Le port marocain investit pour s'imposer comme un relais vers l'Europe.
Le port Tanger Med, au Maroc, affiche son ambition d'être un pôle industriel. Crédits photo : AFP
Ancré sur la rive africaine du détroit de Gibraltar, le port marocain Tanger Med fait face à l'Europe. Une quarantaine de minutes suffit aux bateaux les plus rapides pour relier Algésiras, l'espagnole aux nouvelles installations situées à 45 kilomètres du cœur historique de Tanger.
En juin, Tanger Med accueillera les premiers touristes en transit, trois ans après l'arrivée du premier porte-conteneurs dans ce port pris à contre-pied par la crise.
Le ralentissement économique ne perturbe pourtant pas trop le démarrage commercial : «plus 30 % en 2009, soit 1,22 million de conteneurs, et encore plus de 30 % prévus cette année», assure Saïd Elhadi, président du directoire de l'Agence spéciale de Tanger Méditerranée (TMSA), gestionnaire du port.
La capacité actuelle de 3 millions de «boîtes» sera portée à 8 millions à l'horizon 2016 (3 milliards d'euros d'investissement). Avec l'espoir de la saturer en 2020. Pour réussir ce pari, Tanger Med affiche son ambition de devenir un relais obligé vers l'Amérique latine, l'Afrique, mais aussi vers l'Europe.
Le commerce avec l'Asie est prépondérant : les huit liaisons entre l'Europe et ce continent représentent 35 % de l'activité du port. Plus que la desserte de l'Afrique de l'Ouest (33 %).
«À Tanger Med, les porte-conteneurs ne feront qu'une halte entre les continents sans remonter vers des ports tels que Gênes, Barcelone ou Marseille», imagine le président de TMSA.
La liaison entre l'Asie ou l'Europe, habituellement d'environ trente-trois jours, descendrait alors jusqu'à vingt-quatre jours au mieux en passant par Tanger Med.
Depuis ce port en eaux profondes, idéalement situé, les conteneurs pourront rallier leur destination finale par des bateaux rapides mais aussi par la route via l'Espagne. Tanger Med ne veut cependant pas être qu'une «gare de triage», mais aussi un pôle industriel.
Pour attirer les entreprises telles que Renault (160 000 modèles en 2012) dans sa zone franche, les autorités marocaines ont diminué sensiblement l'impôt sur les sociétés ou encore facilité les démarches (douanes, devises, etc.).
Avec l'espoir qu'entre 2003 et 2020 le port et sa zone franche créent 200 000 emplois. Si les coûts salariaux sont 3 à 4 fois inférieurs à ceux pratiqués en Espagne, TMSA ne veut pas que Tanger Med soit considéré comme un port à bas coûts. «Nous ne voulons pas être un low-cost, nous préférons mettre en avant notre productivité, l'emplacement géographique, ou le développement de l'arrière-pays», assure Saïd Elhadi .
Si Tanger Med atteint ses objectifs, il sera non seulement un point d'ancrage pour le développement Nord-Sud, mais aussi le trait d'union avec l'Europe qu'il rêve de devenir.
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