Bouygues décroche un gros contrat pour la construction de l'extension du port de Tanger. Les grands armateurs investissent également de plus en plus en Méditerranée.
L'agence spéciale Tanger Méditerranée (TMSA) a attribué le contrat de 825 millions d'euros à un groupement, dont Bouygues Travaux Publics est le mandataire, pour la construction d'un second port en eaux profonde à Tanger. La part de Bouygues, via deux filiales, s'élève ainsi à 335 millions d'euros.
Ce groupement est chargé de réaliser une digue principale de 3 800 mètres et une digue secondaire de 1 200 mètres, 2 800 mètres de quai ainsi qu'une plate-forme logistique de 150 hectares. Tanger Med 2 viendra compléter l'ensemble portuaire Tanger Med 1.
Il sera doté de deux terminaux à conteneurs et les quais pourront accueillir sept mégaporte-conteneurs simultanément. La capacité portuaire totale de Tanger passera ainsi à 8 millions de conteneurs, devenant l'une des premières plates-formes portuaires de Méditerranée et d'Afrique en 2014.
Ce projet, au large de Gibraltar, illustre un peu plus les nombreux efforts d'investissement en matière d'infrastructures portuaires déployés en Méditerranée. Ils sont menés par les États et les collectivités locales mais également par les géants du transport maritime.
À Tanger, au Maroc, APM Terminals (filiale de Maersk spécialisée dans le transbordement) a investi 140 millions d'euros pour ouvrir en juillet 2007 un des terminaux les plus performants du groupe.
«C'est certain, avec la crise nous devons revoir nos objectifs à la baisse, mais le détroit de Gibraltar reste un carrefour stratégique entre l'Asie, l'Europe et le marché américain», explique Étienne Rocher, le directeur général français d'APM Terminals à Tanger.
Une analyse que partagent également MSC (numéro deux mondial) et CMA CGM, qui ont investi récemment dans le deuxième terminal de Tanger.
Les porte-conteneurs déchargent leur marchandise qui est ensuite répartie selon les destinations sur d'autres navires de taille équivalente afin de traverser l'Atlantique ou de rejoindre l'Europe du Nord.
D'autres hubs, comme le Freeport à Malte, servent au feedering, un processus de collecte et de distribution des conteneurs dans des ports secondaires par des cargos de moindre capacité. Située au sud de la Sicile, Malte revêt un caractère hautement stratégique pour CMA CGM.
L'entreprise marseillaise prévoit ainsi d'y investir 130 millions d'euros d'ici à trois ans, afin d'agrandir le terminal de 2 250 à 2 400 mètres et de viabiliser des zones de stockage. Au premier trimestre 2009, malgré une baisse générale des volumes transportés dans le monde, le hub maltais enregistre, lui, une hausse des transbordements de conteneurs CMA CGM.
Les Asiatiques ne s'y trompent pas. La société sud-coréenne Hanjin investit actuellement dans le port d'Algésiras, à la pointe sud de l'Espagne. En mettant sur la table plus de 55 millions d'euros, la société entend construire 1 200 mètres de quai. Elle prévoit d'y traiter 1,5 million de conteneurs par an.
Face aux ambitions d'une concurrence asiatique de plus en plus active en Méditerranée, Paul Tourret, directeur de l'Institut supérieur d'économie maritime, analyse : «Depuis que le commerce maritime existe, les comptoirs ont peu changé.
Il n'en va pas de même pour les acteurs. Il est certain que, dans les années à venir, les armements européens, qui dominent actuellement le marché, seront de moins en moins seuls en Méditerranée.»
Source : le Figaro
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