Les experts annoncent que le marché des technologies de l'environnement explosera dans les prochaines années. Déjà en 2007, ce secteur occupait la 3e place après les technologies de l'information et les bio-technologies.
Ainsi, pour sensibiliser les décideurs à ce sujet, l'Université Mohammed V-Agdal (UM5A) à Rabat, a organisé jeudi 4 décembre, une journée de valorisation de la recherche sur le thème «Eau, énergie, et environnement» en partenariat avec l'Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC).
Ce rendez-vous a été une occasion de contribuer à l'orientation des recherches au sein de cette université vers les besoins des entreprises et de les faire bénéficier de l'information technique contenue dans les documents de brevets.
Cet événement vient rappeler que malgré les efforts engagés par l'Etat comme la création du Centre d'innovation technologique (CIT), qui s'est érigé en structure-pilote dont la mission principale est l'étude des mécanismes de valorisation de la recherche et d'innovation au Maroc par le transfert des technologies dans les entreprises, la formation à l'esprit d'entreprise ou le réseau de diffusion technologique, les résultats sont faibles.
«Malgré les efforts déployés durant la dernière décennie pour transformer les produits de la recherche en innovations technologiques, force est de constater que les résultats enregistrés dans ce domaine sont très en deçà de ce qui est attendu.
En témoignent les brevets déposés annuellement par les résidents au niveau national qui se situent entre 150 et 200 dont moins de 20% sont dus à des personnes morales: universités, centres de recherches et entreprises», a indiqué Hafid Boutaleb-Joutei, président de l'UM5A, qui a soulevé également le grave problème du vieillissement du corps professoral.
«Chaque année, ce sont 55 chercheurs qui partent à la retraite et qui sont remplacés par 5 à 6 nouveaux postes sans parler des dégâts des départs volontaires. Il faut, par ailleurs, que les entreprises ouvrent leurs portes à nos étudiants pour effectuer leurs stages», a-t-il ajouté.
Lors de cette réunion, un appel a été lancé aux patrons pour ne pas faire semblant d'ignorer ce qui est en train de se dérouler autour d'eux en matière de compétitivité où l'innovation est ‘'l'arme fatale'' pour assurer la conquête de nouveaux marchés.
«Nous avons les bilans de 66.000 entreprises et lorsque nous les lisons, on ne trouve pas de dépôt de brevets. Ce sont des sociétés qui ne se préparent pas pour l'avenir.
Par ailleurs, nous mettons en place un service de superviseurs pour conseiller les chercheurs sur la pertinence de leurs inventions. Enfin, nous avons décidé la réduction des frais d'enregistrement des brevets à 50% pour les universitaires», explique Adil Elmaliki, directeur général de l'OMPIC.
Du coup, cette rencontre s'est transformée en tribune pour appeler les industriels à investir dans l'environnement, un secteur devenu rentable.
Et surtout ne pas suivre l'exemple d'autres qui au lieu de se convertir aux énergies renouvelables passent à l'utilisation du gaz butane subventionné par l'Etat. Quant à ceux qui veulent s'engager dans la voie de l'innovation, il leur a été conseillé de lire tout ce qui concerne le sujet.
Dans ce sens, il leur a été conseillé de consulter la base des données «espacenet» dans laquelle ils peuvent y trouver également des brevets qui ne sont pas enregistrés au Maroc et qui peuvent être exploités. Mais ils doivent opter pour des innovations qui répondent à un contexte énergétique fragile dans un cadre de réchauffement climatique.
«Le Maroc est très vulnérable au niveau énergétique et en même temps, nous ne cessons pas de répéter que notre pays possède un potentiel d'énergies solaire et éolienne. Mais jusqu'à maintenant, il n'existe pas une entreprise nationale leader pour fabriquer des capteurs solaires, alors que c'est une technique simple.
Le marché n'est dominé que par des installateurs. Est-ce que nous allons continuer aussi à importer des équipements d'énergies renouvelables ?», a souligné Mustapha Toumi du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER).
Pourtant, pour certains, les besoins sont immenses en matière d'assainissement pour les petites communes à travers les techniques d'épuration à faibles coûts. D'autres ont cité un procédé de traitement des rejets industriels avec du cactus, une invention marocaine. «Notre pays se trouve dans une région semi-aride et on s'approche du stress hydrique.
Il faut traiter d'abord les eaux usées, avant de passer au dessalement de l'eau de mer», a noté un invité. Cette technique est incontournable pour le Maroc. Dans ce sens, un projet de jumelage entre Rabat et Las Palmas devrait avoir lieu pour bénéficier de l'expérience des îles Canaries dans ce domaine. Pour sa part, le Centre marocain de production propre (CMPP) s'est engagé à trouver une entreprise-pilote pour toute invention sérieuse.
En
attendant tous cela, les participants se donné rendez-vous aux Assises
nationales de l'énergie qui auront lieu en mars 2009.
L'Université Mohammed V-Agdal est en train de créer
un parc technologique en partenariat avec plusieurs ministères et le secteur
privé.
Ce parc devrait héberger un incubateur d'entreprises innovantes, une pépinière d'entreprises, des centres de recherches et de développement privés et des sociétés innovantes ayant des partenariats avec cette université. Par ailleurs, deux guichets «Moukawalati» consacrés à la création d'entreprises ont été installés à l'université.
Dans le but de professionnaliser ses activités de valorisation de la recherche pour améliorer son impact sur son environnement socio-économique et accroître l'efficacité des réformes mises en place, l'Université Mohammed V-Agdal a procédé dernièrement à la création d'une société anonyme chargée de la gestion de tous les projets qu'elle entreprend avec le monde socio-économique en vue d'améliorer le rendement de ses activités de valorisation et de catalyser le développement de la culture entrepreneuriale au sein de l'université.
Source : Le Matin
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