A la tête d’Attijari Wafa Bank (AWB) depuis moins d’une année, Mohamed Kettani préside une banque qui affiche de plus en plus des prétentions de banque internation...
A la tête d’Attijari Wafa Bank (AWB) depuis moins d’une année, Mohamed Kettani préside une banque qui affiche de plus en plus des prétentions de banque internationale et surtout maghrébine et africaine.
Sur 14 banques commerciales au Maroc, AWB détient 14% de parts de marché, toutes activités confondues. Elle arrive même jusqu’à 40 ou 45% de parts de marchés dans les métiers de banques d’affaires ou la gestion d’actifs.
En Tunisie, la banque qui a en une seule fois recapitalisé ses pertes de plus de 160 MDT de l’année 2005, ne veut plus se contenter de sa place actuelle au sein du marché financier tunisien et ambitionne même une position de leader. Mohamed Kettani, nous l’avons rencontré à Casablanca. Interview.
Comment évaluez vous l’expérience tunisienne en Tunisie, après bientôt deux ans de l’entrée d’Attijari en Tunisie ?
Très positive, sincèrement très positive et très enrichissante, parce que c’est notre première expérience, en dehors de l’Europe. On était installé en Europe pour la communauté marocaine y résidant, pour canaliser l’épargne de ces travailleurs marocains sur leur pays.
Notre réelle expérience d’une Banque universelle généraliste à l’extérieur du Royaume c’est l’acquisition de la Banque du Sud, qui est désormais Attijari Bank Tunisie. Après deux années de travail, nous enregistrons des résultats extrêmement encourageants et très prometteurs sur le marché tunisien.
En prenant en considération la proximité assez importante sur le plan des cultures managériales et sur le plan des cultures entrepreneuriales, nous avons réalisé que le potentiel de développement en Tunisie est très important au niveau des activités bancaires et financières.
Le modèle économique que nous avons développé au Maroc, retrouve même un bon écho sur le marché tunisien. Il faut dire aussi, que les autorités de tutelle ont été très attentives à nos premiers pas sur le marché tunisien, et nous avons trouvé une vraie aide, un soutien de leur part et une compréhension, parce que nous sommes passés par une phase de mise à niveau de la banque aux normes prudentielles internationales.
Ceci a aussi exigé de notre part, un effort d’assainissement du portefeuille et une politique de provisionnement relativement importante qui a dégagé lors de la première année de prise en main une perte relativement importante. Cela a été à notre sens nécessaire, pour que les équipes au sein d’Attijari Bank Tunisie, soient complètement libérées pour l’effort du développement à venir et parce qu’il ne faut jamais, dans ce genre de processus, solutionner les problèmes à moitié.
Il fallait une solution radicale, une mise à niveau courageuse et volontariste, pour libérer les énergies et les forces vives de la banque vers le développement.
Je crois qu’aujourd’hui, les équipes d’Attijari Bank Tunisie sont mobilisées pour réaliser le plan du développement stratégique sur lequel les équipes tunisiennes travaillent aujourd’hui pour mettre la banque sur les cinq années à venir, à partir de 2008, en cohérence avec les politiques que nous menons sur le plan régional.
A partir des premiers éléments des résultats de l’exercice 2007, est-ce que vous croyez qu’Attijari Bank Tunisie est actuellement assainie et qu’il n’y aura plus besoin de provisionner ?
Tout a fait. Nous avons tenu un conseil d’administration vers la fin 2007, où le management de la Banque nous a présenté la situation de la banque projetée à fin 2007 et je peux vous confirmer que l’effort de mise à niveau est clôturé aujourd’hui et que 2008 va être le point de départ de la véritable croissance de nos activités et de la rentabilité de cette banque. Attijari Bank Tunisie renouera ainsi avec la performance en terme d’activités et en terme de rentabilité.
Quelles seront les prétentions d’Attijari Bank en Tunisie après avoir bien préparé l’outil financier ?
Nous l’avons dit lorsque nous avons réalisé cet investissement en Tunisie, notre vision est celle de devenir une banque leader sur le marché tunisien, et nous ne pourrons pas nous contenter de la 5ème ou de la 6ème place, parce que nous disposons des capacités réelles et de forces vives, à l’intérieur de cette banque pour le devenir.
Avec une meilleure politique marketing, une meilleure politique de proximité avec la clientèle, une meilleure politique de qualité de services, une meilleure politique de tarifications ainsi qu’une capacité d’innovation en termes de produits et services, mais aussi une capacité de gestion des traitements des opérations de notre clientèle, nous ne pouvons qu’être parmi les premiers au niveau du marché tunisien sur les cinq années à venir.
Est-ce que vous avez un message à adresser aux autorités monétaires tunisiennes, pour que vous puissiez atteindre cet objectif.
Moi et en toute honnêteté intellectuelle, j’ai été très bien accueilli par les autorités monétaires tunisiennes et j’ai trouvé une oreille très attentive, une écoute et une disponibilité complète.
Nous avons parlé de notre plan de développement sur le marché tunisien, de notre capacité d’innovation, notamment en matière de crédit à la consommation, en matière de crédit hypothécaire, en matière de factoring ainsi que de toutes les opérations d’escompte sans recours pour le marché des PME, PMI et qui constituent un potentiel de développement important pour l’économie tunisienne.
Nous avons aussi parlé de toutes les activités financières, des métiers de banques d’affaires, des métiers de gestion d’actifs, etc. Nous avons réellement trouvé un écho favorable, tant il est vrai que les autorités monétaires et financières tunisienne ont elles-mêmes une vision de développement du secteur bancaire et financier pour le mettre au diapason de la scène internationale.
Donc, réellement, sur un certain nombre de créneaux et d’activités innovatrices au sein de l’économie tunisienne, nous avons trouvé un écho favorable. Il faut cependant dire qu’en matière de réformes du secteur financier, comme nous l’avons vécu au Maroc, cela doit se faire sur la durée.
Vous n’en êtes pas avec la première expérience tunisienne, parce qu’après la Banque du Sud, vous avez pris la partie tunisienne de la Banque Tuniso sénégalaise avant la CBAO. Est-ce que vous pourriez nous parler de cette stratégie d’internationalisation d’Attijari et de votre vision africainenbsp;surtout
Nous avons affiché depuis quelques années notre ambition de développement régional, pour la simple raison que Attijari Wafa Bank, sur 14 banques commerciales au Maroc, détient 14% de parts de marché, toutes activités confondues, dans les métiers traditionnels et dans des métiers innovants.
Nous arrivons jusqu’à 40 ou 45% de parts de marchés, notamment dans les métiers de banques d’affaires, de la gestion d’actifs, etc. Avec cette position relativement confortable sur le marché domestique, il était totalement évident qu’on engage une politique basée sur des relais de croissance au niveau régional.
C’est pourquoi nous avons opté pour une expansion régionale pour nous situer en tant que banque de référence dans la région, et lorsque je dis région, pour nous la priorité c’est le Maghreb, par ce que nous croyons réellement à l’intégration maghrébine sur le plan économique et financier tout au moins, et au niveau de l’Afrique de l’Ouest aussi.
C’est pour cela que nous avons opéré cette dernière acquisition, la CBAO qui vient consolider la première acquisition d’Attijari Bank Sénégal, l’Ex Banque sénégalo- tunisienne, qui fera de nous le premier opérateur bancaire dans la région UEOMA. Sur 8 pays traitant en franc CFA, nous serons le premier opérateur bancaire.
Nous avons aussi déposé un dossier qui a recueilli l’avis favorable des autorités mauritaniennes et nous allons au cours du premier semestre 2008 installer une banque en Mauritanie.
Nous continuons par ailleurs de batailler pour avoir une présence en Algérie et nous nous intéressons à la Libye puisque nous avons pris la décision d’investir aussi dans ce pays où nous sommes en train de chercher les cibles potentielles.
Nous participons au processus de privatisation de la Banque Al Wihda en Libye, mais nous étudions toutes les opportunités.
Nous venons par ailleurs d’être autorisés par les Emirats Arabes Unis pour l’ouverture de représentation à Abou Dhabi et à Dubaï pour mettre en place une plate forme dans les pays du Golfe et établir une passerelle entre les pays du Golfe, le Maghreb et les pays de l’Afrique de l’Ouest.
Nous souhaitons que notre présence en tant que Attijari Wafa Bank, aux Emirats Arabes Unis puisse rayonner sur l’ensemble des pays du Golfe pour le compte de nos installations maghrébines et de l’Afrique de l’Ouest. C’est cela la vision de Attijari Wafa Bank aujourd’hui, et qui va être portée par un plan quinquennal relativement volontariste en la matière.
Durant les deux journées de Maghreb Développement, nous constatons une nouvelle tendance de la banque, cette d’être l’intermédiaire directe entre hommes d’affaires tunisiens et marocains, pour essayer de générer un courant d’affaires concret et réel entre les pays du Maghreb !
Effectivement nos gouvernements respectifs tracent les lignes de conduite, il y’a les commission bilatérales, il y’a l’UMA, il y’a les relations avec l’Afrique de l’Ouest, mais c’est à nous, opérateur bancaire privé, de mettre en place des passerelles, je dirais beaucoup plus opérationnels et pragmatiques, et nous privilégions d’être le catalyseur entre hommes d’affaires qui viennent se rencontrer, discuter en toute transparence et cerner les opportunités d’investissements et de commerce.
Nous espérons que le Forum Maghreb Développement puisse un jour être un véritable catalyseur du renforcement du commerce extérieur et des investissements entre les pays maghrébins.
Source : AfricanManager
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