Il y aura une grave crise de l’eau au Maroc et dans tout le Maghreb, à l’horizon 2050.
Il y aura une grave crise de l’eau au Maroc et dans tout le Maghreb, à l’horizon 2050.
Dans un peu plus de 40 ans,les habitants de notre pays et ceux de cette région auront donc soif, gravement soif, ce qui ouvre à la voie à une période difficile qui sera probablement aggravée par le mal de la sécheresse.
Ce constat alarmiste, pour ne pas dire alarmant, n’émane pas du gouvernement ou d’une autorité publique quelconque, mais de la Banque mondiale, qui a dressé un tableau sombre de la situation de l’eau au Maroc.
Une situation qui débouchera dans quelques années sur deux indicateurs qui suscitent les craintes : la disponibilité de l’eau par habitant diminuera de moitié et les nappes phréatiques auront tendance à perdre de leur importance en eau.
À cela s’ajoute, bien sûr, une agriculture qui souffrira beaucoup plus de cette situation, et une tendance générale vers le dessalement de l’eau de mer, dont chacun connaît son coût exorbitant.
Le rapport de la Banque mondiale va jusqu’à avancer que cette catastrophe de l’eau qui pointe son nez sur le Maroc aura des conséquences désastreuses sur la croissance économique, ce qui poussera la pauvreté à augmenter et les inégalités sociales à se creuser.
Si aujourd’hui comme hier, le pétrole affole les puissances mondiales, qui se livrent des guerres meurtrières pour se le procurer, l’eau qu’on appelle désormais l’or bleu est la matière autour de laquelle des conflits inter-Etats éclateront demain.
Chacun, en effet, se battra de son côté pour sauver sa provision en eau et il est prêt à sortir son arsenal de guerre pour le défendre. Bien que doté d’une position géographique favorable au nord-ouest de l'Afrique, le Maroc reste dans la majeure partie de son territoire un pays à climat essentiellement semi-aride.
À part la région nord-ouest et les sommets de l’Atlas, la pluviométrie reste faible, comparativement aux pays riverains du Nord de la Méditerranée.
Les précipitations totales sur l’ensemble du territoire sont évaluées en année moyenne à 150 milliards de mètres cubes, dont 121 milliards vont à l’évapo-transpiration et seulement 29 milliards qui représentent l’écoulement superficiel et souterrain.
Au Maroc, comme dans d’autres pays, il n’existe malheureusement pas d’équilibre dans la répartition des ressources en eau.
Plusieurs régions du Maroc, notamment le Souss, Al Haouz et Doukkala ont surexploité leurs ressources en eau.
Le bassin d’Oum Rbia connaît déjà une situation de déficit chronique. Un déficit qui se creuse chaque année davantage en raison du gaspillage de cette ressource capitale pour la vie, par toutes les couches sociales, principalement ceux de la “haute” qui s’offre des piscines géantes dans leurs somptueuses villas et arrosent copieusement leurs gazons.
Les besoins en eau de cette catégorie sociale sont estimés à 1.000 fois (!) ceux d’une famille marocaine à consommation normale.
« La traque au gaspillage viendrait d’abord par sensibiliser cette catégorie sur les quantités énormes et parfois démesurées qu’elle consomme en eau », nous déclare un professeur d’université, spécialiste des questions hydrauliques.
Elle viendrait aussi sensibiliser toute la société marocaine dans toutes ses composantes. Car quand bien même le Marocain, même moyen ou pauvre, gaspille de l’eau, parfois par ignorance des réalités de la crise hydrique qui plane sur le Maroc, et parfois par entêtement, et volonté délibérée de nuire à l’équilibre de notre écosystème.
Combien de fois, avons-nous constaté des gens malhonnêtes et peu scrupuleux laisser le robinet couler sans utilisation aucune et d’autres nettoyer des chaussées par des quantités incroyables d’eau ? Les scènes de ce genre sont très courantes au quotidien dans les villes marocaines.
Aucun lieu n’échappe au gaspillage.
Le Marocain n’a pas encore cette culture propre à l’Occident de préserver l’eau, la protéger et rationaliser sa consommation. Mais, comme on est un pays sous-développé, il ne faut pas se leurrer.
La crise qui touchera l’eau dans quelques années touche actuellement la santé, l’éducation, l’emploi et la vie en général.
Pour Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’eau potable (ONEP), l’agriculture est sérieusement pointée du doigt pour être le secteur qui consomme trop d’eau.
Presque 90% de toutes les ressources hydriques.
Ce qui fait que 10% seulement de ces ressources sont destinés à la boisson. Comment alors rationaliser une eau qui se raréfie de plus en plus et qu’on n’arrive plus à gérer ?
Le patron de l’ONEP nous rassure, au moins sur une chose : le Maroc ne connaîtra pas de crise de l’eau avant 2025.
Il affirme en effet que jusqu’à cette date, l’ONEP dispose de toutes les réserves nécessaires pour assurer aux Marocains, dans la ville comme dans la campagne, la satisfaction de leurs besoins en eau. Mais que fera-t-on alors au-delà de 2025 ?
Toute la question est là. Allons-nous mourir de soif comme le prédit la Banque mondiale dans son rapport ? Ou deviendrons-nous des nomades pour parcourir la terre de Dieu en quête de cette ressource précieuse sans laquelle aucune vie n’est possible ?
« Face à la démographie galopante, à la pollution qui s’aggrave et à la sécheresse qui devient chronique, la situation de l’eau ne va probablement pas s’améliorer », affirme notre spécialiste des questions hydriques.
Et d’ajouter : « Elle empirera davantage pour donner lieu à une catastrophe dont ne connaît encore ni l’ampleur ni les solutions ».
Mais, ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le Maroc, à travers notamment son bras armé dans ce secteur, en l’occurrence l’ONEP, s’emploie à fournir de l’eau potable à tous les Marocains.
Une eau saine, propre et consommable. Rappelons-nous qu’en 1994 encore, seulement 15% de la population avaient accès à l’eau.
Aujourd’hui, ce chiffre a atteint 60%. Ce qui est important pour un pays dont les précipitations sont faibles et déséquilibrées.
Mais, cela veut-il dire, pour autant, que le Maroc a réussi dans sa politique de gestion de l’eau ? Personne ne le pense surtout que notre pays fait face à une situation difficile.
Source : Courrier Casablanca
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