En ce mois de mars 2008, le cours du pétrole à plus de 100 dollars, plus de 1,50 dollar un euro soit une dépréciation du dollar de plus de 50% en l'espace de sept (07) années en référe...
En ce mois de mars 2008, le cours du pétrole à plus de 100 dollars, plus de 1,50 dollar un euro soit une dépréciation du dollar de plus de 50% en l'espace de sept (07) années en référence à l'euro : quel est l'impact sur l'économie algérienne posant pour l'Algérie l'urgence d'une gestion active de ses réserves de change, si elle veut éviter qu'elles ne fondent comme une glace au soleil. Nous répondrons à 4 questions.
Question 1-Quels sont les impacts économiques de la hausse du cours du pétrole ?
Comme tous les pays pétroliers et gaziers, l'impact le plus évident pour l'Algérie est une aisance financière inégalée due non à une bonne gouvernance interne mais à des facteurs exogènes, ayant cinq conséquences essentielles : Premièrement l'accroissement des réserves de change qui ont progressé fortement passant d'environ 4 milliards de dollars Us en 1999 à 56,18 en 2005 , 77,78milliards de dollars à fin décembre 2006 et plus de 110 milliards fin janvier 2008, dues au cours du brent qui est passé de 17,91 en 1999, 29,03 en 2003, 54,64 en 2005 , 65,4 fin 2006 et une moyenne de 75 dollars fin 2007 à la fois pour des raisons économiques dont la croissance des pays émergents comme la Chine et l'Inde, la dépréciation du dollar monnaie de référence qui varie proportionnellement au cours de l'euro , la spéculation boursière et les tensions géo- politiques notamment au Nigeria , en Iran et la stratégie du géant russe Gazprom en rappelant que l'OPEP ne représente que 40% de la production commercialisée au niveau mondial. Cela a eu un impact sur les recettes de l'Etat artificiellement augmentées avec un cours officiel de plus de 70 dinars un dollar et plus de 100 dinars un euro (encore que cette cotation de la banque d'Algérie ne reflète pas la réalité de la dépréciation du dollar par rapport à l'euro) et par voie de conséquence l'importance des liquidités au niveau des banques primaires.
Mais avec ce paradoxe que le taux d'épargne est en moyenne 2006/2007 de 56,3% et le taux d'investissement 31%, 25% des revenus du pays n'étant ni consommés ni investis. Liées à cet aspect, les différentes lois de finances algériennes depuis 1999 ont tablé sur un baril de 19 dollars expliquant le déficit budgétaire de la loi de finances 2008 de 35% mais calculé sur un baril de 70 dollars nous aurons seulement 3%.
Car ce ratio sur le PIB est à corriger si l'on tient compte du cours réel, puisqu'une fraction du montant du fonds de régulation dont le montant fin 2007 est de 3215 milliards de dinars (déclaration du ministre des finances le 5 janvier 2008) contre 2931 fin 2006. Cela a servi à financer le déficit du trésor mais avec obligation de maintenir le solde de ce fonds à hauteur de 740 milliards de dinars. Deuxième conséquence est que cette aisance financière a permis les remboursements par anticipation de la dette extérieure.
Car en 20 ans, (1986/2006), l'Algérie a payé 117,9 milliards de dollars dont près de 84 milliards de dollars de remboursement du principal et 34 milliards de dollars pour les intérêts. De 30 milliards de dollars US en 1999(tout en en rappelant la cessation de paiement et le rééchelonnement de 1994), de 15,5 milliards de dollars en 2004, le stock de la dette extérieure tombe à moins de 5 milliards de dollars fin 2006 soit environ 4% du PIB et 12% des recettes d'exportation, environ 3,5 milliards de dollars fin 2007 soit à 3% du PIB et les réserves de devises permettent 40 mois d'importation de biens et services.
Troisième conséquence est la réduction de la dette publique intérieure qui est passée de 1780 milliards de dinars fin 2006 à 1050 fin 2008 15% du PIB contre 32,6% fin 1999. Car, la dette interne algérienne fin 2006 était composée de la dette courante (bons du Trésor sur le marché et sur formule), évaluée à 403 milliards de dinars, et des dettes dites d'assainissement, estimées à 1 376 milliards de dinars.
Face à cette aisance financière, dans la foulée, l'assainissement des entreprises publiques qui a déjà coûté au trésor plus de 40 milliards de dollars US entre 1991/2007 continue et la loi de finances 2008 prévoit encore 4 milliards de dollars US.
Cependant le problème majeur posé est le suivant : en ne s'attaquant pas à l'essence du mal qui ronge le corps social, qui est un blocage systémique, tant des entreprises publiques que de la mauvaise gestion de l'administration et des services collectifs, renvoyant à la refonte de l'Etat gestionnaire devant passer à l'Etat régulateur en économie de marché, ne risque t-on pas à terme à voir de nouveau croître cette dette publique?
Quatrième conséquence l'importance de l'excédent commercial et ce malgré que plus de 60% de nos importations se font en euros et plus de 98% de nos exportations en dollars. Dans ce cadre, il est utile de signaler qu'un baril de 90 dollars et des réserves de change de 110 milliards de dollars équivalent en termes de parité de pouvoir d'achat euros en ce mois de mars 2008 respectivement à moins de 50 et 55 milliards d'euros.
Certes, les importations pour 2007 ont été de 27 milliards de dollars US en CAF et les exportations 60 milliards de dollars mais il ne faut pas analyser la balance commerciale mais la balance de paiement qui tient compte des mouvements de capitaux. Car, les exportations de plus de 58 milliards de dollars d'hydrocarbures (2,2% hors hydrocarbures 2007) doivent prendre en compte l'investissement réalisé,qui est en baisse depuis la modification de la loi des hydrocarbures ( les recettes étant fonction du vecteur prix beaucoup plus que du vecteur quantité), les transferts de capitaux des associés de Sonatrach et également le coût de l'assistance technique et de l'importation des biens d'équipement et de matières premières de ce secteur pour avoir le solde final net.
Cinquième conséquence est l' accroissement en valeur monétaire du produit intérieur brut, en 2007 évaluée à 9374 milliards dont 4140 pour les hydrocarbures donc plus de 40% à prix courant soit 135 milliards de dollars US et ce contre un PIB de 105 milliards de dollars Us en 2005, 84 en 2004, 68 en 2003 , donnant 3968 dollars par tête d'habitant contre 3478 en 2007. Pourtant, les segments à l'aval des hydrocarbures comme la pétrochimie, et hors hydrocarbures porteurs de croissance et de création d'emplois durables accusent une régression en valeur relative, alors que des pays pétroliers plus importants ont une part hors hydrocarbures variant entre 30 et 40%.
Ainsi, hors hydrocarbures le PIB par tête d'habitant fluctue entre 1600/1800 dollars et l'indice du développement humain élaboré par le PNUD pour 2006/2007 hors hydrocarbures beaucoup plus fiable que le PIB tenant compte de l'éducation et de la santé notamment, classe l'Algérie comme un des pays les plus pauvres de la planète.
Dans le rapport de 2007 de la Banque mondiale , l'Algérie est classée pour le climat des affaires à la 125ème position sur 178 pays contre 116ème position en 2006/2007 reculant de 9 points , rejoint par le rapport de 2008 de Fondation Héritage en collaboration avec le journal financier le Wall Street Journal sur les libertés économiques où elle a été classée en 2008, 102ème sur 157 pays, l'économie algérienne, étant une des économies les moins libres avec la République du Congo,le Zimbabwe et la Birmanie du fait de nombreux obstacles bureaucratiques .
Question 2.- Quel est l'impact sur la valeur réelle des réserves de change ?
Du fait de la faiblesse des capacités d'absorption et de cette aisance financière, l'Algérie selon le gouverneur de la banque d'Algérie lors de la réunion avec les DG des banques et des établissements financiers le 15 octobre 2007 a réalisé des placements à l'étranger ayant atteint en moyenne courant 2007 plus de 3600 milliards de dinars soit environ 51 milliards de dollars US ( rappelons selon l'Institut Paterson proche du département d' Etat US dans sa note de conjoncture 2007 donne le montant de 43 milliards de dollars US placés en bons de trésor américain , le restant étant placé dans des banques internationales bien cotées appelées AAA) .
Pour ces 43 milliards de dollars US, l'Algérie ne pouvant retirer son argent à court terme au risque de perdre le gain des intérêts ( minimum 5 années , ces placements étant garantis par l'Etat américain avec un taux fixe,bien que faible environ 5%).
Tenant compte de la dépréciation du dollar, le montant en pouvoir d'achat euros de ces bons de trésor est de 22 milliards d'euros. En prenant en compte le taux d'inflation américain de 2,5%( taux d'intérêt net 2,5%) permettant une somme d'intérêt ne dépassant pas le 1 milliard de dollars, cela donne une dépréciation en termes de parité de pouvoir d'achat euros de 22 milliards moins 1 milliard, soit 21 milliards de dollars US(solde net).
Pourtant, il serait intéressant de savoir si la dépréciation n'est pas plus importante par la prise en compte de la différence c'est à dire 110 milliards de dollars moins les 51 milliards de dollars placés à l'étranger, soit 59 milliards de dollars restants en quelle monnaie ils sont libellés.
Source : le Maghreb
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