En Algérie, 31 grands chantiers sont en souffrance. C’est le constat fait par des membres de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (CNED).
S’exprimant en marge de la cérémonie de lancement du guide de management des grands projets d’infrastructures économiques et sociaux, le DG de la CNED, Farouk Chiali, nous a confirmé ce constat : « Nous avons noté des dépassements de délais et des surcoûts sur beaucoup de projets que nous avons eus à contrôler alors qu’ils étaient déjà en chantier. »
La CNED prend en charge actuellement l’évaluation et le suivi de la réalisation de 31 projets tous secteurs confondus, représentant une enveloppe globale de 3000 milliards de dinars sur un total de 4000 milliards de dinars, soit 75% du programme national des grands projets d’équipement public inscrits à la nomenclature des investissements.
Une autre source proche de la CNED impute les retards et les surcoûts constatés sur presque tous les grands projets lancés ces dernières années au fait que la recommandation de la Banque mondiale relative à une bonne maturation des projets avant la phase de lancement effectif a été peu suivie jusqu’à présent.
« Nous avons effectué 25 visites sur le terrain et rédigé 30 rapports contenant les constats des dépassements décelés dans la réalisation des projets », nous informe notre interlocuteur, qui souligne que les rapports sont destinés au ministère des Finances, qui est en charge de les transmettre aux maîtres d’ouvrage concernés, notamment les différents départements ministériels en charge des grands projets.
Il est à noter que deux études rétrospectives ont été également commandées à la CNED en vue d’évaluer les projets de l’aéroport d’Alger et celui du complexe hydraulique de Beni Haroun.
La CNED suit également depuis son lancement le projet de transfert hydraulique de Hassi R’mel-Tamanrasset qui est un des rares chantiers d’envergure dont la réalisation est suivie, pas à pas, par la CNED et « dont les délais de réalisation sont respectés », nous a affirmé le DG de la CNED.
Évaluation des grandes réalisations
Le guide de management des grands projets d’infrastructures économique et social lancé officiellement hier par la CNED en présence du ministre des Finances, Karim Djoudi, est pensé, dans ce contexte, comme un outil de suivi efficace et rigoureux des grands projets.
« Nous voulons mieux contrôler les dépenses publiques concernant les grands projets », a déclaré hier M. Djoudi. Le décret 98 227 du 13 juillet 1998, modifié le 3 mai 2009, avait déjà balisé le terrain réglementaire à travers une nouvelle définition des grands projets et un recadrement des modalités de maturation et d’exécution des projets mobilisant des ressources financières importantes de la part de l’Etat.
« Par études de maturation d’un projet ou programme d’équipement public, on entend l’ensemble des études permettant de s’assurer que le projet est de nature à contribuer au développement économique et social à l’échelon national, régional ou local, et que les travaux de réalisation du projet sont prêts à être lancés dans les conditions optimales de coûts et de délais », stipule notamment l’article 6 du décret cité plus haut.
La note de présentation du guide exposée hier met en exergue pourtant le fait que jusqu’à présent les grands projets mobilisant d’importantes ressources de l’Etat ont « souvent connu de nombreux problèmes se traduisant par l’allongement des délais et une augmentation importante des coûts d’investissement ».
La Cned note aussi que « l’impact économique et social de plusieurs de ces grands projets, parfois mal adaptés à la satisfaction des besoins, reste insuffisant eu égard aux efforts financiers considérables consentis par l’Etat ».
Pour remédier à cette situation, la CNED préconise en priorité « l’amélioration de la maturation des grands projets afin de rationaliser l’utilisation des deniers publics et d’en améliorer l’efficacité ».
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