Assainissement, eau, déchets, habitat insalubre : 80 milliards de DH pour la mise à niveau à l’horizon 2020.
«LA dégradation croissante du patrimoine naturel et culturel est réelle», a déclaré le Premier ministre, jeudi dernier, à l’occasion du coup d’envoi de la concertation sur le projet de Charte nationale de l’environnement et du développement durable.Et Abbas El Fassi de prévenir que la situation ira en s’aggravant si des mesures urgentes ne sont pas prises. Car, l’enjeu tient à la santé et à la qualité de vie des Marocains.
Pour le moment, le tribut de la dégradation de l’écosystème est trop onéreux. «Il représente annuellement entre 3,5 et 3,7% du PIB», indique à L’Economiste Abdelkbir Zahoud, le secrétaire d’Etat chargé de l’Eau et de l’Environnement.
Mais encore faut-il préciser que l’estimation n’a aucune assise scientifique, reconnaît Zahoud. C’est le rôle dévolu aux 16 observatoires régionaux dont la mise en place accompagnera la Charte (voir L’Economiste, édition du jeudi 14 janvier).
Ce coût résulte bien évidemment de plusieurs facteurs tels que la surexploitation des ressources, les changements climatiques, la désertification, mais aussi émissions et rejets de polluants domestiques et industriels.
Le tout affecte l’eau, l’air et la biodiversité. Fort heureusement, il y a volonté d’y remédier. Ainsi, de nombreux projets ont été définis dont beaucoup sont déjà en chantier. Abbas El Fassi en a rappelé les principaux: la préservation de l’eau, l’efficacité énergétique, la gestion des déchets, la lutte contre l’habitat insalubre ainsi que les plans Vert et Halieutis. A noter que tous ces projets sont menés selon une approche intégrée.
La politique engagée vise à réduire la pollution de près de 80% à l’horizon 2020. Et les axes d’intervention se déclinent sous forme de programmes complétés par des actions ciblées. En tête, figure le Programme national d’assainissement liquide (PNA).
Ce plan, dont la réalisation nécessiterait pas moins de 43 milliards de DH, a pour objectif d’augmenter le taux de raccordement au réseau d’assainissement de 70 à 80% et de réduire la pollution domestique et industrielle de 60% à l’horizon 2020.
Il consiste en une mise à niveau du service d’assainissement au profit de 10 millions d’habitants. Les retombées attendues sont jugées très positives à divers niveaux, des recettes de l’Etat, de la création d’emplois et de la réduction des risques sanitaires. Car la pollution engendre aussi de nouvelles maladies liées surtout à la respiration.
Le Programme national de gestion des déchets ménagers (PNDM) cible cette autre grande source de pollution. Actuellement, le pays compte 350 décharges sauvages contre 2 contrôlées.L’objectif est d’atteindre à l’horizon 2021, un taux de 90% de collecte et de traitement des déchets ménagers.
Le PNDM ambitionne aussi de généraliser les décharges contrôlées à l’ensemble des agglomérations. Avec à la clé l’organisation du recyclage et de la valorisation des déchets. Il est ainsi prévu de récupérer 20% des déchets générés. Le coût global de ce programme est estimé à 37 milliards de DH.
Parallèlement, le département de l’Environnement est en passe de conclure des conventions de partenariat avec les régions.
L’objectif est de mutualiser les moyens pour la mise en œuvre de certains projets à composante environnementale. Il s’agit notamment de la lutte contre la désertification, la pollution, la sensibilisation et l’éducation environnementale.
Sans oublier la recherche scientifique et l’amélioration des compétences. La mise à niveau environnementale dans le milieu rural est aussi plus que préoccupante. Sur les 17.500 écoles rurales du pays, plus de 62% (soit 12.176 écoles) sont dépourvues d’infrastructures d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable.
Cette situation a des impacts négatifs notamment sur la scolarisation des filles et la santé des écoliers et des instituteurs. Le Programme national de mise à niveau environnementale des écoles rurales a été initié dans l’objectif d’y améliorer le cadre de vie ainsi qu’au sein des institutions coraniques et des mosquées.
Le budget alloué à ce programme pour la période 2008-2012 est estimé à 1,6 milliard de DH. Enveloppe partagée entre les départements concernés (Intérieur, Santé, Education nationale, Eau et Environnement, Eaux et Forêts), les collectivités locales, les agences de développement social, le secteur privé et la coopération internationale.