L'utilisation de systèmes intelligents de régulation exige une haute qualification.
Les responsables chargés de la construction de la nouvelle gare Casablanca-Port, nous promettent un projet futuriste. Tout près du chantier se dresse un grand panneau sur lequel les voyageurs peuvent lire en gros caractères: «Mobilité et transport durable». Sur ce support, les responsables déclinent les étapes de la réalisation de cette station.
On apprend que la première tranche verra la construction d'un grand bâtiment (hall voyageurs, quais, etc.) et d'un immeuble de 6 étages (bureaux et locaux commerciaux en plus d'un parking souterrain à deux niveaux).
Quant à la seconde, elle consistera en la construction d'un centre tertiaire composé de trois édifices (6,11 et 22 étages) comprenant locaux et bureaux commerciaux ainsi qu'un parking souterrain à deux niveaux.
Tout a été décliné, sauf la composante développement durable (efficacité énergétique, énergies renouvelables, récupération des eaux de pluie, etc.)
Pourtant, dans un contexte de réduction des énergies fossiles et de l'aggravation de l'impact du réchauffement climatique, cet ouvrage qui verra son flux de voyageurs passer de 6,5 millions en 2007 à 15 millions à l'horizon 2015 servirait de prototype de démonstration pour promouvoir les bâtiments du futur.
Contacté pour connaître les raisons de cette “omission”, un responsable à l'ONCF nous a assuré que l'Office intègre la dimension environnementale dans les programmes et chantiers d'infrastructures entrepris et qu'il a également entamé des démarches d'économie d'eau et d'énergie.
Cette même source ajoute que, concernant le projet de construction de la gare de Casablanca-Port, les études qui sont en cours permettront de définir les différentes possibilités d'intégrer la composante développement durable dans la construction de cette future station.
Si donc certains organismes ou grandes sociétés semblent conscients des enjeux énergétiques du pays, il n'en est pas de même aujourd'hui pour l'ensemble du secteur du bâtiment qui continue de mettre sur le marché quelque 150.000 logements chaque année sans se soucier des nouveaux défis environnementaux.
L'incapacité à respecter ces nouveaux procédés de construction résulte de la situation de ce secteur. «Quelque 80% des nouvelles constructions sont réalisées par des entreprises travaillant dans le secteur informel.
De même, il n'existe pas encore de carte professionnelle pour empêcher de nouveaux arrivants d'intégrer la filière», ont souligné les participants à la journée d'étude sur le thème «Qualité, sécurité et durabilité dans le secteur de l'habitat», organisée en septembre 2006 à Rabat.
Pour remédier à cette situation, une convention a été signée lors de cette rencontre pour la création d'un Centre national de recherche de l'habitat (CNRH), qui jusqu'à maintenant n'a pas encore vu le jour.
Entre-temps, et dans le cadre d'un programme d'efficacité énergétique dans le bâtiment initié par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les pouvoirs publics devront élaborer un code d'efficacité énergétique (EE).
Mais en attendant cette réglementation, les promoteurs immobiliers pourront changer d'habitudes. «Il y a possibilité d'intégrer des mesures d'efficacité énergétique dans les cahiers des charges des nouvelles constructions ou des rénovations majeures», a indiqué Amal Hadouche, directrice générale du Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), lors d'un atelier de travail consacré à l'efficacité énergétique dans le bâtiment, organisé dernièrement à Rabat.
Lors de ce rendez-vous, des experts ont expliqué que l'efficacité énergétique ne se limite pas à l'installation des chauffes solaires, des panneaux photovoltaïques, des lampes à basse consommation (LBC), etc., mais plutôt à l'utilisation de produits performants et de systèmes intelligents de régulation, d'automatismes et de mesure, qui améliore la qualité et la disponibilité de l'énergie en consommant juste les quantités nécessaires.
«Les architectes qui ne maîtrisent pas la physique, ne pourront jamais concevoir des bâtiments dotés d'efficacité énergétique. Dans l'acte de construire, il faut désormais penser à l'isolation thermique.
On ne peut pas utiliser des appareils d'économie d'énergie dans un bâtiment qui n'est pas doté d'une bonne isolation», a expliqué Zineb Louah, architecte au Luxembourg, qui a présenté un logiciel de calcul du bilan énergétique.
Un bilan qui, dans certains pays, est devenu obligatoire avant tout acte de vente ou de location de maison. Il faut bien savoir qu'à l'avenir, les maisons seront jugées sur leur bilan énergétique et non sur leur décoration en marbre ou en mosaïque ou autres accessoires.
Notons qu'en 2020 paraîtra une génération de bâtiments à énergie positive qui produiront eux-mêmes de l'énergie. Pour être au rendez-vous, des formations en isolation thermique sont prévues pour les architectes marocains avec la coopération allemande.
Quant aux responsables du secteur du bâtiment, ils devront anticiper en installant notamment des plates-formes voltaïques et solaires dans les centres d'apprentis.
Le projet « Efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment au Maroc » en partenariat avec les ministères (Habitat, Tourisme et Santé), le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) est en cours de validation par le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) qui débutera en 2009 et durera quatre ans.
Ce programme vise la réduction de la consommation d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre au Maroc conformément aux engagements pris par le Royaume dans le cadre de la Convention sur les changements climatiques.
Il appuie la mise en œuvre du code d'efficacité énergétique (EE) en cours d'adoption par le renforcement institutionnel de la structure en charge d'application du code EE, la réalisation de projets pilotes afin de préparer le secteur du bâtiment à mettre en œuvre le code EE, l'élaboration de standards d'EE et des guides techniques et méthodologiques pour leur application.
« Ce projet apporte également un appui à l'élaboration des textes d'application, et met en œuvre un plan de plaidoyer et de communication pour assurer leur promulgation, leur vulgarisation, et leur mise en œuvre par l'ensemble des partenaires tout en accompagnant l'engagement des investissements publics et privés en EE dans le tourisme, l'habitat et la santé pour l'étendre ensuite aux autres secteurs», indique El Kébir Mdarhri Alaoui, conseiller Environnement développement durable au PNUD.
Source : Le Matin