Il est urgent de mettre des sanctions administratives obligeant les patrons à réparer les dommages causés à la nature.
Des sociétés laissent couler leurs eaux toxiques dans le réseau d'assainissement public provocant l'effondrement de la chaussée à Casablanca, un paysage désastreux constitué par le déversement des eaux de marbreries dans l'oued Ykem dans la région de Skhirate-Témara; d'autres n'hésitent pas à déverser leurs eaux usées dans les réseaux de collecte d'eaux de pluies menaçant les nappes phréatiques et, par conséquent, aggravent les coûts de traitement des eaux potables: des centaines de cas similaires existent dans notre pays où des industriels polluent impunément l'environnement.Pour sensibiliser sur le danger de ces pratiques, deux manuels portant respectivement sur le contrôle environnemental et sur les procédures d'autorisation des rejets dans le domaine de l'eau ont été présentés lors d'un atelier organisé dernièrement à Rabat par le secrétariat d'Etat chargé de l'Eau et de l'Environnement (SEEE), dans le cadre des activités de l'Initiative de partenariat au niveau de Moyen-Orient (MEPI). Une rencontre initiée en collaboration avec l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA).
«Notre rencontre consiste à la capitalisation des actions réalisées conformément au plan d'action du projet MEPI par la présentation de deux manuels. Le premier portant sur la procédure d'autorisation des rejets des eaux usées industrielles et l'autre sur le contrôle environnemental», explique Francesca Di Cosmo, directrice du programme MEPI à l'EPA.
En matière de sanctions, les participants à cette réunion ont appelé à l'harmonisation du travail des différents corps de contrôle (police de l'eau, police de chasse et brigades de l'environnement) sans laquelle toute action reste inefficace.
«Il devient urgent de renforcer l'arsenal juridique par des sanctions administratives qui obligent les industriels à réparer les dommages causés à l'environnement», souligne Mohamed Hachimi de la Division de la législation des eaux au SEEE.
Rappelons que la loi 10-95 sur l'eau soumet toute utilisation de cette ressource et tout déversement autorisé d'eaux usées au paiement de redevances.
Mais ce texte juridique crée une discrimination entre les entreprises puisqu'il ne concerne que les régions intérieures du pays et non les zones côtières où est installée la majorité du tissu industriel national.
Pour remédier à cette situation, un projet de loi sur le littoral a été élaboré, mais il «dort» depuis longtemps au Secrétariat général du gouvernement (SGE).
La dégradation de l'environnement, rappelons-le, coûte annuellement au Maroc, selon la Banque mondiale, 13 milliards de dirhams, soit 3,7 % de notre Produit intérieur brut (PIB).
Mais la solution serait la promulgation des valeurs limites de rejets (VLR) industriels qui devraient voir le jour à l'horizon 2014.
En attendant cette échéance, un dispositif d'aide à la dépollution a été créé. Il s'agit du Fonds de dépollution industrielle (FODEP) mis en place avec la coopération financière allemande (KFW) qui finance jusqu'à 40% du projet et l'Agence du bassin hydraulique (ABH) dont la participation s'élève à 20%.
Aussi, des banques ont créé des lignes de crédits à long terme avec des taux réduits. Malgré ces encouragements, certains patrons, issus de l'ancienne génération, restent toujours récalcitrants au changement, inquiétés par les sommes plus au moins importantes de que les nouveaux payent, étant obligés d'agir selon les normes par la présentation de l'étude d'impact sur l'environnement. Les récalcitrants doivent toutefois savoir que les aides ne sont pas éternelles et que les pouvoirs publics s'apprêtent à sanctionner les «fraudeurs».
Dans l'avenir, notre pays va manquer d'eau et il faut trouver des alternatives.Le traitement des eaux usées industrielles est parmi les solutions à la pénurie d'eau. Notre région souffre déjà d'un déficit hydraulique et nous précédons à environ 40% de transfert d'eau pour répondre à la demande», a indiqué Mohammed Boutayeb, administrateur à l'Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia-Ben Slimane, lors de la 3e rencontre thématique du Forum pour l'application des lois environnementales (Florale), organisé dernièrement par le SEEE, la GTZ et la préfecture de Mohammédia sur le thème «L'industrie et les défis de la gestion des eaux usées industrielles».
Le Florale a été mis en place comme réponse au souhait de l'industrie, pour que la vulgarisation de la réglementation environnementale soit assurée par un mécanisme participatif de proximité, privilégiant le dialogue public-privé et local-national.
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