Les opérateurs constatent une amélioration des carnets de commandes depuis octobre. Le chiffre d’affaires à l’export a chuté de 20 à 30% en 2009. La désaffection a concerné davantage les marchés de la première monte que la pièce de rechange.
Les
équipementiers automobiles marocains reprennent espoir après une
période de vaches maigres de plusieurs mois. «Il est évident que nous
ressentons un frémissement dans les commandes, sauf pour l’Espagne, et
c’est bien reparti sur la petite cylindrée», constate Mohammed Laraqui,
Pdg de Floquet monopole, spécialiste de la chemise de piston.
C’est au niveau du segment des voitures d’entrée de gamme (M1) que la reprise s’est annoncée depuis octobre 2009, avec des commandes qui sont en train de revenir à des niveaux jugés «habituels» par les équipementiers.Ce secteur revient donc de loin, même si, comme l’explique M. Laraqui, il est impossible de dire si la reprise va se consolider ou pas, notamment en raison de la probable suppression de la prime à la casse instaurée en Europe.
Selon Mohamed Ouzif, directeur de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica), les équipementiers ont perdu entre 20 et 30% de leur chiffre d’affaires sur les 8 milliards de DH qu’ils exportent chaque année.
Mais tous les segments n’ont pas été touchés de la même manière par la crise. C’est sur les pièces du poids lourd et des véhicules de transport et de tourisme que le recul s’est le plus ressenti. La baisse des exportations est estimée à 40%. Une grosse déprime est aussi enregistrée sur les voitures haut de gamme.
M. Laraqui précise aussi que c’est sur la première monte, plus que sur la pièce de rechange, que la crise a été davantage ressentie. En effet, sur une vingtaine de pays de l’Union européenne, l’industrie marocaine liée à l’automobile a vu ses carnets de commandes rétrécir comme peau de chagrin. L’évolution de ce marché est confirmée par Ali Moamah, ancien président de l’Amica et Pdg de Sinfa, fabricant de câbles et filtres, et Sews cabins, société spécialisée dans la production de faisceaux de câbles et composants électroniques, qui fait savoir que la baisse des exportations marocaines y est de 30 à 40%. En revanche, au niveau domestique, le recul se situerait, toujours selon M. Moamah, entre 5 et 10%.
Les industriels reconnaissent l’efficacité des aides de l’EtatLe constat est le même chez Delphi qui dispose de deux usines employant l’une 4 600 personnes et l’autre 1600 dans la zone franche de Tanger.
Marie-Pierre Ygrié, responsable de la communication de cet équipementier à Paris, explique que la baisse de régime induite par le recul des commandes a été bien ressentie sur les unités tangéroises, même si elle se refuse à chiffrer le manque à gagner. L’entreprise, dont l’activité est en phase de reprise depuis quelques semaines, avait même été obligée de suspendre les recrutements.
Quant à Adil Raïs, Pdg de la Société industrielle de produits de friction (Siprof) installée à Berrechid et Plastex à Tanger, deux sociétés spécialisées dans la fabrication de plaquettes de freins et des embrayages, il indique que «la demande du Proche-Orient, de l’Afrique et de l’Asie a compensé en partie la désaffection de la clientèle des industriels de l’UE».
Ces deux sociétés ont toutefois dû se passer, au total, des services d’une bonne quarantaine de salariés en CDD du fait qu’elles ont en définitive perdu 30 à 40% de leur chiffre d’affaires.
Les équipementiers soulignent de concert que l’année aurait été pire sans les mesures de soutien décidées par le gouvernement. «En plus de la réduction de certaines charges, elles ont permis au secteur de mieux amortir le choc», reconnaît M. Moamah, tout comme M. Raïss, dont les entreprises ont pleinement bénéficié.
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