Près de 10% des 800 milliards de dollars que les Etats-Unis
consacreront à la relance économique
iront à des programmes d’énergies propres.
Au Maroc, les plans d’aide et de restructuration annoncés récemment ne devraient pas ignorer ces tendances.
En ces temps de crise globale, il est indispensable d’examiner
ses points forts et ses faiblesses, mais il faut aussi rester à
l’écoute de ce qui se passe dans le monde, et scruter
d’un œil attentif les tendances d’avenir de
l’économie mondiale.
En particulier, les orientations
américaines en matière d’énergie donnent le
ton et devraient intéresser le Maroc.
Avec la signature mardi 17 février par Barack Obama du plan de
redressement économique, voté par les deux Chambres du
Parlement, près de 800 milliards de dollars seront
injectés dans l’économie américaine. Dans ce
plan, 71 milliards de dollars seront consacrés à des
programmes d’énergies propres, plus de trois fois les
dépenses actuelles, ainsi que 20 milliards de dollars
d’incitations fiscales en faveur de ces mêmes
énergies.
Comme il est admis que tout investissement de 1
milliard de dollars dans les énergies propres crée
près de 5 000 emplois de plus que les dépenses
d’infrastructure traditionnelle, il est clair que cette
composante du plan aura des conséquences positives sur
l’emploi.
Et déjà, d’après les
chiffres du Global Wind Energy Council, à fin 2008, les
Etats-Unis ont pris la tête des pays producteurs
d’énergie éolienne, avec 25 GW installés
(20,8% de la puissance globale), suivis de l’Allemagne (19,8%),
la Chine occupant le 4e rang avec 10%.
Un secteur créateur d’emplois et de croissance
La dimension verte du plan de redressement américain vient
consolider les autres décisions prises par le nouveau
président, comme la désignation de personnalités
reconnues pour leurs compétences et aussi pour leur militantisme
écologique à l’image du secrétaire à
l’énergie Steven Chu, prix Nobel de physique et champion
de la lutte contre le changement climatique.
En matière
diplomatique, également, les entretiens de Mme Clinton avec les
responsables chinois ont été dominés par la
question climatique et la nécessaire limitation des
émissions globales des gaz à effet de serre.
Cette dynamique se trouve confortée par l’engouement pour
les technologies propres de la part du capital -risque, largement
considéré comme un indicateur avancé de
l’ensemble des modèles d’investissement.
En effet,
les résultats préliminaires de 2008 pour les technologies
propres en Amérique du Nord, Europe, Chine et Inde, ont atteint
un record de 8,4 milliards de dollars, en hausse de 38% par rapport aux
6,1 milliards de dollars de 2007. L’année 2008
représente ainsi la septième année
consécutive de croissance, en investissement de capital-risque
dans ce secteur prometteur.
Energies nouvelles, technologies vertes, voitures propres, ce sont les
pistes les plus empruntées par les investisseurs de par le
monde, faisant converger le souci capitalistique avec
l’impératif environnemental pour la sortie de la crise.
Les plans d’aide et de restructuration économique
marocains ne devraient pas ignorer ces tendances. C’est ainsi
que, par exemple, la plateforme industrielle lancée
récemment dans le Nord aurait pu intégrer la dimension
verte dès sa conception.
Surtout que, comme chacun sait, en
matière d’énergies nouvelles, la Région Nord
du Maroc est dotée d’un vent d’une vitesse
dépassant les seuils de rentabilité rapide pour les
champs éoliens.
Cette région a abrité, dès
2000, son premier parc éolien de Koudia Al-Baïda avec une
puissance de 50,4 MW.
Elle a ensuite accueilli le parc de 10 MW qui a
permis au cimentier Lafarge d’entrer dans le cercle des
entreprises mondiales bénéficiant du mécanisme de
développement propre du Protocole de Kyoto.
Et si les
prévisions sont respectées, un troisième parc
éolien, promu par l’ONE et construit par l’espagnol
Gamesa, viendra s’ajouter aux précédents, en 2009,
avec une production de 140 MW.
Par comparaison, en face de Tanger, la
région d’Andalousie en est déjà à 1
500 MW d’éolien. Compte tenu des avancées
technologiques, il aurait été si judicieux
d’annoncer, en même temps que la mise en chantier de la
plateforme industrielle, son approvisionnement exclusif par
l’énergie renouvelable avec un objectif chiffré
bien précis.
Cet engagement aurait fait de cette plateforme une
zone libérée de la dépendance aux énergies
fossiles, et des conséquences de toute éventuelle et fort
probable crise pétrolière à venir.
A un moment
où la communauté internationale se mobilise pour lutter
contre le changement climatique en réduisant les
émissions de CO2, et compte tenu des revenus financiers qui
découleraient de la vente des crédits carbone issus de ce
projet, l’annonce aurait été profitable à
plusieurs titres.
Immobilier : 30% de la demande énergétique
Dans le même esprit d’une croissance économique
verte, qui en même temps réduirait notre facture
d’importation de produits pétroliers, les pouvoirs publics
marocains devraient s’inspirer des mesures prises dans
d’autres pays dans le secteur immobilier qui absorbe 30% de la
demande en énergie.
Tous les programmes de construction de
logements, lancés par le public comme par le privé,
devraient être soumis à l’obligation
d’intégrer les chauffe-eau solaires, par exemple.
Sans
parler d’Israël où l’obtention du permis
d’habiter est assujettie à l’installation de
chauffe-eau solaire, en Tunisie des programmes spécifiques
d’incitation ont permis d’atteindre une couverture dans ce
domaine bien plus importante que celle de notre pays.
Pour être
dans le train qui sortira le monde de la crise actuelle, le Maroc
serait bien inspiré d’anticiper les changements
volontaristes qui s’imposent. Le secteur de
l’énergie est tout indiqué pour cela.
Source : La Vie Eco
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