Les transporteurs désormais soumis à un cahier des charges.
Le ministre des Transports a annoncé, hier, en marge de la réunion avec les directeurs des 48 wilayas de son secteur la constitution imminente des groupes de travail à l’effet de préparer des moutures de cahiers de charges destinées à réguler l’activité de transport public des voyageurs.
Une condition devenue incontournable au regard de l’anarchie et le désordre qui caractérisent le secteur a affirmé M. Amar Tou à l’occasion de cette réunion d’évaluation qui a abordé différents volets dont l’état des lieux des transports urbain, la gestion des stations, les dysfonctionnements dans le transport de taxi ainsi que la problématique de la tarification.
Lors de son intervention, le ministre a rappelé que «la libération de l’activité des transports intervenue à la fin des années 80 a évolué avec ses aspects positifs mais aussi négatifs» du fait qu’elle n’a pas été convenue avec la régulation requise.
«La réalité est que certains transporteurs ont fini par imposer leurs propres lois défiant, ainsi, les lois de la République». Le ministre n’a pas manqué de désigner les responsables présents «de complices du désordre établi par le fait du laxisme» notamment sur le plan de l’organisation.
M. Amar Tou qui prendra note de la grande anarchie qui sévit à ce niveau fera état de la «démobilisation des pouvoirs publics quant à l’imposition de la réglementation insistant par la même occasion sur la nécessité de revoir les plans de transports en fonction des besoins de l’usager.
Le ministre conviendra également, s’il y’a lieu, de la révision de la législation rappelant toutefois que la problématique essentielle relève beaucoup plus de la question de mise en application des textes.
Le constat du ministre sera reflété dans l’intervention du directeur de l’urbanisme et de la circulation routière au niveau du département des transports qui présentera un exposé descriptif du désordre qui règne au sein du secteur des transports urbains tous modes confondus.
M. Salhi soulignera, ainsi, le non-respect des règles d’exploitation par les opérateurs privés notamment, une concurrence déloyale accentuée par l’absence de l’autorité, la dislocation du réseau de transport urbain, l’insuffisances des gares et stations urbaines (sachant que dans certaines localités, la voie publique fait office de station ou d’arrêts) sans omettre l’absence de professionnalisme et la prédominance de la pratique artisanale du métier.
L’intervenant parlera aussi de «mobilité insuffisamment couverte en milieu urbain par les moyens de transport offerts. Suivant ce raisonnement, 65% des déplacements se font à pieds et 35% par véhicule dont seulement 58% sont assurés par le transport collectif.
Aussi, la mobilité dans les agglomérations demeure faible et représente 1,7 à 1,8 déplacements tous modes confondus par personne et par jour précisera M. Salhi.
Ce dernier fera état dans le même ordre d’idées d’une mauvaise répartition des moyens de transports donnant lieu à des situations de saturation et de déficits selon les endroits et les moyens disponibles.
• Le parc vétuste représente 30% du parc total exploité
Dans
le même contexte, le directeur des transports de la wilaya de
Boumerdès, en l’occurrence, M. Bendjoudi a fait une
rétrospective de l’évolution des transports urbains
depuis l’ouverture du secteur au privé pour dire que cette
ouverture « n’a pas été accompagnée
d’un encadrement réglementaire suffisant ou d’un
programme d’investissement dans les infrastructures
d’accueil» pourtant «indispensable à
l’organisation du service public.
Selon les chiffres avancés par ce responsable, le secteur des transports urbains compte 11 364 opérateurs privés et 17 opérateurs publics au premier semestre de l’année 2008 ce qui dénote de la croissance enregistrée à la faveur du dispositif de l’ANDI. Ces chiffres représentent 975 lignes exploitées soit 4555 km à la même période.
L’exposé ressort d’autre part que le nombre de places voyageurs a augmenté de 37% entre 2002 et 2008.
Par ailleurs, 2225 véhicules ont atteint plus de 19 ans d’âge et 3324 ont moins de 5 ans en 2008 d’où la prédominance de la tendance au vieillissement du parc des transports urbains.
L’analyse souligne dans le même contexte que 50% du parc a plus de 10 ans d’âge et que le parc vétuste soit plus de 15 ans d’âge représente 30% du parc total exploité.
Le ministre interviendra à ce titre pour préciser que la vétusté du véhicule ne peut être définie que par une série de paramètres ressortis dans le processus de contrôle et que l’âge ne peut être pris comme critère à part. Concernant le secteur privé, l’intervenant citera, entre autres, le manque de professionnalisme dans la formation, le mauvais entretien du véhicule, l’intimidation de la clientèle en cas de revendication de service meilleur, la non disponibilité durant les heures creuses et tardives, l’exploitation de mineurs avec bas salaires.
Abordant le volet inhérent au transport par taxis, le directeur de transport de la wilaya de Tizi-Ouzou a déclaré que le l’activité compte un peu plus de 84 000 taxis dont les stations sont gérées par des syndics de taxieurs.
Pour ce qui est de la formation dispensée par le CNEPD, l’intervenant dira que celle-ci ne répond plus aux exigences de l’activité qui requiert beaucoup de professionnalisme. Il notera que sur 138 552 licences attribuées, 54 449 soit 41,17% ne sont pas exploitées.
Ce dernier proposera la refonte du dispositif réglementaire régissant les taxis, l’élaboration d’un cahier de charges incluant les sociétés de taxis dont la formule sera encouragée par le ministre, la suppression du zoning (délimitation par commune) au vu du nombre important de licences inexploitées ainsi que la validité de l’extension de la validité de la licence attribuée.
La question des tarifs sera abordée par M. Mhadjbia, directeur des transports de la wilaya de Tipazsa selon qui tout en rappelant le caractère libre de ces derniers a affirmé que « la non actualisation des tarifs durant ces trois dernière années a donné lieu à des augmentations unilatérales de la part des opérateurs.
Le ministre qui a entendu ces trois exposés a instruit les directeurs de wilayas à intervenir au plan local pour régler les problèmes localement. M. Amar Tou a également exhorté les responsables présents à faire preuve de réalisme dans leurs propositions de solutions.
«Il faut traiter le problème sous ses différentes facettes» et ne pas se confiner dans des suggestions superficielles, fera-t-il entendre.
Source : El Moudjahid
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