Le
prototype, conçu et réalisé par le Centre national
d’études et de recherches intégrées du
bâtiment (Cnerib) en collaboration avec le CDER (Centre de
développement des énergies renouvelables) a
été sélectionné dans le cadre d’un
concours lancé par le programme MED-ENEC (Mediterranean Energy
Efficiency in Construction Structure) en 2006.
Le projet sera
réceptionné dans moins d’un mois.par dz.com qui
n’est pas considéré comme étant un nom de
domaine algérien.
La
surconsommation de l’énergie fossile accentuant les
émissions atmosphériques de gaz à effet de serre
(GES) mais également le fait que le bâtiment soit le
premier poste de consommation de l’énergie – 40% du
bilan énergétique annuel est consommé par ce
secteur.
Cette consommation, qui a triplé durant les trois
dernières décennies dans le bassin
méditerranéen et il est prévu sa multiplication
par le même facteur d’ici l’an 2025, a impulsé
chez les chercheurs, algériens cette fois, l’idée
de repenser la maison de demain.
Le deal étant de
concrétiser via matériaux et équipements
“durables” l’efficacité
énergétique dans le secteur de la construction.
Cette première expérience concerne dans un premier temps
la maison rurale qui se verra conférer un nouveau concept, celui
de l’habitat durable intégrant l’architecture
bioclimatique dans sa conception.
Il faut dire
qu’à l’heure où les sociétés
modernes en sont à réaliser des
“éco-quartiers”, déjà très
présents en Europe du Nord (Comme BedZed : Beddington Zero
Energy “fossil” Development, nom futuriste donné au
quartier défavorisé situé au sud de Londres) et
des villes vertes et ont développé, comme c’est le
cas en Allemagne, le concept insolite “Bepos”
(bâtiment à énergie positive),
l’Algérie est loin derrière et accuse un retard
certain dans le domaine du développement durable.
C’est
dire le peu d’intérêt encore accordé par les
pouvoirs publics aux avancées technologiques dans le secteur de
la construction notamment.
Néanmoins, la maison témoin
conçue par le Cnerib et retenue par le programme de
l’Union européenne qui en assure le financement,
répond à trois principaux critères qui sont le
potentiel pour la dissémination, le concept
d’énergie et l’avantage environnemental.
Le
premier critère est intéressant à plus d’un
titre vu que le programme du million de logements lancé par le
président de la République en 2000 prévoyait la
réalisation d’au moins 450 000 logements ruraux, en partie
subventionnés par l’?tat, le double objectif étant
de freiner l’exode en “fixant” les populations
rurales.
En substance, les principales contraintes techniques
imposées aux architectes bioclimatiques et aux techniciens ont
essentiellement porté sur la mise en œuvre des mesures
relatives à l’efficacité énergétique
dans le bâtiment à travers l’application de la
réglementation thermique, l’utilisation des
énergies renouvelables et le développement de nouveaux
matériaux et systèmes constructifs à haute
qualité énergétique (HQE).
L’augmentation
fulgurante de l’activité de construction en Algérie
(immeubles d’habitation, grands équipements...)
n’est pas un moindre détail car “le secteur du
bâtiment, comme le souligne M. Afra, premier responsable du
Cnerib, est à juste titre celui où l’on peut
économiser le plus d’énergie”.
Pour
rappel, en 2000, il y a donc de cela huit ans, le décret 2000/90
du 24.04.2000 portant réglementation thermique des
bâtiments neufs était censé être
appliqué immédiatement pour les bâtiments publics,
contre 5 ans pour la construction individuelle.
Rien n’en
fût ! Alors que déjà bien plus tôt, soit en
1997 et 1999 – ce qui aurait dû faire avancer les choses
– le Cnerib avait élaboré deux DTR (documents
techniques réglementaires) y afférents.
Il y est question
d’atteindre l’efficacité énergétique
via la maintenance du niveau de confort situé
d’après l’OMS (Organisation mondiale de la
santé) entre 18°C et 25°C . “Ce qui se
résume, en des termes plus simples, à la recherche de la
sobriété contre le gaspillage”, souligne M. Afra.
“Comment
faire pour gérer les apports et les déperditions
calorifiques tout en privilégiant le confort ?” et
“quelles doivent être les caractéristiques
mécaniques et chimiques du matériau de construction
?” ont, en outre, constitué la problématique
de base du projet.
En effet, la maison durable se devait de
répondre à des impératifs tant technologiques
qu’environnementaux par l’application des mesures passives,
d’une part, et des mesures actives, d’autre part.
Pour ce
qui est des premières, il s’agit de l’orientation
(le sud est privilégié pour limiter au maximum la facture
énergétique), l’ombrage naturel (par les
plantations), la ventilation naturelle, l’isolation de
l’enveloppe, le double vitrage (qui divise par deux à
trois, le flux de chaleur), l’éclairage naturel et les
lampes à basse consommation (elles réduisent de 5 fois la
consommation en énergie) et l’isolation optimale de
l’enveloppe et de la toiture.
Pour
ce qui est des matériaux, si celui en vogue dans les pays
européens est le bois, pour ses qualités d’isolant
thermique, en Algérie, ce sont les matériaux locaux tels
que la brique de terre ou béton de terre stabilisé (BTS)
et la pierre – les deux ne nécessitent pas
d’énergie lors de leur extraction et fabrication puisque
le plus souvent extraites de l’assiette en question – mais
également le plâtre et le gypse qui sont
privilégiés dans les pays de la rive sud.
Le responsable
du Cnerib estime que ces matériaux sont à valoriser et
à développer davantage. La brique de terre,
matériau de base de la maison durable, doit être
utilisée dans un système constructif à base de
maçonnerie porteuse chaînée – qui consomme
moins d’eau, moins de sable et moins de rond à
béton – par rapport à sa ductilité.
“Ce système peut aller jusqu’au R+2 en zone III
(zone sismique) avec une performance parasismique certaine – les
poteaux ont une section de 15x15 contre 35x35 pour le système
poteau poutre classique.
Le chaînage n’est, par ailleurs,
pas indispensable pour les régions du Sud !”
précise notre interlocuteur. Les mesures actives concernent, en
outre, le recours aux panneaux solaires (utilisation de
l’énergie solaire) pour l’eau chaude sanitaire.
Un
serpentin est encastré dans le plancher de la maison pour la
chauffer en hiver. Toutefois, le système s’inverse pour la
rafraîchir en été. Intégrées dans le
bâtiment, ces mesures permettent de réduire
jusqu’à 50% la consommation énergétique, de
préserver l’énergie fossile et
d’atténuer les émissions de CO2. Quand on sait que
celui-ci est aujourd’hui coté en Bourse !
Et si la maison
durable requiert près de 10% d’investissement
supplémentaire, il faut savoir que la facture
énergétique est amortie sur les 10 ans à
venir.
La maison verte s’harmonise parfaitement avec son
environnement. C’est ce que l’on devra conclure à la
livraison en décembre prochain de la première habitation
écologique algérienne. Gageons qu’elle
intéressera plus d’un.
Source : Liberté Algérie