Depuis la première Conférence des Nations unies sur l’Environnement de Stockholm en 1972, la communauté mondiale a franchi des étapes significatives et positives dans la prise de conscience collective de la problématique de l’eau au niveau des spécialistes, des sphères politiques de décision et du grand public.
Le Conseil mondial de l’Eau, créé il y a maintenant plus de 10 ans à Marrakech, a eu sans doute pour conséquence de sensibiliser l’opinion publique et de favoriser l’action dans un domaine aussi vital pour l’humanité.
Des progrès significatifs ont été certes enregistrés de par le monde en matière d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’amélioration de la sécurité alimentaire grâce à l’extension de l’irrigation et à la lutte contre la pollution et la restauration des écosystèmes hydriques.
Mais force est de constater que d’importantes lacunes subsistent et, dans certains cas, notamment dans les pays africains, la situation a dans l’ensemble régressé et les interrogations sont encore plus fortes quant au risque futur d’un manque d’eau qui mette en péril le devenir de l’Humanité.
Le Maroc a créé depuis son indépendance une infrastructure hydraulique solide et des institutions adéquates pour satisfaire ses besoins en eau et développer son agriculture.
Mais, cette politique a quelque peu négligé les investissements dans les domaines de la gestion de la demande, de l’adduction d’eau potable dans les zones rurales, de l’assainissement et de la lutte contre la pollution.
La promulgation de la loi sur l’eau en 1995 a
constitué un événement-clé; depuis lors, le Maroc conduit des réformes de
modernisation du secteur de l’eau visant à accroître l’efficience de gestion de
l’eau et du service. Ces réformes qui ont favorisé la mise en place des
fondements d’une gestion intégrée, décentralisée et participative ont abouti au
lancement de grands programmes interdépendants et complémentaires relatifs à
l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et l’amélioration de la sécurité
alimentaire.
Pourquoi ces programmes sont-ils complémentaires et
interdépendants?
- parce que l’accès à l’eau potable est une arme primordiale
dans la lutte contre la pauvreté et les maladies;
- parce que
l’assainissement a des conséquences notables sur la santé humaine. Il réduit la
pollution, préserve et protège les écosystèmes hydriques et offre la possibilité
de mobiliser une ressource eau utilisable dans le développement de
l’agriculture.
Le premier programme concerne la généralisation de l’accès à l’eau potable dans les zones rurales. Ce programme lancé depuis 1995 et financé à plus de 80% par le budget de l’Etat a permis de porter le taux d’accès à l’eau potable, qui n’excédait pas les 14% en 1994 à 90 % en ce début de 2009.
Le secteur de l’eau potable a bénéficié également de plusieurs réformes qui ont concerné la promulgation d’une loi relative à la délégation de service public et la participation du privé dans la distribution de l’eau au niveau de plusieurs villes marocaines.
Le deuxième programme concerne l’assainissement et la réutilisation des eaux usées et épurées, et a été élaboré pour atteindre l’Objectif du Millénaire pour le Développement relatif à l’assainissement qui constitue aussi un service de base indispensable à la réduction de la mortalité infantile et à la lutte contre la maladie, tout en jouant également un rôle prépondérant dans la réalisation de l’éducation primaire universelle.
Ce programme a pour objet la mise à niveau du secteur de l’assainissement à l’horizon 2015, pour atteindre un taux d’accès de 80% à l’assainissement collectif urbain et diminuer d’au moins 60% les charges polluantes urbaines rejetées dans le milieu naturel tout en renforçant les réseaux existants, vétustes et saturées.
D’un coût global de l’ordre de 5 milliards de dollars US, ce programme concerne près de 260 villes et centres urbains abritant une population de près de 10 millions d’habitants.
Le plan de financement retenu repose à hauteur de 50% sur les ressources de l’opérateur (recette tarifaire, emprunt…) et à 50% de subventions de l’Etat et des agences de bassin hydrauliques.
Les contributions de l’Etat, des collectivités locales et des agences de bassin sont destinées à financer un projet spécifique et ne peuvent représenter une subvention d’équilibre pour le compte de l’opérateur.
Les recettes tarifaires doivent en principe suffire à couvrir les coûts d’exploitation, le service de la dette et le renouvellement des équipements.
Depuis son lancement en 2005, un saut quantitatif important a été réalisé en termes de nombre de projets d’assainissement-épuration des eaux usées lancés et de volume des investissements consacrés au secteur.
Ainsi, la volonté politique de l’Etat s’est concrétisée avec un accroissement des ressources financières allouées à ce programme et des partenaires donateurs ont montré leur grand intérêt pour le programme et consenti des financements et des aides substantiels pour son lancement.
Le troisième programme concerne la modernisation de l’agriculture à travers le Plan Maroc vert lancé en 2008.
Ce plan qui s’appuie sur une approche transactionnelle à base de projets d’agrégation de producteurs autour d’aggravateurs repose sur deux piliers de développement de filière agricoles. Ces piliers visent à travers un certain nombre de réformes et de mesures à caractère horizontal à améliorer l’environnement agricole à la mise en place des projets de développement.
Le Plan Maroc vert a pour objectif de multiplier par 2 à 3 fois le produit intérieur brut agricole au cours des 10 à 15 prochaines années à travers le développement de près de 1.300 projets pour un volume d’investissement de l’ordre de 20 milliards de dollars US.
Le premier pilier consacré à l’agriculture moderne, à très haute valeur ajoutée, vise la réalisation par le secteur privé de 900 projets pour un volume d’investissement de 12 à 18 milliards de dollars US. Il cible 400.000 exploitations.
Le deuxième pilier, consacré à l’agriculture solidaire s’intéresse à la réduction de la pauvreté et de la vulnérabilité qui caractérisent certaines régions du milieu rural. Il vise le développement de la petite agriculture, constituée de petites exploitations situées dans les espaces agricoles les plus vulnérables.
Ce pilier qui cible près de 800.000 exploitations vise la réalisation de 400 projets avec l’appui massif des autorités publiques pour un volume d’investissement de 1,6 à 2,5 milliards de dollars SU. Ce plan place la question de l’eau au-devant des réformes les plus importantes qui doivent assurer les conditions de réussite de sa mise en œuvre.
Les principaux enjeux ainsi définis pour la question de l’eau concernent la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles notamment la réutilisation des eaux usées et le dessalement de l’eau de mer, la valorisation des ressources allouées à l’irrigation, la mise en place d’une tarification incitative à l’économie et à la valorisation de l’eau.
Les réformes du secteur de l’eau conduites au Maroc ont été rendues possibles grâce aux réformes globales entreprises depuis le gouvernement d’Alternance de 1998 c’est-à-dire la modernisation du pays, la démocratisation des institutions et la participation et la mobilisation de la population.
Le Maroc est disposé à apporter sa modeste contribution à relever les défis en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement et à l’amélioration de la sécurité alimentaire qui constitue un important projet pour le devenir de l’humanité car nous sommes convaincus que le combat pour l’accès à l’eau et à l’assainissement et la lutte contre la pauvreté est une cause fondamentale à laquelle la contribution de tous est primordiale.
Source : l'Economiste
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