Le sud de la Méditerranée n'échappe pas à la crise, au vu de la baisse des investissements directs étrangers (IDE) dans la région.
En 2008, elle a attiré 722 projets économiques, mais seulement 35,5 milliards d'euros, contre 770 projets et 56,7 milliards en 2007, soit un recul de 40 % en volume et de 6 % en nombre de projets.
Tel est le résultat d'une étude récente du réseau Anima, portant sur 10 pays - Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité palestinienne, Syrie, Tunisie et Turquie. « La crise joue indéniablement », commente Pierre Henry, en charge de la veille pour Anima - qui rassemble agences gouvernementales et réseaux internationaux et coordonne un projet cofinancé par la Commission européenne pour développer l'investissement.
Les secteurs qui souffrent le plus sont les plus directement touchés par la crise, à commencer par l'immobilier et le tourisme. « Longtemps privilégié par les investisseurs du Golfe, l'immobilier recule fortement en 2008 - avec une division par deux des montants investis - ainsi que le tourisme », note l'étude. L'énergie est le secteur qui résiste le mieux - avec 11,3 milliards d'euros d'investissements en 2008 -, tandis que grande distribution, chimie et métallurgie voient leur part « augmenter sensiblement ». Mais la crise n'explique pas tout. Le recul des IDE au sud de la Méditerranée tient aussi à « la fin de la grande vague de privatisations dans les télécoms ou les services financiers », ajoute Pierre Henry.
La France mène le jeu
La France mène le jeu
De fait, la crise redistribue aussi les cartes entre les plus gros investisseurs de la région. Elle remet l'Europe au premier plan, alors qu'elle était talonnée ces dernières années par les pays du Golfe.
Avec près de 15 milliards d'euros d'investissements (36,8 % du total), « l'Europe revient », observe Anima. La France « mène le jeu » avec 24 milliards d'euros investis sur six ans, devant le Royaume-Uni (18 milliards), l'Italie (7,2 milliards), l'Espagne (6,8 milliards), les Pays-Bas (6,1 milliards) et l'Allemagne (5,2 milliards). Les pays du Golfe et du Moyen-Orient ne représentent plus en 2008 que 17,1 % du marché, contre 30 % (soit près de 20 milliards d'investissements) en 2006 et 2007.
Cet attrait renouvelé de l'Europe pour le sud de la Méditerranée pourrait
être conforté en 2009. Avec la crise, certains grands distributeurs n'hésitent
pas en effet à réorienter leurs achats d'Asie du Sud-Est vers le sud de la
Méditerranée.
« Des investisseurs préfèrent aujourd'hui assembler des téléviseurs en Egypte qu'en Asie pour ne pas s'empêtrer dans les stocks et être plus réactifs, indique Pierre Henry. Dans le textile, cette logique joue très fortement. » La région reste « attractive », se félicite ainsi Anima, qui fait contre mauvaise fortune bon coeur...
Source : les Echos.fr
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