qui ponctuent le littoral qui va de Nador à Iaazanene,
ceinturant la presqu’île de Mlilia.
·
La plage de Qariat Arekmane porte déjà de nombreux
aménagements balnéaires et touristiques. Mais cela a
été fait sans aucun document directeur, ce qui a abouti
à une consommation très peu rationnelle d’une plage
de bonne qualité naturelle. L’action ici consiste à
doter ce site remarquable d’un document
d’aménagement urbain et touristique capable de
restructurer le centre et de réhabiliter la plage, afin
d’en faire une station balnéaire mixte, au service des
estivants du Grand Nador, mais comportant également un secteur
de standing pour le tourisme international, ainsi que pour les
ménages à hauts revenus aux niveaux régional et
national. Les MRE constituent ici une clientèle de choix.
A cet égard, il faudrait procéder aux opérations essentielles suivantes :
apurement
du foncier, sachant bien qu’il s’agit là encore du
fameux régime khalifien, source de tracas et de litiges
infinis ;
renforcement de l’alimentation en eau potable
pour faire face à une demande estivale sans cesse plus
importante ;
établissement d’un plan
d’assainissement liquide et solide approprié à la
mesure d’une station de gabarit important ;
traitement de la plage et protection des eaux littorales contre la pollution ;
amélioration
concrète des structures d’accueil, de restauration, de
récréation et d’animation ;
aménagement
d’aires de stationnement et organisation de la circulation qui
prend, en été, des proportions
insoupçonnées, posant des problèmes fort aigus.
·
Le lido qui limite la lagune du côté de la mer,
offre sur celle-ci des possibilités de baignade.
Considérant l’étroitesse de ce cordon, les
aménagements qui doivent y être réalisés ne
peuvent se faire sous forme de constructions lourdes, mais plutôt
de structures légères, afin de ne pas gâcher le
paysage lacustre à l’ouest et marin à l’est.
La plage de Bouqanna devrait être aménagée dans cet
esprit.
· Les petites plages du
littoral de Nador à Iaazanene offrent des opportunités
multiples et intéressantes pour des aménagements
balnéaires et touristiques limités, pour le compte des
populations du Grand Nador, de Mlilia, des MRE et des touristes
européens. Une étude de faisabilité pour chaque
cas est à réaliser.
Il faut souligner que
l’activité touristique trouve dans cet espace, en
complément à ces atouts d’ordre naturel
diversifiés, d’autres facteurs économiques et
humains favorables qui ne peuvent qu’en accroître le
dynamisme. Nous citons notamment :
la présence du
port de voyageurs de Bni Ançar par lequel transitent, de plus en
plus, des centaines de milliers de vacanciers MRE revenant chaque
année au pays, et qui constituent une clientèle de choix
en raison de leur pouvoir d’achat, de leur mode de vie de plus en
plus occidentalisé et de leur propension de consommer le
balnéaire ou l’écologique.
la proximité
de Mlilia, autre porte ouverte sur l’Europe, constitue un levier
de taille à mettre en œuvre pour dynamiser
l’activité touristique, à condition de pouvoir
offrir des produits originaux, tant au niveau des plages
qu’à celui de l’écotourisme et du culturel.
L’afflux
d’une importante clientèle venant faire emplettes à
Nador et se ravitailler en produits divers issus du commerce frontalier.
L’ouverture
de la Route Méditerranéenne confortera amplement le
tourisme local, en promouvant le Grand Nador en tant que place
touristique de choix, intermédiaire entre le littoral de
Tanger-Tétouane et Al Hoceïmah, à l’ouest, et
Saïdia-Ras Al Ma à l’est.
Le tourisme pourra
représenter, en somme, un créneau tout à fait
porteur qui aidera sérieusement à réduire
l’impact des activités parallèles dans la vie
économique et sociale de la conurbation du Grand Nador, en
offrant des emplois en nombre croissant et en créant des
richesses encore insoupçonnées.
3.8. Le développement d’une agriculture de banlieue :
Parallèlement aux reconversions qui devront toucher
l’activité agricole dans le périmètre
irrigué de Bou Arg limitrophe, et dont l’impact se fera
bien sentir sur Nador et ses centres satellites, notamment au niveau de
l’approvisionnement en produits frais, les campagnes qui jouxtent
la conurbation du côté ouest connaîtront sans doute
des transformations importantes dans leur mode de production et leur
paysage, en réponse aux mutations qui toucheront l’espace
urbain et à l’augmentation de sa population et à
l’amélioration de son niveau de vie.
C’est
que l’aridité est relativement modérée dans
ces communes périurbaines et que les sols y sont parfois
d’assez bonne qualité. La grande conurbation
représente un vaste marché pour les produits de
l’agriculture.
Les investissements potentiels n’y manquent
pas pour sous-tendre cette activité. Toutefois, trois facteurs
essentiels contrecarrent ici le développement d’une
véritable agriculture de banlieue : le régime
problématique du foncier ; l’importance des apports
du commerce parallèle transfrontalier vu la proximité de
l’enclave occupée et zone franche de Mlilia, et les
transferts de l’émigration en Europe.
Toutefois, le
déblocage de la situation foncière par l’ancrage de
l’immatriculation et du cadastre et, du coup, la
sécurisation de la propriété, pourra ouvrir le
marché foncier rural à des initiatives locales,
régionales ou nationales pour venir investir dans la banlieue de
l’une des plus grandes agglomérations urbaines du Maroc,
en développant des spéculations agricoles nouvelles et
des productions rentables pour satisfaire un marché en pleine
expansion et à pouvoir d’achat appréciable
(maraîchage, produits fruitiers, produits de
l’élevage, aviculture, etc…)
Il faut
souligner que ces transformations de l’agriculture sont
étroitement tributaires de plusieurs actions structurantes :
mobilisation
des ressources en eau que véhiculent les nombreux cours
d’eau locaux, au moyen de petits ouvrages de retenue, afin de
développer l’irrigation ;
renforcement de l’alimentation en eau potable des communes de banlieue ;
généralisation
de l’électrification des agglomérations rurales,
avec encouragement du solaire ;
renforcement du programme routier pour désenclaver les zones de peuplement de producteurs agricoles ;
consolidation
des équipements sociaux, en matière d’enseignement,
de formation professionnelle, de santé, de culture et de loisir,
afin de retenir les jeunes en milieu rural.
Élaboration de
plans d’aménagement et de développement des
communes de banlieue, de leurs chefs-lieux et des centres
émergents.
3.9. L’environnement :
La conurbation de Nador est destinée à jouer
un rôle primordial dans l’attrait de l’investissement
vers l’Oriental et dans la revitalisation de son économie.
Ceci est tributaire, bien sûr, des structures, des
infrastructures et des grands équipements qu’elle pourra
mettre au service de ce développement. Mais le drainage de
l’investissement, la fixation des élites et des promoteurs
se fondent également sur la nature du cadre de vie que la ville
pourra offrir.
Dans cette perspective, celle-ci est
appelée à soigner son image de marque, et ce en soignant
son environnement, dans toutes ses dimensions. Des travaux
d’embellissement sont nécessaires au niveau de la voirie
(percement de grandes artères, aménagement d’aires
de stationnement appropriées, aménagement de voies
piétonnes,…), du traitement paysager des hauteurs qui
surplombent les quartiers du côté ouest notamment, de
l’aménagement d’espaces verts et d’aires de
détente, ainsi que d’une véritable corniche le long
de la Sabkha Bou Arg. Il faudra également établir un
programme de reboisement des reliefs dominants pour modérer les
effets du ruissellement, mais aussi le long de la côte, notamment
à Qariat Arekmane, pour en rehausser la qualité de
l’environnement.
Conclusions :
La conurbation complexe et dynamique de Nador-Mlilia est un
organisme urbain original au Maroc. Sa localisation sur la
Méditerranée, sa proximité de l’Europe, son
commerce exubérant, son port en activité accrue, son
nouvel aéroport, ses entreprises industrielles, sa masse
monétaire considérable… constituent des atouts
indéniables pour en assurer le développement et en faire
une locomotive au niveau économique pour toute la partie
orientale et méditerranéenne du Maroc.
Toutefois,
des éléments perturbateurs et parasitaires nombreux
contrecarrent la valorisation rationnelle et optimale de
l’ensemble de ces potentialités. Le dépassement de
ces entraves, d’un côté, la qualification de
l’espace et des hommes, de l’autre, ne peuvent que
hâter l’épanouissement souhaité des forces et
des énergies latentes, sous-tendues par les multiples formes de
l’investissement financier, technologique et humain, susceptibles
de mettre le Grand Nador sur la voie du progrès réel, en
tandem et en synergie avec l’assainissement de la situation
inacceptable de l’enclave occupée de Mlilia,
libérée, "désenclavée et
réintégrée".
Source : OujdaCity