Les syndicats des transports au Maroc accentuent leurs protestations contre
les dispositions du nouveau Code de la route actuellement à l'étude à la Chambre
des conseillers.
Les salariés ont organisé une grève lundi 6 avril, perturbant
les conditions de circulation pour la troisième fois en quelques semaines, après
la grève du 12 mars et le sit-in organisé le 16 mars devant le siège du
parlement.
Les voyageurs n'ont eu d'autres choix que de prendre leur mal en patience.
Nombre d'entre eux ont eu des difficultés à se rendre à leur travail, et ont
demandé qu'une solution urgente soit trouvée entre le gouvernement et les
professionnels, afin qu'il soit mis un terme à ces grèves.
Les chauffeurs de poids lourds et de taxis appartenant à plusieurs syndicats
tels que la FDT, l'UNTM, l'ODT et la CDT ont participé à ce débrayage organisé
lundi, pour protester contre les peines privatives de liberté envisagées et le
montant des amendes, bien que la Chambre des représentants ait déjà adopté un
certain nombre d'amendements au projet de loi initial.
Les députés ont en effet réduit les amendes à 400, 600 ou 900 dirhams, alors
qu'elles avaient au préalable été fixées à des montants pouvant atteindre 3 000
dirhams.
Mais les professionnels du secteur souhaitent obtenir des réductions
supplémentaires.
"Les chauffeurs gagnent entre 30 et 60 dirhams par jour. Comment feront-ils
face aux sommes exorbitantes du projet du Code de la route ? Déjà avec les 400
dirhams actuels, les professionnels souffrent", expliqué Khalid Idrissi,
secrétaire général du syndicat des transports ODT.
Par ailleurs, les peines de prison ont été retirées du Code de la route, mais
celles qui sont prévues par le Code pénal restent en vigueur. Cette disposition
a été rejetée par les syndicats.
Selon le ministère des Transports, ces peines
s'appliqueraient pour des accidents impliquant un chauffeur conduisant sous
l'emprise de l'alcool, roulant à une vitesse excessive, et entraînant la mort ou
des blessures graves.
Le secrétaire général de l'UNTM, Noureddine Mouharrir, a souligné que la
communication est l'une des priorités des professionnels afin de parvenir à une
loi qui satisfasse les deux parties.
Les syndicalistes ont même menacé d'organiser une journée nationale de
protestation si le gouvernement ne répond pas à leurs doléances. La date de
cette action n'a pas encore été fixée.
Les professionnels souhaitent accentuer la pression sur le gouvernement et
les parlementaires de la Chambre des conseillers pour les inciter à apporter des
amendements à ce projet de loi.
L'économiste Bouchra Hanine a expliqué à Magharebia que le coût d'une
manifestation nationale dans le secteur des transports serait trop élevé pour
être calculé.
Elle a expliqué qu'une telle initiative provoquerait des
perturbations majeures, empêchant les salariés de se rendre à leur travail et
affectant les relations commerciales et les transactions financières.
"Un mouvement de débrayage réduirait considérablement l'activité et
fragiliserait l'ensemble de l’économie", a-t-elle ajouté.
Le public redoute ces menaces de débrayage supplémentaire. Beaucoup de ceux
qui utilisent les réseaux de transport public se retrouvent complètement bloqués
lorsque les syndicats lancent des mouvements de grève.
"Je prends chaque jour
quatre taxis pour rejoindre mon travail. Quand une grève a lieu, je suis
contrainte de rester à la maison", explique Hiba Rehmouni.
Siham Nafali, une étudiante, espère que cette grève nationale n'aura pas lieu
durant le week-end, parce qu'elle prend le car chaque semaine pour aller voir sa
famille qui habite à El Jadida.
"J’espère que le gouvernement et les syndicats
arriveront à un accord pour que les transports ne soient pas perturbés",
déclare-t-elle.
Le ministre des Transports Karim Ghellab a indiqué que le gouvernement s'en
tenait aux accords qu'il avait passés avec les salariés du secteur des
transports.
Il a expliqué que ce mouvement de protestation était basé sur les
préjugés des professionnels sur un projet de loi qui "a subi plusieurs
modifications".
Lors du dépôt du projet de loi sur le bureau du parlement, le gouvernement
avait approuvé l'adoption de 287 amendements, y compris le retrait des peines
privatives de liberté.
Source : Magharébia