Le gouvernement tunisien a baissé les prix des panneaux solaires pour tenter de réduire la dépendance à l'égard de l'électricité importée et pour réduire les dépenses des ménages ordinaires.
[Jamel Arfaoui] Un Tunisien envisage d'équiper sa maison en technologie solaire, pour laquelle le gouvernement a lancé des mesures d'incitation.
Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'un plan énergétique global, amendé par le parlement en février 2009, qui concerne quarante projets sur la période 2010-2016 destinés à diffuser l'énergie solaire dans les foyers et à réduire les émissions de carbone de 1,5 million de tonnes par an. L'énergie solaire est la source de production électrique choisie par seulement un pour cent des Tunisiens, selon l'association Transatlantic21, chargée de suivre l'utilisation des énergies propres dans le monde.
L'économiste Jannet Ben Abdellah a expliqué à Magharebia que l'énergie solaire "permet aux consommateurs d'économiser jusqu'à 70 pour cent de leur coûts de consommation d'eau chaude".
Mais malgré ces incitations, la réaction des Tunisiens ordinaires aux mesures gouvernementales est assez variée. Selon l'ingérieur Assil Shihabi, la demande de panneaux solaires dépendra largement de la géographie.
"Les habitants des zones urbaines ont commencé à demander des services [solaires]", a-t-elle expliqué à Magharebia. "Mais... dans les zones éloignées, notamment dans le sud de la Tunisie, pourtant riche en énergie solaire et où les températures dépassent les 40 degrés Celsius, les gens ne connaissent pas encore bien les chauffages solaires".
Hamida Laouati, une habitante de la capitale, fait partie de ceux qui ont décidé de ne pas bénéficier des mesures gouvernementales. "L'hiver tunisien est court", a-t-elle expliqué, et l'énergie solaire "ne fournira que l'eau chaude".
"Mais si un jour, ils arrivent à utiliser [l'énergie solaire] pour l'éclairage, je serai la première à l'installer, sans aucune hésitation", conclut-elle.
D'autres Tunisiens se disent ravis d'avoir tenté l'expérience du solaire. Faicel Ben Zina l'utilise depuis un an, et est favorable au projet du gouvernement.
"J'aurai amorti les coûts [des panneaux et de l'installation] dans dix ans", explique-t-il à Magharebia. "Après ça, j'aurai mon électricité gratuite."
Les coûts de l'électricité sont un souci pour la Tunisie, classée première au classement annuel de la fondation Powering Africa des pays dépendant de l'électricité. Selon cette fondation, 99 pour cent des Tunisiens ont accès à un branchement.
Le secrétaire général des Verts, Mongi Khamassi, a expliqué que ces récentes mesures en date pour favoriser la technologie solaire soulignent l'engagement du pays en faveur des objectifs environnementaux.
"La Tunisie... possède de grandes capacités de développement de l'énergie solaire à des fins de production électrique", a-t-il déclaré à Magharebia le 4 février, soulignant que le territoire tunisien reçoit l'équivalent de 2 000 watts de rayonnement solaire par heur et par jour.
L'énergie solaire "semble prometteuse", a-t-il ajouté. "Notamment depuis que des chercheurs ont trouvé des solutions au problème du stockage de grandes quantités d'énergies renouvelables".
La Tunisie n'est pas le seul pays du Maghreb à avoir des ambitions solaires. Le Maroc a récemment dévoilé des projets de diffuser l'utilisation de cette source d'énergie plus écologique et renouvelable. Le projet solaire du royaume, doté de neuf milliards de dollars, vise à créer des capacités de 2 000 MW à l'horizon 2020 et de réduire la dépendance envers les importations d'électricité, de pétrole et de gaz naturel.
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