La première zone industrielle dans les Territoires palestiniens va
naître cette semaine aux portes de Bethléem (Cisjordanie), avec le
soutien de la France et l'ambition d'appuyer l'essor économique d'un
futur Etat de Palestine.
Elle s'étend sur 20 hectares au sud de
Bethléem, au pied du célèbre cône du mont Hérodion, dans les collines
ocres de Judée.
Le parc industriel sera inauguré jeudi par le ministre français de
l'Industrie, Christian Estrosi, accompagné d'une délégation
d'entrepreneurs. Le parc industriel doit être opérationnel début 2011 et
vise à créer entre 500 et 1.000 emplois.
L'accord de concession a été
paraphé fin mars entre l'Autorité palestinienne et une société mixte
franco-palestinienne, la BMIP (Bethleem Multi Purpose Industrial Park).
Le terrain a été mis à disposition de l'Autorité par le Waqf, l'office
des biens musulmans, pour 50.000 dinars jordaniens (50.000 euros) par
an. Ce projet est un partenariat public-privé entre la Palestinian
Industrial Estate and Free Zones Authority (PIEFZA), l’autorité publique
chargée des zones industrielles dans les Territoires, et la BMIP, qui
regroupe à part égale des actionnaires privés palestiniens de Bethléem
et des investisseurs français.
La France a débloqué, via l'Agence
française de développement (AFD), dix millions d'euros pour "soutenir
l'attractivité" du parc d'activités en finançant le raccordement aux
réseaux d'eau et d'électricité, une route d'accès et l'assainissement.
Ce projet, vu favorablement par Israël, avait été décidé par les
présidents français Nicolas Sarkozy et palestinien Mahmoud Abbas en juin
2008. "Le message est de montrer qu'il est possible d'investir en
Palestine, de donner une bouffée d'espoir", explique Hervé Conan,
directeur de l'AFD à Jérusalem.
"Il s'agit de soutenir les PME
palestiniennes à l'export et surtout dans la reconquête du marché local,
car moins de 30% des produits consommés en Palestine sont +made in
Palestine+", souligne M. Conan.
Le projet répond aux priorités du Premier ministre Salam Fayyad, un
économiste qui a pour objectif de donner naissance à un Etat palestinien
indépendant en août 2011, quelle que soit l'avancée des discussions
avec Israël. Selon le ministre palestinien de l'Economie, Hassan Abou
Libdeh, le parc de Bethléem hébergera "la plus grosse pépinière
industrielle (des territoires)".
"Les revenus seront extrêmement
bénéfiques pour les Palestiniens", a-t-il souligné récemment. "Il s'agit
d'aider les Palestiniens à moins dépendre de l'aide grâce au secteur
privé", affirme Valérie Hoffenberg, l'initiatrice du projet.
"C'est un
projet pilote, du concret qui crée une dynamique, il faut dépasser le
scepticisme", plaide la représentante spéciale de la France pour la
dimension économique, culturelle, commerciale, éducative et
environnementale du processus de paix au Proche-Orient.
Les autres tentatives similaires sont mort-nées, "à cause des
restrictions imposées par l'occupation israélienne", accusent les
Palestiniens.
Le chantier le plus ambitieux, à Jénine (nord), initié par
les Allemands et les Turcs, pourrait redémarrer grâce à un entrepreneur
turc d'ici la fin de l'année "si tous les obstacles israéliens sont
surmontés", espère M. Abou Libdeh.
Mais les autres projets à Jéricho,
Hébron (Cisjordanie) ou Gaza sont ensablés. "Nous sommes discrets, nous
ne parlons pas trop fort, nous préférons travailler", assure le
président de la BMIP, Samir Hazboun.
"Nous montrons aux investisseurs palestiniens qu'on peut faire les
choses sérieusement. J'espère que les Israéliens comprendront aussi le
message."
Source : le Figaro