Il sera signé entre l'Etat et la CGEM dans quelques semaines.
5 axes : zones logistiques, intensification des échanges, acteurs intégrés, formation et régulation.
Objectif : baisser les coûts de la logistique de 20% à 15% en 2015.
Valeur ajoutée additionnelle de 3 à 5% du PIB d'ici 5 ans déjà.
Enfin,
le contrat programme pour la logistique ! La Confédération générale des
entreprises du Maroc (CGEM) et le gouvernement s’apprêtent à signer cet
engagement bilatéral tant attendu dans les semaines à venir.
Ce contrat
programme qui devait initialement s’étaler sur la période 2009-2015 est
le résultat d’une réflexion entamée en 2008 déjà, renforcée par une
étude menée par le cabinet McKinsey durant toute l’année 2009.
Il
constitue la base d’une nouvelle stratégie intégrée pour doper la
compétitivité de la logistique au Maroc. Il est évident, en effet, que
cette activité se trouve en décalage avec la politique des grands
chantiers d’infrastructures réalisés durant ces dix dernières années ou
en cours de réalisation (construction d’autoroutes, de ports,
renforcement du réseau ferroviaire, etc.).
Politique soutenue par la
libéralisation et l’introduction de la concurrence dans le secteur du
transport de marchandises.
Selon les experts, si le secteur de la logistique, qui contribue
aujourd’hui à hauteur de 5% au PIB et emploie quelque 300 000
personnes, se situe à un stade intermédiaire aujourd’hui (voir notre
supplément «Transport et logistique» en cahier détachable, dans ce même
numéro), il présente un grand potentiel de développement, notamment au
niveau de l’offre de service, de l’amélioration des coûts et des délais
ainsi qu’au niveau du développement de certaines infrastructures
spécialisées. Le décor ainsi planté. Le contrat programme qui entrera en vigueur dès
sa signature vise à établir le cadre global pour le développement de
l’activité incluant toutes les branches (maritime, portuaire,
ferroviaire, routière et plateformes). I
l sera accompagné de contrats
d’application sectoriels pour l’amélioration de la compétitivité. Une
dizaine d’activités est ainsi concernée, dont les produits
énergétiques, la distribution interne, l’import export et les matériaux
de construction.
Un objectif environnemental aussi : 35% de CO2 en moins
De plus, des contrats spécifiques seront aussi élaborés pour le
développement de zones logistiques dans les régions, principalement au
niveau du Grand Casablanca et de Tanger-Tétouan. Ce qui suppose
l’implication des opérateurs privés, des différents départements
ministériels et des collectivités locales.Ainsi, toutes les parties impliquées s’engageront sur des objectifs
généraux clairs. Il s’agit de baisser les coûts de la logistique de 20%
à 15% en 2015 et d’accélérer la croissance grâce à cette économie. On
estime que l’émergence d’un secteur logistique performant avec des
acteurs compétitifs et des plateformes de services professionnelles est
en mesure de se traduire par une valeur ajoutée additionnelle qui peut
atteindre 3 à 5% du PIB à l’horizon 2015, soit 15 à 20 milliards de DH
à cet horizon, ce qui représenterait 0,5 à 0,7 de point de PIB
annuellement.
Par ailleurs, tout un volet est consacré à l’apport logistique à
l’économie en termes de réduction des nuisances et de décongestion des
routes. Ainsi, la mise en œuvre du contrat devrait se traduire par une
baisse de 35% des émissions de CO2 vers 2015 de même qu’une réduction
de 30% du nombre de tonnes émises par kilomètre. Un réseau national de zones logistiques multi-flux pour améliorer la connectivité
Cinq axes ont été définis pour atteindre ces objectifs. Ce sont la
création d’un réseau national intégré de zones logistiques multi-flux
(ZLMF), l’intensification des flux de marchandises (conteneurs, vrac et
divers), l’incitation à l’émergence d’acteurs logistiques intégrés et à
la mise à niveau des acteurs existants, la mise en œuvre d’un plan de
développement pour la formation aux métiers de la logistique et la
création d’un organisme de régulation et de bonne gouvernance.La mise en place des plateformes logistiques, pierre angulaire de toute
cette stratégie, nécessite des préalables et particulièrement la
mobilisation d’un foncier à des prix raisonnables à proximité des
villes, des ports et des lieux où est concentrée la demande. Il faudra
également des infrastructures adaptées pour une connectivité efficace,
et surtout une régulation du transport de marchandises en milieu urbain
et dans les zones périphériques (voir encadré sur le cas de Casablanca ci-dessous).
L’objectif étant d’avoir un service logistique de haut niveau tout en
tenant compte des politiques d’aménagement du territoire et des
exigences du développement durable, le contrat programme estime la
superficie globale du foncier pour la réalisation de ce schéma à 1 980
ha à l’horizon 2015 et à 3 200 en 2030. L’Etat s’engage ainsi à
utiliser largement le foncier lui appartenant et aura recours, en cas
de besoin, au foncier du privé grâce à des mesures incitatives. Mais l’attention sera focalisée en premier lieu sur les zones de
Casablanca et Tanger-Tétouan. La superficie globale pour la première
est estimée à 567 ha à l’horizon 2015 et 926 en 2030 avec un contrat
d’application spécifique pour cette région, alors que la seconde
nécessite 207 ha en 2015 et 358 en 2030.
Plus tard, seront ciblées Rabat, Meknès, Fès, Marrakech, Agadir, Oujda,
Kénitra, Khouribga, Settat, Nador, El Jadida, Safi, Béni Mellal, Taza
et Dakhla. Les zones peuvent être étendues à d’autres villes en cas de
besoin, ou regroupées si cela s’avère nécessaire pour la gestion des
flux. Transport & équipement, commerce et industrie, agriculture, intérieur… plusieurs départements ministériels concernés
Ceci étant, cinq types de plateformes sont prévues dans le cadre de ce
schéma national intégré. Les premières sont les plateformes à
conteneurs, sous douane ou pas, qui offrent des aires de stockage de
dépotage/empotage, de triage de conteneurs par destination pour être
acheminées vers les plateformes des autres villes qui seront aussi au
nombre de cinq dans un premier temps (Casablanca, Tanger, Marrakech,
Fès-Meknès et Oujda-Nador).En deuxième lieu, on a les plateformes de distribution et de
sous-traitance logistique qui seront développées pour être au service
de la grande distribution et pour organiser les réseaux traditionnels
de distribution. Une douzaine de villes a été retenue pour accueillir
ce genre de plateformes, ce qui permet de toucher tout le territoire.
Troisièmement, une quinzaine de villes a aussi été sélectionnée pour
abriter des plateformes destinées à rationaliser le flux des produits
agricoles à partir des lieux de production vers les lieux de
consommation. L’objectif, au-delà de la commercialisation de ces
produits, consiste à avoir des infrastructures de manutention et de
stockage avec des capacités importantes d’entrepôts frigorifiques pour
assurer la continuité des chaînes de froid et la traçabilité des
produits dans le respect des conditions d’hygiène. A ce titre, un
programme de mise à niveau des marchés de gros est prévu dans toutes
les villes.Les quatrièmes sont les plateformes céréalières qui doivent constituer
une réponse aux fluctuations de la production nationale et aux
fluctuations du prix des céréales sur le marché international. Ainsi,
de nouveaux silos seront construits avec des capacités de stockage des
céréales à proximité des ports et des bassins de production et de
consommation locales pour sécuriser l’approvisionnement et agir sur les
prix. Ces lieux de stockage offriront aussi d’autres services comme le
groupage de la production nationale, le lavage, la classification et la
fertilisation des semences. Une forte coordination est prévue dans ce
sens avec la mise en œuvre du plan Maroc vert. Une capacité de stockage
de 15 millions de tonnes est ainsi prévue dans 13 villes.
Enfin, 15 villes sont concernées par les plateformes dédiées aux
matériaux de construction pour arriver à un meilleur flux de ces
matériaux, de leur commercialisation et de leur stockage. L’objectif
visé est l’harmonisation des prix de ces matériaux et l’instauration
d’une saine concurrence en termes de qualité et de prix.Il faut signaler que les matériaux de construction constituent le flux
de marchandises le plus important avec 25 millions de tonnes qui
circulent chaque année à travers le pays, pour une grande part en
camions.
La
mise en œuvre du contrat programme logistique avec toutes ses
composantes va nécessiter un investissement total de 116 milliards de
DH à l’horizon 2030 dont 63 milliards pour la période initiale de 5 ans
qui devait être comprise entre 2010 et 2015. Ces investissements seront
mobilisés grâce à des partenariats entre opérateurs privés et publics.
En effet, la contribution du Budget de l’Etat va se limiter aux
infrastructures de liaison entre les plateformes, la formation et à la
mise en place de l’Agence de régulation et de l’Observatoire de la
logistique.
Pour finir, il convient de signaler que si ce contrat programme est
l’œuvre du département du transport et de l’équipement, sa mise en
œuvre nécessitera la mobilisation de plusieurs acteurs publics dont les
départements du commerce et de l’industrie, de l’agriculture, de
l’intérieur ainsi que des entreprises et établissements publics. En ce
sens, l’existence d’un organe de régulation est plus que nécessaire.
Découpage :Six zones logistiques multi-flux pour Casablanca La
nouvelle stratégie de développement logistique prévoit pour
l’agglomération du Grand Casablanca la mise en place de six zones
logistiques multi-flux qui seront logées dans les localités de Zénata,
Nouaceur, Ouled Salah, Médiouna et Bouskoura.
Zénata accueillera la
plus grande plateforme à conteneurs du pays qui sera développée
progressivement en fonction de l’évolution de la demande.
Pour
accompagner le développement de cette zone, le gouvernement devra
élaborer un nouveau schéma portuaire en relation avec cette zone par la
construction d’une connexion routière et ferroviaire de 20 km
permettant une liaison rapide et facile entre le port de Casablanca et
la zone de Zénata.
Cela contribuerait à la décongestion de
Casablanca, notamment par la régulation de la circulation des camions
de marchandises. En effet, l’Etat s’engage dans cette optique à
encourager la conclusion de partenariats entre les établissements
publics et les entreprises pour développer un service de traitement des
conteneurs dans cette zone et à interdire la circulation des poids
lourds de grand tonnage et des camions porte-conteneurs à l’intérieur
du périmètre urbain.
La ville, elle-même, sera approvisionnée par
des camions à petits tonnages à partir de la zone logistique avec une
régulation qui permettrait de limiter la congestion de la circulation.
Le secteur privé s’engage, pour sa part, à promouvoir cette zone
logistique et à sensibiliser les opérateurs économiques aux bienfaits
du développement durable et à la congestion de la ville. Il s’agit
notamment de sensibiliser les transporteurs poids lourds pour
reconvertir une partie de leur activité en transport de petit tonnage.
Synopsis :Les chiffres du contrat programme 116 milliards de DH à investir en 20 ans dont 63 milliards d’ici à 2015.
Baisse des coûts de logistique de 15 à 20 % d’ici à 5 ans.
3 200 ha de foncier à mobiliser en 20 ans dont 1 980 en 5 ans.
Cinq types de zones logistiques : conteneurs, produits finis, blé, produits agricoles, matériaux de construction.
Une trentaine de villes connaîtront des aménagements d’adaptation en matière d’infrastructures.
Ressources humaines :62 000 personnes à former d'ici à 2015
Pour
faire face aux besoins en ressources humaines de ce contrat programme
logistique, les pouvoirs publics s’engagent à former à l’horizon 2015
autour de 60 000 personnes tous profils confondus.
Cette formation
s’appuiera sur le système de l’enseignement supérieur, en l’occurrence
les universités et les grandes écoles d’ingénieurs ainsi que les écoles
de techniciens.
Elle s’articulera autour du développement des masters
spécialisés au sein des facultés et des écoles, mais il est aussi prévu
de recourir au plan 10 000 ingénieurs avec l’adaptation de certaines
filières aux besoins en logistique. Par ailleurs, on compte sur
l’activation des filières généralistes Bac+3 et Bac+2.
Pour les
autres profils, il s’agira de mettre à contribution l’Office de
formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) qui
dispense déjà des formations aux métiers de la logistique dans certains
de ses établissements, comme c’est le cas à Casablanca, en partenariat
avec le ministère du transport et les professionnels.
L’Etat mettra
ainsi à la disposition de l’office des terrains à l’intérieur des zones
logistiques pour lui permettre un accompagnement de proximité au sein
de ces plateformes. A ce titre, 6 à 8 centres de formation de
techniciens et opérateurs seront créés à Casablanca, Rabat, Tanger,
Oujda, Fès et Marrakech.
Il est aussi prévu d’encourager les
opérateurs privés à créer des instituts spécialisés de formation dans
les domaines logistiques, notamment ceux non couverts par l’OFPPT comme
le transport ferroviaire ou maritime. Ces instituts peuvent avoir le
soutien de l’Etat y compris financier.
L’Agence nationale pour la
promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC) peut aussi être mise
à contribution pour des partenariats avec les opérateurs privés de
formation spécialisée dans ces métiers. Toujours est-il qu’il est prévu
de former à l’échéance 2015 quelque 800 managers, 1 500 ingénieurs, 12
950 techniciens et 46 300 opérateurs spécialisés, soit un total de 61
600 personnes.
Source : LogistiquesNews