Masen lancera un appel d’offres fin 2010, Un appel à manifestation d’intérêt la semaine prochaine, Banques, assurances, fonds généralistes, caisses de retraite… les bailleurs de fonds.
Dans tout investissement, le choix d’un modèle économique gagnant est une question décisive. Surtout quand il s’agit d’un secteur où l’Etat doit miser gros comme celui de l’énergie solaire. Aucun faux pas n’est donc tolérable.Pour débattre de la question, Attijariwafa bank (AWB) a organisé, mardi à Casablanca, une conférence à laquelle elle a convié bailleurs de fonds nationaux et internationaux, experts, investisseurs, opérateurs publics et privés…
Tout ce beau monde a donc réfléchi sur le modèle économique à choisir dans un secteur novateur. A noter que l’organisation de cette conférence n’est pas fortuite. Le groupe Attijariwafa bank préside, en effet, cette année l’Alliance de banques pour la Méditerranée.
Une institution qui a pour mission de traiter de sujets stratégiques pour la région comme le financement des grands chantiers, la planification, la promotion de l’initiative privée …
Plusieurs réunions sont d’ailleurs prévues au Maroc tout au long de 2010. Le groupe AWB affiche ainsi ses appétits pour un marché hautement capitalistique : «Nous voulons être un acteur majeur dans le financement des grands chantiers structurants et contribuer au débat sur l’énergie», déclare Mohamed Kettani, PDG de la banque.
Pour le président, une chose est sûre: de nouvelles voies devront être inventées et le groupe bancaire est prêt à mettre la main à la poche pour financer l’investissement dans le plan solaire marocain.
«En matière d’énergies renouvelables, le Maroc dispose d’une bonne expertise puisqu’il s’y est mis depuis 2000.
D’ailleurs, en 2009, environ 3.700 villages, soit 100.000 foyers, sont éclairés grâce à l’énergie solaire», précise Ali Fassi Fihri, directeur général de l’Office national de l’électricité (ONE). Le Maroc fait partie des premiers pays au monde à avoir installé des éoliennes en 1977.
Pour rappel, les Assises nationales de l’énergie qui se sont tenues en mars 2009 ont marqué un tournant dans la stratégie marocaine en matière d’énergie.
En effet, le Royaume s’est fixé comme défi de porter la part des énergies renouvelables dans la production électrique à 42%, répartie entre l’éolien, l’hydraulique et le solaire.
Evidemment, l’objectif est de réduire la dépendance du pays vis-à-vis de l’étranger.
Et c’est dans ce sillage que l’Agence de l’énergie solaire (Masen) a vu le jour. La nouvelle structure sera donc le bras armé du gouvernement en matière d’énergie.
L’Agence doit investir pas moins de 9 milliards de dollars (environ 70 milliards de DH). «Le Maroc est en train de basculer d’une logique de rattrapage du retard à une logique d’anticipation», explique Mustapha Bakkoury, président du directoire de Masen.
L’an dernier, la facture énergétique a été salée. «Il faut donc y remédier», ajoute Bakkoury.
«Ainsi, le plan solaire marocain devra comporter une vision d’intégration industrielle, régionale et méditerranéenne. La formation, la recherche & développement…également», poursuit-t-il. De plus, les ambitions des uns et des autres ont besoin d’un environnement économique favorable pour produire une énergie accessible et avec des coûts optimisés.Selon Bakkoury, la phase pré-qualification sera bouclée entre juin et septembre prochains. Le cahier des charges sera fin prêt vers le mois de novembre. L’appel d’offre concernant Ouarzazate sera lancé fin 2010.
Mais en attendant, un appel à manifestation d’intérêt devra être publié au cours de la semaine prochaine. Il s’agit de permettre aux investisseurs de disposer de la même information pour mieux apprécier les enjeux et de mieux exprimer leur intérêt pour l’investissement dans ce secteur.
Du côté de l’Agence, la prudence est de mise. «En effet, nous sommes devant une multitude de technologies et nous devons choisir la plus optimale», explique Bakkoury. Pour produire de l’électricité à partir de l’énergie solaire, deux technologies sont possibles: le solaire photovoltaïque et le solaire thermique (CSP). Mais dans les deux cas, la technologie avance vite.
L’Agence devra faire le bon choix. D’ailleurs, en concertation avec l’ONE, elle est appelée à définir «un cahier de charges fonctionnel et clair». Et c’est une technologie évolutive qui sera certainement adoptée.
Une cellule R&D devra être mise en place le plus vite possible par l’Agence. Elle aura pour mission, entre autres, d’évaluer la pertinence des choix technologiques de l’Agence.
Autre question complexe, le choix du schéma institutionnel qui devra être retenu avant de commencer à produire de l’énergie électrique: une concession, une société de participation, un mixage entre plusieurs formes?
A ce niveau, il faudra tenir compte des volets juridique, fiscal et de partage des risques. Le schéma définitif sera arrêté au cours de la phase qualification.
Le management de Masen travaille en fait sur cinq sites: Ouarzazate (500 MW), Béni Mathar (400 MW), Foum El Oued (500 MW), Boujdour (100 MW) et Sebkhat Tah (500 MW). Au total, 10.000 ha seront mobilisés pour ces cinq projets, correspondant à une puissance installée de 2.000 MW, soit 38% de la puissance installée actuellement.
La capacité de production annuelle atteindra 4.500 GWh. Là encore, des choix devront être arrêtés pour une meilleure intégration industrielle.
Mais en matière de potentiel d’investissement dans le domaine des énergies renouvelables, et de l’énergie solaire en l’occurrence, l’ONE n’est pas en reste. Il représente un marché colossal. En effet, pour la période 2009-2015, l’ONE doit investir en production pas moins de 58 milliards de DH.
Ajoutez à cela, un montant de 21 milliards de DH pour financer un ambitieux programme d’investissement en réseaux. Ces projets d’investissements seront mobilisés par l’ONE auprès de bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux.
Des investissements rendus nécessaires par la croissance de la demande en électricité. Selon le DG de l’ONE, elle a connu une évolution régulière de 6,5% pendant la période 1999-2009. Cette croissance est due à l’amélioration des conditions de vie de la population, à l’évolution de la croissance globale du pays. Ainsi, en 2009, la consommation moyenne d’électricité était de 700 kWh par habitant, contre 590 en 2005. De plus, la facture énergétique ne cesse de grimper. En 2008, elle avait atteint 70 milliards de DH. «Nous avons passé des moments très difficiles en 2007-2008», rappelle El Fassi Fihri.
En cause, la flambée des prix des combustibles, le retard dans les investissements, la situation financière de l’ONE, l’explosion de la demande… Et des turbines à gaz et groupes diesel ont même dû être mis en place pour répondre à la forte demande en électricité.
D’où des délestages répétitifs fin 2008. Pour faire face à une demande d’énergie croissante le patron de l’ONE doit faire face à un double défi: produire le kWh le moins cher tout en maîtrisant l’évolution des coûts.
Plusieurs projets seront finalisés courant 2010, tels que la centrale de Jorf Lasfar, la centrale diesel d’Agadir et la centrale de turbines à gaz de Kénitra.
Les investissements dans le domaine de l’énergie solaire sont donc colossaux et suscitent les appétits de banques commerciales locales et internationales ainsi que les banques islamiques.
Mais pas seulement. Fonds généralistes, compagnies d’assurances, caisses de retraite via la réserve technique pourraient contribuer à financer les investissements en question.
Des bailleurs de fonds internationaux pourraient également être intéressés par le plan solaire marocain. En effet, «le Maroc se distingue par une qualité d’irradiation 30% supérieure aux meilleurs sites européens», souligne Samir Belrhandouria, DG du Morocco Infrastructure Fund (MIF).
Un fonds créé par le groupe Attijariwafa bank pour le financement des projets d’infrastructures. De plus, le Maroc offre une meilleure stabilité en termes d’ensoleillement.
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