La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB) est en pleine mutation.
La Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB) est en pleine mutation.
Elle est décidée à faire peau neuve et à se restructurer. De nombreux chantiers sont à l’examen.
Seul point noir au tableau : le financement de ces chantiers. C’est que les tiroirs de la CCIAB ne sont alimentés que par les cotisations de ses membres et les frais d’octroi de certificats d’origine aux exportateurs.
Cela étant, le bureau de la CCIAB a mis les bouchées doubles en décidant de créer une unité au sein de la Chambre, qui serait chargée de trouver les fonds nécessaires auprès d’organismes internationaux donateurs tels l’Union européenne, la Banque mondiale ou autres pour financer ses projets de refonte.
Dans le même temps, le directoire a décidé d’activer un protocole de coopération avec la Chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP), signé en avril dernier lors d’une visite de son patron à Beyrouth, Pierre Simon.
Ce protocole d’accord n’est en fait qu’un cadre généraliste de coopération, qui a été conclu au terme de plusieurs visites à Paris effectuées par le vice-président de la CCIAB, Gaby Tamer, au lendemain de la guerre de juillet 2006.
Ainsi, une délégation de la CCIAB conduite par le président de la Chambre Ghazi Koraytem et formée de MM. Gaby Tamer (vice-président), André Nader (conseiller juridique), Nabil Fahd (trésorier) et Daisy Baddoura (directrice) s’est rendue à la Chambre de Paris pour traduire en action les termes de l’accord de coopération.
Les objectifs du directoire de la CCIAB sont de taille. Celui-ci a su conjuguer efficacement les priorités d’action. En fait, la visite de la délégation libanaise à la CCIP vise à obtenir une aide technique (le savoir-faire) pour la création d’un centre de médiation des conflits commerciaux, d’une Chambre électronique ou e-chamber, et d’un centre de formalités des entreprises (guichet unique pour l’enregistrement des sociétés).
En un mot comme en mille, la visite intervient après une longue réflexion du directoire de la CCIAB sur l’innovation, la modernisation et le développement des compétences des ressources humaines dans une logique d’anticipation de l’avenir.
« La Chambre de commerce et d’industrie de Paris n’a d’autre légitimité que d’être au service des entreprises. L’ensemble de son action n’a qu’un seul but : favoriser la compétitivité des sociétés. » Ces propos succincts mais explicites de Pierre Simon, les membres de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban (CCIAB) en sont pleinement conscients.
Pour le président de la CCIAB, Ghazi Koraytem, « la taille des deux Chambres de Beyrouth et de Paris est différente mais leur mission est la même, celle d’aider les entreprises à prospérer. Partant de là, il s’agit pour la CCIAB de redéfinir son offre de services en bénéficiant de l’expérience et du savoir-faire de la CCIP ».
« La nouvelle gamme de services devrait aboutir à l’amélioration du chiffres d’affaires de la Chambre et à l’instauration de son autofinancement », a-t-il ajouté.
Quant au vice-président de la CCIAB, Gaby Tamer, il a souligné que « le pragmatisme et l’art de gérer les changements devraient prévaloir en cette phase de transition de la Chambre. Il faudrait mettre en œuvre des propositions d’experts tout en les adaptant aux réalités du terrain et aux contraintes des entreprises libanaises ».
Au sujet d’une remise à niveau des ressources humaines à la CCIAB, Gaby Tamer a appelé les hommes d’affaires à faire évoluer les mentalités vers plus de décloisonnement, plus d’ouverture et moins de clientélisme.
La visite de la délégation libanaise au centre de médiation et d’arbitrage de Paris (CMAP) relevant de la CCIP a été particulièrement fructueuse.
En réponse à une question du conseiller juridique de la CCIAB, André Nader, les responsables du CMAP ont été clairs.
D’après leur propre expérience, il serait préférable à la CCIAB de mettre en œuvre le centre de médiation puis de procéder graduellement à l’amendement de la législation libanaise.
C’est que le CMAP, près de douze ans après sa création, continue de faire des propositions pour la réforme des lois françaises en vigueur. La médiation, qui est un des modes alternatifs des règlements de conflits commerciaux, est plus rapide, plus efficace et moins coûteuse que les actions devant les tribunaux compétents.
Cela dit, selon les responsables du CMAP, le directoire de la CCIAB devrait entreprendre une longue dynamique de sensibilisation des hommes d’affaires, des avocats et des fédérations professionnelles à l’utilité de la médiation.
Créé en 1995, le CMAP n’a pas encore trouvé sa vitesse de croisière. Le centre a commencé à traiter une dizaine de dossiers par an au début de sa création.
Aujourd’hui, il en est encore à seulement trois cents dossiers en rythme annuel, bien que de nombreuses grandes entreprises françaises telles France Télécom, Auchan, Accor, Veolia Environnement… eurent signé la charte de la médiation interentreprises et sont en train d’inclure de plus en plus dans leur contrat des clauses de médiation.
Un point quand même positif dans le paysage de la médiation en France. Les médiateurs sont à présent en train de traiter des litiges mettant en jeu des montants atteignant plus d’un million d’euros alors que par le passé, le montant mis en jeu dans les conflits ne dépassait pas 70 000 francs.
Aussi est-il nécessaire de souligner à ce sujet que la formation des médiateurs professionnels devrait poser un problème à la CCIAB dans la mesure où les frais d’une telle formation par postulant s’élèverait à quelque 22 000 dollars, selon les experts français.
Des frais qui devraient sans nul doute être subventionnés par la Chambre de Beyrouth et du Mont-Liban.
Pour ce qui est de l’échangeur PME, un service aux entreprises de la CCIP, créé en association avec l’échangeur Paris-Île-de-France, situé à la Bourse de commerce, rue de Viarmes, la délégation de la CCIAB a eu droit dans ce site à des démonstrations d’exemples concrets d’usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) par les sociétés, telles la prospection de nouveaux clients grâce au courriel, la connaissance des concurrents grâce à la veille, l’amélioration des forces de ventes d’une entreprise en les équipant d’outils informatiques et l’usage de l’e-administration.
Par ailleurs, la délégation libanaise s’est rendue au Centre de formalités des entreprises (CEF), situé à la Bourse de commerce.
Ce centre particulièrement performant assure l’accomplissement, en un seul lieu et en une visite, de toutes les formalités de l’opérateur économique relatives à la création, à la modification de la situation de son entreprise ou de la cessation de son activité.
Pour la création d’un tel centre à la CCIAB, une étroite coordination devrait être mise en œuvre entre la Chambre et le ministère de l’Économie qui entreprend en ce moment une dynamique de réforme du processus d’enregistrement des sociétés en coopération avec la Société financière internationale (SFI), bras droit de la Banque mondiale. Une affaire à suivre.
Source : l'Orient-le Jour
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