Le marché de l'eau compte des centaines
d'entreprises privées dans le monde. Dépollution,
assainissement ou traitement de l'eau sont des business lucratifs,
toujours à la conquête de nouveaux espaces.
Mais pour
cela, de lourds investissements sont nécessaires.
Et les
généreux payeurs doivent souvent s'armer de patience
avant de tirer profit de leurs investissements.
Vitale, l'eau est une matière première
particulière. Alors que plus de 2,5 milliards de personnes en
manquent dans le monde, les business de l'eau sont parmi les plus
rentables.
En 2007, le retour sur investissement des sociétés spécialisées dans l'eau était en moyenne de 35%, supérieur à ceux du pétrole et du gaz, estimés à 29%, selon le Bloomberg World Water Index. "Calmes" depuis plus de 50 ans, le secteur compte beaucoup sur les recherches en innovation.
Intenses ces dernières décennies, "les technologies ont dû évoluer pour s'adapter aux dégradations successives de la ressource", explique Vincent Johanet, directeur de la rédaction des éditions éponymes.
Ces trente dernières années, des innovations telles que les techniques membranaires, les ultra-violets ou le charbon actif ont été expérimentées avec succès.
Rachetées par de grands groupes du secteur, les cleantech innovantes en la matière, comme Zenon, ont touché le pactole.
General Electric a ainsi acquis en 2006 pour près de 500 millions d'euros Zenon Environmental, spécialiste des membranes. "Ces investissements sont très vite rentables, mais il ne faut pas oublier qu'ils sont aussi colossaux", commente Vincent Johanet.
Pour améliorer les processus d'épuration et de traitement de l'eau, les géants Veolia ou Suez doivent mobiliser des dizaines de chercheurs sur plusieurs années.
Implanter des sites de dépollution ou de traitement dans le monde nécessite plus de 15 ans d'études. La patience est donc de rigueur.
Envisagées sur le long terme, les infrastructures nécessaires pour rendre l'eau potable restent onéreuses. "On ne peut pas parler, de façon globale, de pénurie d'eau dans le monde, il y a plutôt des pénurie locales d'infrastructures pour la traiter et la rendre potable", précise Vincent Johanet.
Car les technologies sont au point, mais les pays qui peuvent investir et payer les factures, comme les Emirats Arabes Unis récemment, sont déjà moins nombreux.
"Au-delà des financements, il faut aussi prendre en compte la stabilité politique du pays", analyse Vincent Johanet.
Risquer d'investir, comme cela a été récemment le cas en Amérique du Sud, pour être ensuite mis à la porte du pays par un nouveau président, n'est pas un luxe que se paient les entreprises. "Le secteur a besoin de travailler sur le long terme, les mouvements capitalistiques y sont rares et les décisions d'investissement mûrement réfléchies", explique Vincent Johanet. Business is business.
Concilier l'accès à l'eau potable pour le plus grand nombre avec la rentabilité des entreprises détentrices des technologies reste le défi du millénaire.
Source : Journal du Dimanche