Le Maroc est à la traîne en matière de logistique commerciale. Telle est la conclusion d’une étude publiée par la direction des études et des prévisions financières du ministère de l’Economie et des Finances.
Un tel constat a de quoi inquiéter, dans un contexte international dominé par les accords de libre-échange. À ce titre, le Royaume avait déjà procédé au milieu des années 90 à la signature de plusieurs accords notamment avec l’Union européenne et, plus récemment, avec les Etats-Unis, la Turquie et certains pays arabes.
Or, dans un environnement international où la concurrence fait rage, les lacunes en matière de logistique s’avèrent être un frein à l’expansion commerciale.
De manière globale, la logistique englobe l’ensemble des activités concernant les flux de produits et d’information. Bien maîtrisée, elle permet une meilleure optimisation des ressources ainsi que la réduction des coûts.
Selon les estimations du ministère de l’Equipement et des Transports, les coûts totaux de la logistique au Maroc se sont élevés à quelque 20% du PIB en 2006. Un ratio supérieur à celui des pays de l’UE. Ce qui met le Royaume dans une position inconfortable par rapports à ses concurrents directs sur le marché européen.
Rien que le prix de la traversée Tanger-Algésiras est un frein à la compétitivité des exportations nationales. En effet, le coût de la traversée du détroit de Gibraltar correspond à près de la moitié de la traversée de l’Espagne, soit 600 à 700 kilomètres.
Autre exemple, le transport des produits marocains du textile-habillement vers les Etats-Unis coûte au moins deux fois plus cher que celui des produits thaïlandais ou chinois.
Dans ce secteur stratégique de l’économie nationale, des écueils persistent encore dans la gestion approvisionnement-export des produits à cycle court.
Les plus importants sont la faible réactivité durant la phase pré-commerciale, notamment à cause des coûts et délais inattendus de dédouanement ou de transport. Autre problème récurrent, celui du délai moyen de transport de Casablanca au nord de l’Europe (de 3 à 7 jours), qui demeure supérieur à celui des pays concurrents d’Europe de l’Est.
À ceci s’ajoutent les coûts élevés en logistique pour l’exportateur marocain, puisqu’ils atteignent près de 8,5% de la valeur des exportations ou 23,45% de la valeur ajoutée, selon les estimations 2006 de la Banque mondiale.
L’impact de la logistique se vérifie également dans le secteur des composants automobiles, qui demeure fortement concurrentiel.
L’un des grands défis des équipementiers est leur capacité à réagir à des cycles de commande très courts, ce secteur étant caractérisé par des exigences draconiennes en termes de délais de livraison.
Au niveau des insuffisances de la logistique sur le plan interne, le problème du transport est pointé du doigt. «Le transport routier de marchandises se caractérise par un faible rapport qualité/prix», peut-on lire dans l’étude.
L’offre est dans son ensemble abondante, mais les opérateurs internationaux peinent à trouver des partenaires de transport pouvant satisfaire leurs exigences.
D’autres lacunes ont été relevées dans ce secteur, notamment la prédominance de l’informel, ou encore la vétusté du parc de camions avec une moyenne d’âge de 13 ans, ce qui représente le double de celle du parc d’Europe centrale.
Le réseau ferroviaire est également à améliorer, puisque seuls les ports de Safi, Jorf-Lasfar, Tanger et Casablanca sont reliés par voie ferrée.
Outre les problèmes de transport, d’autres obstacles se dressent contre le développement d’une logistique moderne.
Le coût élevé du foncier entrave le développement de plates-formes logistiques, les chargeurs marocains, de faible taille, seraient réticents à communiquer leurs stocks et ne peuvent supporter le coût de l’externalisation ainsi que la faiblesse de la main-d’œuvre qualifiée.
Par ailleurs, l’offre de prestations logistiques reste faible et peu diversifiée au Maroc, soit moins d’une dizaine sur tout le territoire, avec une prédominance de filiales de groupes européens opérant souvent avec des multinationales.
Pour palier ces problèmes, plusieurs actions ont été engagées par les pouvoirs publics. La réforme du transport routier de marchandises ou encore l’extension du réseau routier et l’amélioration de la sécurité routière ont fait l’objet du Plan stratégique intégré d’urgence de la sécurité routière (PSIU), adopté pour la période 2008-2010.
L’étude du ministère conclut par des recommandations pour le développement d’une logistique efficace. Il s’agit principalement de réduire les coûts et délais de traversée du détroit de Gibraltar, ceux du passage au port de Casablanca, et de développer une offre de transport routier de qualité et de services logistiques à proximité des principaux ports du pays.
La production régulière d’indicateurs pour évaluer l’impact des réformes est également recommandée.
Source : l'Economiste
Commentaires