La fiscalité écologique a-t-elle fait décoller le développement durable ? Oui, certainement, à en croire les chiffres qui commencent à circuler.
Les crédits d’impôt, deuxième série d’outils, ont eux aussi connu un beau décollage. Depuis 2005, ils permettent aux ménages d’économiser l’équivalent de 15 % à 50 % des achats de chaudières « propres », pompes à chaleur, capteurs solaires, matériaux d’isolation, etc., effectués dans une résidence principale à concurrence de 8 000 € (ou 16 000 € pour un couple).
Un mécanisme très incitatif, quand on sait qu’« une chaudière bois bûches, pour laquelle existe un crédit d’impôt de 50 %, coûte entre 7 000 et 13 000 €», précise Gilles Lara, d’Alter Alsaces, une association d’information sur les économies d’énergie.
En tout, ces crédits d’impôt ont donc séduit près d’un million de contribuables, selon le ministère de l’écologie, soit un coût global, tout à fait considérable, de 2,4 milliards d’euros en 2008.
Qui semble aller croissant
puisque, « rien que pour les chaudières, on avait budgété un milliard d’euros,
ce sera finalement le double », souligne-t-on dans l’entourage d’Éric Woerth, le
ministre du budget.
Pour Waël
Elamine, du Syndicat des énergies renouvelables, le jeu en vaut largement la
chandelle : «
Les crédits d’impôt ont été un outil déterminant pour doper la demande. Ainsi, entre 2004 et 2006, le marché des chaudières à bois a triplé, celui des pompes à chaleur air-air est passé de 12 000 appareils en 2005 à 35 000 en 2006 et le solaire thermique a crû de 8 000 à 9 000 unités vendues en 2004 à 35 000 en 2006… »
Reste que la marge de progression est encore grande. « Le problème de ces outils fiscaux, c’est qu’ils ne mettent pas assez l’accent sur la priorité environnementale, qui devrait être l’isolation », martèle Alain Grandjean, de la Fondation Nicolas Hulot.
Ils demeurent également assez peu incitatifs pour les ménages locataires, peu enclins à faire des dépenses pour un logement temporaire. De plus, un couac pourrait bien gâcher la fête, estime Thierry Saniez, délégué général de l’association de consommateurs CLCV.
« Alors que beaucoup de particuliers se sont équipés de pompes à chaleur quand le crédit d’impôt a été annoncé, plusieurs milliers se sont adressés à nous pour nous dire qu’ils avaient subi un redressement fiscal parce qu’une circulaire du 11 juillet 2007 a changé les règles du jeu en réservant le crédit d’impôt à la partie de ces installations située à l’extérieur. »
Enfin, et surtout, beaucoup d’observateurs craignent que ces crédits d’impôt n’encouragent les professionnels à faire flamber leurs tarifs. « Un mètre carré de panneau solaire coûtait environ 1 200 € au début des années 2000, il revient maintenant à 1 500, voire 1 700 € », constate ainsi Gilles Lara sur le marché alsacien.
Source : La Croix
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