Lancé à l'initiative de la présidence française de l'UE, le Plan solaire méditerranéen est un des projets phares de l'Union pour la Méditerranée. Il vise la construction d'ici 2020 de 20 GW de capacité de production d'EnR. Etat des lieux.
Alors que les parlementaires européens viennent d'adopter le paquet énergie climat et le fameux 3 x 20 (améliorer l'efficacité énergétique de 20 %, porter à 20 % la part de renouvelable dans la consommation finale d'énergie et réduire de 20 % les émissions de CO2 par rapport à leur niveau de 1990) se pose la question du respect de ces objectifs par les Etats membres dans les temps impartis.
Si le développement des énergies renouvelables s'accélère aujourd'hui, sera-t-il suffisant pour atteindre d'ici douze ans les proportions fixées Etat par Etat ?
Pour pallier à un éventuel déficit de production communautaire, le paquet énergie climat prévoit une possible comptabilisation de l'énergie renouvelable produite hors UE dans les objectifs nationaux.
Les Etats membres pourront en effet importer de l'électricité produite à partir de sources d'énergie renouvelables hors Communauté européenne et la comptabiliser dans leurs objectifs, pour autant que celle-ci soit générée par de nouvelles installations.
D'où l'intérêt de nombreux Etats européens pour le Plan solaire méditerranéen (PSM), l'un des projets phares de l'Union pour la Méditerranée (UPM)*. Ce projet vise à accroître le développement des énergies renouvelables et à renforcer l'efficacité énergétique de la région méditerranéenne, notamment dans les pays du Sud où le gisement d'énergies renouvelables est important.
Le plan prévoit en outre la construction de 20 gigawatts de capacité de production d'énergie renouvelable et une augmentation de 20 % de l'efficacité énergétique d'ici 2020. Le plan précise que l'électricité produite sera consommée par le marché local mais aussi exportée vers l'Union européenne afin de garantir la rentabilité des projets.
Philippe Lorec, de la direction générale de l'énergie et des matières premières du MEEDDAT, a profité d'une conférence du plan d'action sur le développement des énergies renouvelables dans les pays sud et est méditerranéens (REMAP) pour faire le point sur le PSM et l'état actuel des réflexions.
2009 - 2011 : une phase-test à petite échelle
Le principe est posé, les idées éclaircies, « y a plus qu'à… ». Dans les deux prochaines années, l'UPM va mettre en œuvre un plan d'action immédiate, première phase concrète du plan solaire méditerranéen.
Cette étape devrait permettre de tester la faisabilité du programme et aboutir à la rédaction d'une feuille de route définissant l'organisation future, les modes de financement… pour parvenir aux objectifs fixés à l'horizon 2020. Le but du jeu est de profiter de ces deux premières années pour éliminer le plus possible les difficultés techniques et juridiques pour ensuite pouvoir élaborer un plan d'action sur dix ans, analyse Philippe Lorec.
A l'heure actuelle, une centaine de projets de production d'électricité d'origine renouvelable ont été déposés, deux à trois par pays en moyenne. 55 % concernent une production éolienne, 35 % le solaire concentré (CSP).
Quelques projets concernent également le photovoltaïque, le solaire thermique, la biomasse et le biogaz. Nous devons maintenant faire valider ces projets par les pays concernés. Chaque Etat a en effet des spécificités juridiques, une organisation propre de son secteur énergétique. Chaque projet envisagé sera soumis au pays concerné. D'ici 2011, nous ne ferons pas 100 projets mais plutôt une vingtaine : les plus économiquement viables.
Etant donné que le modèle économique du PSM prévoit l'exportation d'une partie de l'électricité produite vers les pays du Nord, le programme prévoit également un renforcement des infrastructures de transports.
Ainsi 5 projets devraient être étudiés dès maintenant même si leur réalisation nécessitera un délai bien plus long que deux ans. Il y a une nécessité de travailler sur un certain nombre de lignes Nord- Sud mais aussi sur le renforcement des interconnexions dans le Sud. Parmi les priorités identifiées, le renforcement de la capacité la ligne Espagne-Maroc, la création d'une ligne Tunisie-Italie, le renforcement de la ligne Turquie-UE et le renforcement des connexions régionales, notamment au Moyen-Orient. Si les premiers projets de capacités de production concerneront des centrales de petite capacité pour réduire les problèmes de fonctionnement du réseau de transport, nous devons préparer dès aujourd'hui les conditions nécessaires pour l'avenir.
Enfin, vingt projets devraient être sélectionnés pour réaliser 20 % d'économies d'énergie à l'horizon 2020. Ceux-ci concernent le secteur du bâtiment mais aussi le développement d'équipements efficaces en énergie (réfrigérateurs…).
Les projets prioritaires pour cette première phase d'action devraient être présentés au cours du mois de mars, lors de la réunion ministérielle de l'UPM à Monaco. Une task force** devrait être mise en place rapidement pour gérer la mise en œuvre des projets sélectionnés.
Tester le modèle économique envisagé
Ces deux premières années tests devraient également permettre d'éprouver le modèle économique envisagé pour financer ces projets.
Le plan repose sur un financement initial du privé. Dans le meilleur des cas, c'est-à-dire en cas de rentabilité du projet immédiate, les investisseurs se rémunéreront sur la base de contrats d'achats à long terme passés sur le marché local et européen.
En cas de non rentabilité immédiate du projet, des aides publiques pourraient venir couvrir les risques, la dette ou subventionner le projet (fonds européens et nationaux, fonds carbone…).
Source : Actu-Environnement
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