La décision du Chef de l’Etat, le 23 septembre dernier, d’étendre l’agriculture irriguée et géothermique sur une surface de 350 hectares dans la région de Gabès (80 ha dans la zone de Métouia, puits géothermiques à Béchima el Borj, etc .), confirme l’importance grandissante de l’agriculture géothermique dans le développement du Sud tunisien, tout particulièrement, dans les 3 gouvernorats de Gabès, Kébili et Tozeur.
L’agriculture géothermique initiée il y a 20 dans le Sud tunisien est désormais un vecteur de développement et d’employabilité de premier ordre. Elle est également une source de devises non négligeable et participe à la quasi-totalité des exportations de primeurs à destination de l’Europe et des pays du Golfe (Dubaï).
La serriculture géothermique dans la région qui permet une production moyenne annuelle de 8000 tonnes (45% destinée à l’export) s’est spécialisée dans la production de tomates et de melon, et dans une moindre mesure dans les concombres, les piments et les pastèques.
Ces fruits et légumes qui utilisent des eaux chaudes entre 40 et 70°C permettent une augmentation de 25% des primeurs de qualité, une augmentation moyenne de 2 tonnes à la serre (productivité de 20% à 50% plus importante), mais surtout précocité des produits d'un mois par rapport aux serres traditionnelles. En bref, la possibilité d’avoir des produits hors saison, et de proposer à la vente par exemple des melons en plein hiver européen.
Une situation qui a permis pour les tomates d’El hamma, Chenchou, El Khebayat et Ben Ghilouf (région de Gabès), d’avoir des prix au kilogramme de 4 euros (7 dinars) en Europe, soit presque dix fois le prix d’une tomate vendue localement.
En matière d’agriculture géothermique, la Tunisie (115 hectares) est désormais classée troisième au niveau mondial après les Etats-Unis (180 ha) et la Hongrie (160 hectares), un classement qui pourrait changer à l’horizon 2016, si la Tunisie exploite pleinement les potentialités géothermiques disponibles dans la zone d’El Hamma et les autres régions (potentiel estimé à 380 hectares de cultures géothermiques).
L’eau géothermale tunisienne contient un niveau de salinité 2,2 à 4 g/l, cette salinité limite le rendement des serres mais donne a contrario un meilleur goût et une saveur particulièrement pour les tomates et melons cultivés, et explique la demande et les prix en hausse pour ce type de produits en Europe ou à Dubaï.
Autre particularité, la serriculture géothermique permet la création de 13 emplois par hectare alors qu'elle ne dépasse pas les 3 emplois dans les cultures irriguées ordinaires. Soit à titre de comparaison, 1 200 journées de travail à l'hectare contre 250 journées pour le maraîchage de plein champ. La création de nombreux emplois a aussi pour effet de sédentariser la population dans les zones semi-désertiques parmi les moins favorisées du pays.
Le secteur emploie d’ailleurs 1100
personnes de manière permanente auxquels s’ajoutent plus de 110 000
jours de travail occasionnel, effectués par des travailleurs
saisonniers dans les 334 exploitations agricoles géothermiques
tunisiennes en activité. Pour rappel, le réchauffement des
serres géothermiques se fait toutes les nuits de décembre jusqu’à la
fin de mars. Les eaux refroidies sont, quant à elles, stockées pour
être réutilisées dans l’irrigation journalière. La serriculture
géothermale, quasiment réservée aux primeurs (tomates, piments et
melon) est destinée à l’exportation ou à la consommation
extrarégionale. La production maraîchère de contre-saison est sans
doute le principal créneau porteur pour le développement de la région,
mais aussi avec le Sud oasien pour l’irrigation des oasis
(exportations, création d’emplois, intégration avec d’autres secteurs
notamment le tourisme saharien). La géothermie attire de plus en plus
d’investisseurs étrangers qui ont choisi de s’implanter notamment dans
la région de Gabès.
Source : AfricanManager
Commentaires