Passage forcé du contrat-programme logistique? La version finale de la feuille de route est prête. Elle devra être signée dans quelques jours entre le gouvernement et les professionnels.
Mais à la veille de la signature, des opérateurs précisent que «seuls le contrat-programme relatif aux zones multiflux du Grand Casablanca et le contrat d’application concernant la formation sont prêts».
Or, le contrat-programme du secteur de la logistique compte au total 10 contrats d’application, lesquels ne seront prêts que dans plusieurs mois. «Il reste beaucoup de travail à faire au niveau des contrats d’application», explique Mohamed Talal, président de la commission Logistique à la CGEM.
Selon la présentation en séance plénière, organisée mardi 2 mars au siège du patronat, la dernière mouture du contrat-programme est loin de faire l’unanimité auprès des professionnels. C’est la raison pour laquelle ils ont introduit une série d’amendements en guise de «conditions sine qua non pour la signature du contrat-programme». Mais, jusqu’à présent, ces amendements n’ont toujours pas été pris en compte.
Il s’agit d’abord de la réserve foncière prévue au niveau de la zone logistique multiflux (ZLMF) de Zenata. Une zone qui accueillera trois types de plateformes: conteneurs, distribution et sous-traitance ainsi que les céréales. Mais les professionnels s’opposent au choix de la plus importante plateforme industrielle.
Ce site est, selon la corporation, source de toutes «sortes de nuisances et concentre les plus grands flux». Par conséquent, en cas d’inondations par exemple, les dégâts pourraient être très importants. De plus, cette zone fait la part belle au public.
En effet, elle est répartie entre quatre institutions: ONCF (100 ha), CDG (230 ha), ANP (30 ha) et SNTL (28 ha). Au total, la ZLMF s’étend sur environ 460 ha et atteindra 600 ha à l’horizon 2015.
«Le foncier devrait être ouvert au privé puisque le contrat-programme a été conçu dans le cadre du partenariat public-privé», déclare Talal, lors de son exposé à la CGEM. Aujourd’hui, les opérateurs exigent d’être impliqués dans l’élaboration des cahiers des charges des plateformes logistiques.
De plus, au moment où le Maroc engage un processus de régionalisation, le contrat-programme ne prévoit que cinq plateformes dans cinq régions : Tanger, Casablanca, Fès-Meknès, Nador et Marrakech. Pourquoi n’a-t-on donc rien prévu pour la région d’Agadir, par exemple? s’interroge-t-on.
Le Sud a ainsi été oublié dans la répartition des plateformes logistiques. L’absence d’une connexion ferroviaire explique-t-elle la mise à l’écart de cette région ? De plus, le contrat-programme logistique interdit la construction de zones logistiques en dehors des zones définies par ce même contrat.
Ce document favorise le transport ferroviaire au détriment des autres modes de transport. Le patronat réclame le libre choix. Autre grief tenu par les professionnels à l’encontre de la ZLMF de Zenata, son mode de gouvernance, confié à un GIE dont le tour de table est constitué de l’ONCF, la SNTL, l’ANP et la CDG.
Le privé a été écarté dans la gestion de la ZLMF, reprochent les opérateurs. Ceux-ci estiment que le GIE, de par sa forme juridique, constitue un facteur de blocage à la libre concurrence. Or, le contrat-programme parle bien de partenariat public-privé.
Par ailleurs, les professionnels sont déçus par l’absence de mesures incitatives pour le privé. De plus, ils redoutent la montée en force du GIE, qui pourrait devenir privatisable.
A l’heure où une charte de l’environnement est en gestation, la CGEM réclame également l’élaboration d’un contrat d’application spécifique à cette problématique. Les professionnels veulent également examiner les possibilités d’articulation entre les stratégies structurantes mises en œuvre par le gouvernement et le futur contrat-programme logistique.
Autre doléance du patronat, l’implantation de l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) à Casablanca, près des opérateurs.
Autre point de discorde entre la tutelle et les opérateurs logistiques, l’interdiction qui sera faite aux camions poids lourds de plus de 5 tonnes de circuler en ville. Ce qui posera un problème au niveau de l’approvisionnement des commerces en ville.
Les entreprises concernées devront donc être relocalisées ailleurs ou s’équiper de petits camions pour relier le port et Zenata.
D’où un surcoût pour les entreprises. Raison pour laquelle la CGEM réclame un fonds pour l’accompagnement de cette opération et la restructuration des acteurs logistiques, industriels, prestataires logistiques et autres transporteurs.
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