Une nouvelle instance gouvernementale doit être instaurée pour négocier les prix des médicaments, selon un récent rapport d'une commission du parlement marocain.
[Siham Ali] Les Marocains paient d'une façon générale leurs médicaments trop cher, selon un récent rapport d'une commission parlementaire qui se déclare favorable à des mesures de changement.
Les médicaments sont trop chers au Maroc, et la responsabilité de la fixation des prix doit être retirée au ministère de la Santé, selon le rapport récemment publié par une commission parlementaire.
Pour rendre les médicaments plus abordables, leur prix devrait être fixé par une nouvelle instance gouvernementale, explique ce rapport publié le 3 novembre. Cette organisme serait composé de représentants du ministère de la Santé, des sociétés d'assurance santé, des organismes professionnels et du Conseil de la Concurrence.
Les auteurs de ce rapport indiquent que les médicaments de marque sont en général plus chers au Maroc que dans d'autres pays. Les prix en Tunisie peuvent être de 30 à 189 pour cent inférieurs à ceux pratiqués au Maroc, et la France propose des médicaments de marque à des prix de 20 à 70 pour cent moins élevés.
Au Maroc, le prix d'un même médicament peut varier de manière importante, selon la société qui le fabrique (une différence pouvant parfois atteindre 600 pour cent) et l'endroit où il est vendu (une différence de 300 pour cent).
Bien qu'ils soient moins chers que les médicaments de marque, les médicaments génériques sont également plus chers au Maroc qu'en Tunisie ou en France, selon ce rapport. Néanmoins, la majorité des Marocains achètent les médicaments les plus chers, dans la mesure où ils sont ceux qui sont souvent prescrits par les médecins.
Yasmina Baddou, ministre de la Santé, reconnaît que les procédures de fixation des prix des médicaments sont dépassées et doivent être revues.
La commission parlementaire recommande également que l'AMO, l'un des principaux systèmes de couverture médicale du Maroc, ne rembourse plus les clients qui achètent les médicaments les plus chers.
La commission, qui enquêtait sur le prix élevé des médicaments depuis le mois de février dernier, s'est également dite très favorable à la promotion des médicaments génériques pour abaisser le coût des ordonnances.
Selon le parlementaire Reda Benkheldoune, la responsabilité de ce coût élevé incombe à l’industrie pharmaceutique et aux procédures définies par l’Administration pour la fixation des prix des médicaments au Maroc.
Il qualifie ce problème de "véritable problématique vu que pour la population non couverte par l’assurance maladie, le prix de ces médicaments est tellement élevé qu’ils en deviennent inaccessibles".
"Pour la population couverte par les régimes d'assurance maladie, les systèmes de couverture médicale AMO et RAMED risquent, à moyen terme, de ne plus pouvoir supporter le coût de ces médicaments", ajoute ce parlementaire.
Le président de l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique Ali Sedrati explique que les fabricants s'engagent à baisser les prix. Mais "il faut mettre en place bon nombre de mesures pour encourager le secteur", ajoute-t-il.
"Soixante-dix pour cent des médicaments vendus au Maroc sont fabriqués localement", explique-t-il. "Si l'on agit sur la consommation en améliorant l’accès aux soins et à l’assurance maladie obligatoire et si l'on définit des règles du jeux claires, les prix baisseront."
"Si on arrive à doubler le volume de consommation, les prix seront inférieurs de 30 pour cent", affirme-t-il.
Le rapport demande également aux parlementaires marocains de s'inspirer du modèle tunisien pour créer un modèle viable de fixation des prix.
"La Tunisie a adopté une politique du médicament qui a permis la baisse des prix en se basant principalement sur un système de centralisation des achats", explique ce rapport, qui cite l'exemple tunisien d'instances gouvernementales centralisées pour négocier des prix "raisonnables" par l'achat de médicaments en grandes quantités et par l'incitation faite aux fournisseurs par le biais d'appels d'offres.
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