Seulement 180 m3 par habitant et par an dans certaines régions.
Même les pays supposés être à l’abri sont actuellement menacés. Que dire, alors, du Maroc où le climat est essentiellement aride et semi-aride? Les plus optimistes diront que la situation est plus que critique, et nul besoin de rappeler que les ressources hydriques dont dispose le pays sont limitées.
Les précipitations totales sont évaluées, en année moyenne, à 150 milliards de m3, dont 121 milliards vont à l’évapotranspiration. Les ressources en eaux renouvelables sont évaluées à 29 milliards de m3, soit 1.000 m3 par habitant et par an.
Ce taux indique que le Maroc avoisine déjà le seuil communément admis (par les organismes internationaux) comme critique. Il varie de seulement 180 m3 dans certaines régions, notamment dans le Sahara et la région de Souss-Massa, à 1.800 m3 pour les zones très riches en ressources d’eau.
En gros, près de 40% de la population du Maroc vit dans une situation précaire.
Si le taux de croissance démographique du Maroc se maintient, les quantités d’eau mobilisables, qui sont actuellement de 16 milliards de m3 en eaux de surface et de 4 milliards en eaux souterraines, seront, en 2020, de l’ordre de la moitié de celles de 1990.
L’important développement économique et social que connaît le pays complique la tâche. La demande en eau globale a été estimée, en 2007, à 20 milliards de m3 par an, contre 13 milliards en 2001, dont 13% pour l’usage domestique et 87% pour l’irrigation.
A cela s’ajoutent les pertes en eau au niveau national, qui sont évaluées à 4 milliards de m3 par an, selon les estimations du ministère de l’Energie, des Mines et de l’Eau.
La demande en eau est la même quelle que soit son origine (67% pour les eaux souterraines et 68% pour les eaux de surfaces). Par contre les eaux superficielles sont les plus sollicitées. Elles représentent près de 80% des eaux prélevées.
La confrontation des ressources en eaux mobilisables et des besoins de l’agriculture annonce un grand déficit à l’horizon 2020. Conséquence: le Maroc comptera parmi les 20 pays les plus pauvres en ressources hydriques dans le monde.
En plus de la rareté, une dégradation croissante et de plus en plus grave de la qualité de l’eau. La pollution causée par les rejets liquides domestiques, industriels et agricoles aggrave la situation.
Le volume des eaux usées est estimé à 500 millions de m3, dont la plupart sont rejetées dans la nature sans traitement préalable.
Les cours d’eau reçoivent environ 30% des eaux rejetées. Le sol et le sous-sol environ 27%. La partie collectée par les réseaux d’égouts est déversée dans la mer.
Sans oublier le flux de la pollution industrielle et agricole. Les rejets, cette fois, véhiculent une importante pollution organique et toxique (azote, matières oxydables, phosphore, pesticides…).
Plusieurs mesures ont été prises pour remédier au problème. Au Maroc, l’eau est perçue comme un bien public.
Cependant, pour éviter que l’eau ne constitue un obstacle au développement du pays, un nouveau mode de gestion est en cours de mise en place pour faire face à la demande croissante et à l’inefficience actuelle de l’utilisation des ressources.
Les orientations du Maroc tendent vers le changement de perception de l’eau, de façon à la considérer comme un bien économique, à gérer de façon optimale. Cette gestion intégrée doit inclure aux dimensions qualitative et environnementale, des aspects quantitatifs.
Un plan national de l’eau au niveau de chaque bassin majeur devrait assurer une participation d’un cadre légal et institutionnel pour la gestion des ressources.
Le renforcement des comités de bassins fluviaux et leur transformation en agences impliqueraient davantage les principaux acteurs intervenant dans le secteur de l’eau. Les pouvoirs centraux comptent aussi sur la loi 10-95.
Source : L'Economiste
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