L’écologiste libanais Ibrahim el Ali nous fait un état des lieux de la pollution des fleuves du Liban. Le constat est frappant et ses témoignages inquiétants.
La mobilisation doit concerner tous les habitants vivant sur les rives de ces dépotoirs afin de forcer les autorités locales à déployer les moyens nécessaires à leur dépollution et à une solution durable.
Que pouvez-vous dire des fleuves au Liban ?Le Liban est composé de plus de 2000 rivières et de 40 fleuves dont 17 pérennes que sont le Nahr Litani, l’Oronte, Nahr Awali, Nahr Ibrahim, Nahr Abu Ali, ainsi que 23 saisonniers.
Les principaux polluants sont de nature agricole, avec l’azotate et le phosphore, par les engrais et les différents pesticides de nature industrielle, les lacunes en matière d’évacuation d’eaux usées et enfin de déchets physiques de toute sorte. L’eau est la plus grande richesse des décennies à venir, protégeons-la pour en tirer les fruits demain.Quelles sont les activités qui polluent (les causes de la pollution) ?
Quelle question ! Tout pollue au Liban. L’agriculture, comme je le disais tantôt, avec son surdosage en pesticides n’est certainement pas le dernier des facteurs. Savez-vous qu’en France, 70 produits sont acceptés comme pesticides alors qu’au Liban, nous en avons plus de 130 homologués, sans parler des produits de contrebande !
L’activité industrielle à proximité des villes a une grande part de responsabilité, en se débarrassant de ses surplus toxiques, de peintures, d’huile de vidanges etc. Les déchets domestiques, les déchets sanitaires, les rejets des déchets d’hôpitaux, l’évacuation des égouts dans les fleuves, en zone urbaine ou dans les campagnes constituent un fléau.
Les fosses septiques dans nos maisons laissent s’infiltrer les déchets et matières fécales dans les nappes souterraines. Les diverses huiles de vidange des industries ou des voitures sont hautement cancérigènes faute d’installations prévues pour leur récupération. Enfin, soulignons notre mauvaise habitude de tout déverser dans les fleuves après nos pique-niques familiaux.
Oui, Nahr Ghadir qui traverse le sud de Beyrouth pourrait battre le record du monde du fleuve le plus pollué, et le plus propre à mon sens serait le fleuve Wazani, car il y a très peu d’agriculture à proximité ; on y trouve même des poissons et une faune abondante.
Ce que l’on peut dire sur le sujet, c’est qu’il y a disparité du dosage de polluants sur les différents fleuves. Le Ministère de l’environnement a fait des études en 2006 et leur observation sur cinq captages indique que les fleuves de Damour, d’Awali, de Beyrouth et du Litani présenteraient un déficit en oxygène, entraînant un phénomène d’eutrophisationqui est principalement provoqué par une augmentation des niveaux de nitrate et de phosphate et par une influence négative sur la vie de l’eau.
En effet, en raison de l’enrichissement, les plantes aquatiques, telles que les algues se développent de façon intensive. Par conséquent, l’eau absorbe moins de lumière et certaines bactéries aérobies deviennent plus actives. Ces bactéries abaissent les niveaux d’oxygène à un tel niveau que seules les bactéries anaérobiques peuvent être actives. Ceci rend la vie dans l’eau impossible pour les poissons et les autres organismes.
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