Au cœur du voyage de Christian Estrosi ministre chargé de l’Industrie en Israël : l’avenir de l’automobile.
Au quatrième étage d’un immeuble moderne de Rosh Ha’ayin, dans la banlieue de Tel-Aviv, le jeune patron fondateur de Better Place, Shai Agassi, prend ses invités par surprise.
Face à lui, Christian Estrosi, venu avec une délégation de parlementaires et d’élus niçois pour un voyage de deux jours à Tel-Aviv et Jérusalem.
Le ministre a « la volonté de renforcer les échanges économiques avec Israël jugés trop faibles ». Il ne s’attendait quand même pas, pendant ce rendez-vous avec cette société créée en 2007 dans la Silicon Valley et spécialisée dans la conception et l’installation de stations de recharge de batteries pour les voitures électriques, à « une proposition de cette ampleur ».
Non seulement, Shai Agassi lui présente, sans préavis, les grandes lignes de son projet pour la France, mais il demande au ministre une réponse rapide. « Une heure plus tard », plaisante-t-il...
A coup de graphiques, dans un américain impeccable, Agassi détaille ses plans pour la France : installer en deux ans 500 stations de recharge, soit environ 500 millions de dollars – Renault serait déjà d’accord –, et éventuellement y fabriquer les éléments de ces stations, projet pour lequel d’autres Européens seraient en lice.
Mais il a besoin d’argent, de partenaires et de l’appui financier de l’Etat. Quinze entreprises françaises discuteraient déjà avec lui. Il assène ses arguments.
D’abord, l’imminence du sommet de Copenhague sur le climat, où une telle annonce serait du meilleur effet pour la France. Puis la création de 5 000 emplois.
« Quand la France aura ses voitures électriques prêtes en 2012, il faudra qu’elle ait un réseau. Et elle doit décider maintenant », confie Shai Agassi, qui assure avoir été consulté par l’Elysée lors de l’élaboration du plan pour la voiture électrique, annoncé le 1er octobre dernier.
L’objectif de la France : s’équiper et être prête pour 2012
Hors de question pour Christian Estrosi de donner une réponse sur-le- champ. Mais ils ont rendez-vous, à Bercy, le 30 novembre. « Que les industriels israéliens croient en notre filière n’engage que leur responsabilité, insiste le ministre.
Mais il est vrai qu’Israël a la réputation d’être à la pointe des hautes technologies. J’ouvrirai le débat avec Veolia, les constructeurs et EDF avant lundi pour répondre rapidement à Better Place. »
Better Place n’est pas un inconnu pour l’industrie française. L’année dernière, Carlos Ghosn, le président de Renault Nissan, l’un des seuls à croire au tout-électrique et Shai Agassi se sont associés.
Au total, le constructeur fournira, d’ici à 2016, 130 000 véhicules à Better Place pour les marchés israélien et danois. Des Fluence, fabriquées par le français dans ses usines turques et coréennes.
Et Better Place se rémunérera sur les abonnements que les conducteurs achèteront pour recharger leurs batteries de véhicules.
Cela commencera dès 2011 en Israël, où les taxes sur l’achat de véhicules électriques ont été ramenées de 92 % à 10 %.
Et peut-être aussi en France en 2012, si un accord avec Better Place se conclut. Un nouveau souffle pour l’automobile française sinistrée, soutenue par la prime à la casse (500 000 bénéficiaires jusqu’à présent).
Ségolène Royal, dans une interview au « Journal du Dimanche », juge l’effort insuffisant : « Si on [la région Poitou-Charentes] avait eu la puissance de l’Etat, on aurait sauvé toute la filière automobile avec la voiture électrique. »
Christian Estrosi rétorque : « C’est médiocre. Laissons Mme Royal rêver et M. Peillon dire ce qu’il en pense. Nous, nous agissons. Il existe encore une industrie automobile en France parce qu’il y a Renault et PSA et que l’Etat français les a sauvés. »
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