«L’équilibre est tendu entre l’offre et la demande en électricité. La puissance installée (5.300 MW) est supérieure à la puissance électrique appelée ( 4.800 MW). Notre marge de réserve s’en trouve donc limitée».
C’est ainsi que Amina Benkhadra, qualifie la situation actuelle. La ministre a expliqué qu’une panne au niveau d’une centrale pourrait faire vaciller cet équilibre.
«En cas d’événements fortuits dans les centrales, la puissance disponible s’en trouverait réduite». Un scénario auquel l’ONE est préparé à travers un plan d’urgence. En cas de force majeure, l’Office procédera à «un jeu de coupures par priorité».
Cette gestion en «flux tendus», due en partie aux retards dans les investissements, s’estompera au fur et à mesure de l’arrivée de nouvelles capacités. Celles-ci sont attendues au cours des trois prochaines années à raison de 700 à 800 MW par an.
Un plan d’action prioritaire sur quatre ans est mis en place avec des objectifs en termes d’offres de nouvelles capacités électriques (voir tableau) et de mesures assurant une meilleure efficacité énergétique.
Toute une stratégie est concoctée avec des actions à court terme et d’autres s’inscrivant dans le long terme telles que le nucléaire, la biomasse et le solaire (2020-2030). L’objectif étant d’assurer une sécurité de l’approvisionnement dans un contexte marqué par une croissance soutenue de la demande de 7, voire 9%, en intégrant les plans en cours de finalisation tels que le Maroc Vert, les nouvelles villes ou encore le dessalement de l’eau de mer.
Au Maroc, le choix s’est porté sur une diversification «des sources et ressources». Le bouquet électrique tient compte de critères économiques, stratégiques, environnementaux et politiques.
La satisfaction de la demande aux meilleurs coûts, la sécurité de l’approvisionnement et le degré de dépendance ont guidé les choix.
«Nos industriels ne sont pas prêts à payer n’importe quel prix au risque de voir leur industrie disparaître. Nous avons tenu compte des coûts complets dans une perspective nationale de planification», affirme Amina Benkhadra.
Une analyse comparative des différentes sources de production d’énergie a été réalisée. Le choix a par la suite porté sur le charbon qui reste la source la moins chère en raison d’une relative corrélation au pétrole et d’une concentration limitée.
C’est aussi le combustible le plus sûr et dont la source est facilement accessible. Des explorations démarreront au sud de Jerrada (la mine restera fermée) et du bassin de Zag pour évaluer le potentiel. Le benchmarking réalisé par le département de l’Energie place l’hydroélectricité en seconde position. Viennent ensuite les centrales à gaz et l’éolien.
«Le nucléaire est aux mêmes coûts que la biomasse, soit 25 à 30% de plus que le charbon. En revanche, le solaire coûterait huit fois plus que le charbon ou l’hydroélectricité», indique Benkhadra.
Le bouquet électrique se base donc sur le charbon en tant que source d’énergie et l’optimisation des ressources en gaz, notamment celle du gazoduc pour alimenter les centrales électriques dont celles de Tahaddart et de Aïn Bni Mathar.
«Nous restons ouverts à toutes les possibilités de développement du gaz dès lors que nous aurions sécurisé son approvisionnement», affirme la ministre. Le bouquet n’étant pas figé, des réajustements pourraient y être apportés.
C’est le cas des schistes bitumineux qui pourraient se substituer à une partie du charbon dans les centrales. Mais à condition que les tests pour une production de l’énergie électrique soient concluants.
Un projet de centrale électrique de 100 MW à Tarfaya sera mené par l’ONE au cours des quatre prochaines années. L’Office est en contact avec l’Estonie, qui produit 80% de son électricité à partir des schistes bitumineux.
L’éolien dont le Maroc dispose d’un potentiel de 6.000 MW sur les sites étudiés sera introduit progressivement dans la production électrique globale du pays. Et ce, à travers le programme de 1.000 MW (Energipro).
L’interconnexion avec l’Espagne et l’Algérie sera renforcée. Le Maroc est relié à l’Espagne par deux lignes de 400 kilovolts qui ont une puissance de 1.200 MW.
Une troisième ligne sera construite pour permettre de passer à 1.700 MW de puissance installée. Avec l’Algérie, la troisième ligne est en cours d’ouverture et permettra d’améliorer les conditions de connexion entre les deux pays. «Du fait de nos réserves réduites, nous dépendons structurellement de l’Espagne puisque nos importations représentent 7% de la puissance appelée quotidiennement», assure Benkhadra.
L’optimisation de l’hydroélectricité figure aussi dans le scénario de base. Un programme est en place et consiste en la construction d’une station de transfert d’énergie par pompage de 400 MW tous les 4 à 5 ans ainsi que l’équipement des barrages qui ne le sont pas encore.
Cette nouvelle stratégie sera accompagnée par la mise en place d’une nouvelle organisation du secteur de l’électricité. De même, une réflexion globale sur le cadre réglementaire sera menée.
Source : l'Economiste
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