L'eau se fait de plus en plus rare dans les robinets à
l'Ouest. Les précipitations de ces dernières semaines,
qui avaient provoqué des crues d'oueds et des inondations, ne se
sont pas traduites par une amélioration de la situation de
l'alimentation en eau potable dans la région.
Bien au contraire, il y a eu une baisse
sévère du volume d'eau consacrée aux villes de la
région comme à Mostaganem, Relizane et surtout à
Oran où on constate des perturbations de la distribution depuis
le début du mois d'octobre.
Les mauvaises nouvelles pleuvent sur les Oranais
ces derniers jours. Après l'annonce de la suspension des
transferts à partir du barrage de Gargar à la
mi-septembre en raison du faible taux de remplissage qui avoisine,
selon la direction de l'hydraulique d'Oran, les 2 %, il y a eu un autre
arrêt dans le complexe de dessalement de l'eau de mer de Kahrama.
La production du complexe, qui fournit la moitié des besoins en
eau de la capitale de l'Ouest, a chuté à moins de 60.000
m³/jour, dont seulement 34.000 m³/jour sont destinés
à l'approvisionnement de la population oranaise.
Les répercussions sur l'approvisionnement
en eau de la ville ne se sont pas fait attendre. La distribution d'eau
connaît des perturbations depuis une semaine.
Les Oranais, pourtant habitués aux
pénuries successives d'eau, n'arrivent pas à assimiler
les causes de cette énième crise d'autant que le ciel a
été plutôt clément ces dernières
semaines.
Du côté des services de l'hydraulique d'Oran, on
explique cette situation par l'arrêt des transferts à
partir du barrage de Gargar qui fournissait jusqu'ici à Oran
75.000 m³/jour.
Le taux d'emmagasinement de ce barrage qui a une
capacité moyenne de 360 millions de mètres cubes a
chuté à des seuils alarmants pour atteindre seulement
4,91 millions de mètres cubes. «On a été
dans l'obligation d'arrêter complètement les transferts
vers Oran pour sauver le barrage», confie-t-on.
Cet ouvrage hydraulique court, en effet, un grand
risque en cas de l'épuisement total de ses ressources en eau en
raison de l'importance du taux d'envasement.
Si le barrage est à
sec les grandes quantités de vase vont se dessécher et
pourraient, à moyen terme, être à l'origine d'une
instabilité du terrain, estiment des experts en hydraulique.
Pour l'instant, le barrage ne fournit que la ville de Mostaganem
à hauteur de 15.000 m³/jour.
Les dernières précipitations, qui se
sont abattues sur la région, ont eu un faible apport de
seulement 2 millions de mètres cubes pour cet ouvrage
hydraulique.
«Certes, il y a eu des pluies abondantes ces
dernières semaines cependant ces averses ne s'étaient pas
concentrées sur les bassins versants qui alimentent les barrages
de la région», justifie cet ingénieur en
hydraulique.
Résultat de ce concours de mauvaises nouvelles, le
volume quotidien en eau consacré à Oran a chuté
à seulement 70.000 mètres cubes.
Les besoins en eau de la ville sont
estimés à 350.000 mètres cubes/jour. Et comme il
n'y a pas deux mauvaises nouvelles sans une troisième, on
apprend que la région ne devra pas compter, du moins pour
l'instant, sur le nouvel apport du projet MAO (Mostaganem/Arzew/Oran)
qui devait apporter un volume de 300.000 m³/jour.
Et pour cause, le méga projet MAO est
tributaire en grande partie de Oued Cheliff qui enregistre ces
dernières semaines son plus bas niveau depuis des années.
Le méga projet, qui est presque achevé, devrait
normalement être opérationnel en février 2009,
signale-t-on. Il y a eu également ces trois derniers jours des
perturbations de l'alimentation en eau potable à partir du
barrage de Fergoug pour cause de crues.
Selon la SEOR, ces
perturbations ont été à l'origine d'un
déficit de 50.000 m³/jour le week-end dernier notamment
à Oran Est (Bir El-Djir, Arzew, Béthioua, Gdyel...).
La situation aurait commencé à
revenir à la normale dès hier «suite à la
baisse du taux de turbidité au niveau du barrage de
Fergoug», selon la SEOR.
Cette situation à Oran
inquiète sérieusement les instances concernées et
en particulier le ministère des Ressources en eau qui annonce
l'affectation d'un apport supplémentaire de 27.000 m³/jour
du triplex (Bouhanifia, Ouizart et Fergoug) à partir de cette
semaine pour Oran.
On prévoit aussi de consacrer un apport
supplémentaire de 70.000 m³/jour à partir des autres
barrages de la région notamment de Boughrara et Beni-Bahdel qui
disposent respectivement de taux d'emmagasinement de 67,62 et 12,40
millions de mètres cubes.
Ce nouvel apport sera affecté
pour Oran dès la semaine prochaine, selon nos sources.
Néanmoins, la solution à cette énième crise
serait l'entrée en service dès le premier trimestre 2009
de la nouvelle station de dessalement de Sidi Djelloul d'une
capacité de 200.000 m³/jour.
La moitié de la production de cette station
sera consacrée pour alimenter la capitale de l'Ouest. En
attendant, les colporteurs d'eau ont de beaux jours devant eux.
Profitant de cette pénurie, ils vont négocier leurs
services au plus haut tarif.
Source : Algérie-Monde