Le Docteur Maria Neira est directrice du département Santé publique et environnement à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plus qu'ailleurs, l'environnement pèse sur la santé en Afrique.
En Europe, environ 13 % des morts sont dues à des facteurs liés à l'environnement. En Europe, le taux est autour de 13 %. En Afrique, c'est 26 %. Cela représente, chaque année, deux millions quatre cent mille morts que l'on pourrait éviter. Mais c'est une estimation basse.
De quoi meurent ces gens ?
90 % des maladies diarrhéiques ont une composante environnementale : le manque d'assainissement ou l'accès à l'eau potable, qui sont directement liés à la pauvreté. Autre cause importante : les maladies respiratoires. Les enfants, sur le dos de leur mère, inhalent la fumée de la combustion du bois ou charbon de bois. On cuisine comme à l'âge de pierre, ce qui est inacceptable. On estime que 20 % des morts par malaria sont liées à un environnement qui favorise la reproduction des moustiques (eaux stagnantes...). Même chose pour la dengue.
Il y a aussi des pollutions chimiques.
Récemment
au Sénégal, une vingtaine d'enfants sont morts et 500 ont
révélé des troubles neurologiques graves parce
qu'ils avaient été exposés au plomb. Ce sont des
familles très pauvres où les mamans recyclent les
batteries de voiture. Elles en extraient le plomb pour le vendre. Il y
a aussi les pesticides, souvent employés sans mesures de
protections. L'affaire d'Abidjan, il y a deux ans, a soulevé le
problème des déchets incontrôlés. Mais ce
n'est que la pointe de l'iceberg : on est convaincus que ça
arrive très souvent. Il y a encore l'amiante : aucun pays
africain ne l'a interdit. Ce qui est terrible, c'est que l'Afrique
cumule les problèmes environnementaux des pays pauvres et ceux
des pays riches.
Que faudrait-il faire en priorité ?
S'il y a une recommandation très importante, c'est d'accélérer les programmes d'accès à l'eau potable, l'installation de toilettes et l'élimination des déchets. En termes coût-efficacité, c'est la première chose à faire. Ça fait partie des objectifs du millénaire, tout le monde sait qu'il faut le faire. Mais ça n'avance pas assez vite.
Les pays africains ont adopté, fin août, la Déclaration de Libreville. Qu'est-ce que ça peut changer ?
Les ministres de la Santé et de l'Environnement ont décidé de créer une alliance stratégique. Généralement, les deux secteurs travaillent en parallèle. La santé réclame plus d'hôpitaux pour recevoir des malades qui ne devraient pas l'être. Le message le plus important c'est : on va investir sur la prévention. La prévention primaire : les causes des maladies.
Source : Ouest-France
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