La baisse de la pluviométrie en Libye, une des principales conséquences des changements climatiques, a influé sur le rendement du secteur agricole en Libye, a soutenu le spécialiste libyen de l'environnement et des changements climatiques, Mourad Chadli Soula.
M. Soula qui est un expert à l'Office général libyen de l'environnement a illustré ses propos par le déficit de précipitation enregistré ces dernières années dans le pays notamment au niveau des régions du Nord du pays réputées par une pluviométrie conséquente pendant l'hiver, et indiqué que la chaleur inhabituelle à cette période de l'année accompagnée par le phénomène des bourrasques de sable qui balaient actuellement la capitale Tripoli témoignent de l'avancée du désert sous l'effet des changements climatiques.S'exprimant dans un entretien à la PANA, l'expert libyen a indiqué que la décroissance de la courbe de la pluviométrie durant ces dernières décennies a influé sur les surfaces du couvert végétal qui s'est rétrécie grandement au fur et à mesure ce qui a favorisé l'avancée du désert et la réduction des terres agricoles du pays.
En effet sur une superficie totale de 1.750.540 km2 dont dispose la Libye, les terres agricoles représentent uniquement 2% soit environ 3,6 millions ha alors que le reste des surfaces sont considérées comme désertiques, rappelle-t-on. Ainsi, l'agriculture en Libye est en majorité une agriculture saisonnière pratiquée sous pluie et a représenté en 1987 quelques 18% de la superficie agricole.
Le spécialiste en environnement a indiqué aussi que ce déficit pluviométrique a influé énormément sur la productivité agricole dans le pays notamment au niveau des agrumes, des palmiers dattiers et des oliveraies étant donné que la pluie a un effet bénéfique sur les arbres fruitiers ce qui diffère de système d'irrigation dont l'effet se limite à nourrir les racines.
Outre ces effets sur la quantité de production agricole du pays, M. Mourad Soula a cité, parmi les autre effets du réchauffement climatique l'influence sociale dans les régions du pays notamment avec les changements opérés au niveau de la composition sociale sous l'effet de l'exode rural ce qui oblige à l'abandon des activités agricoles et au départ des jeunes vers les villes et agglomérations du pays laissant les personnes âgées sur place.
L'expert en changement climatique a précisé que les autorités libyennes ont pris très tôt conscience des effets du réchauffement climatique sur l'environnement notamment la baisse des précipitations et l'accroissement de la rareté des sources d'eau, affirmant que dans ce cadre, l'Etat libyen a réalisé le projet du Grand Fleuve artificiel, dont les travaux ont débuté en 1984, est aujourd'hui le plus important réseau hydraulique du monde réalisé par l'Homme.
On rappelle que ce projet stratégique d'un coût global évalué à environ 25 milliards de dollars, permet, à travers un réseau de conduites d'eau de plusieurs milliers de kilomètres, de drainer quotidiennement des millions de mètres cubes d'eau douce du fin fond du désert libyen vers les villes et concentrations urbaines à l'extrême nord du pays. Le volume annuel des eaux tirées de cet ouvrage hydraulique est de 700.000 millions de m3 dont 76,6% sont consacrés à l'agriculture et les projections indiquent que ce projet fournira tout au long de sa durée de vie estimée à 50 ans, environ 31 milliards de m3.
Ainsi comme cet ouvrage hydraulique a une durée de vie limitée, M. Mourad Soula spécialiste des questions de l'environnement à l'office général libyen de l'environnement a indiqué que les autorités du pays ont songé à se tourner vers des solutions alternatives à travers la technologie du dessalement de l'eau, un procédé qui a développé aujourd'hui une technologie avancée eu égard à l'énorme potentiel dont regorge le pays grâce à environ 2000 km de littoral sur la rive sud de la Méditerranée.
Plusieurs projets de dessalement de l'eau situés tout au long du littoral d'Est en Ouest de Libye ont été retenus par les autorités du pays, sont en cours de réalisation pour un coût de 574 millions 500 mille dinars libyens (1,220 dinars libyens = 1 dollar US) pour une capacité de 200.000 m3/j et nécessiteront des projets de construction de réseaux de raccordement et d'adduction d'eau pour l'approvisionnement des populations en eau potable pour une valeur 307 millions 100 mille dinars. Les projets dont les contrats sont en négociation sont estimés à 1 milliard 176 millions 600 mille dinars, selon les services de l'électricité et du gaz du pays.
Mais pour M. Soula ces stations posent un problème de transfert de technologie et de coût, affirmant que l'Etat libyen oeuvre à assurer à travers les prochains contrats de construction des stations dessalement d'eau, la formation de cadres locaux pour garantir la gestion de ces installations et précisé que le choix de l'énergie pour faire tourner ces stations sera portée sur l'énergie nucléaire à usage pacifique réputée de moindre coût économique.
Il a insisté pour que les pays industrialisés responsables de la plus grande partie des émission de gaz à effet de serre depuis le début de l'ère industrielle contribuent dans le financement et l'aide aux pays en développement en vue de les aider à mettre en place des industries moins polluantes et faire face aux effets du réchauffement climatique et que leurs engagement soient coercitifs et s'étalant sur un calendrier précis.
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