Depuis le 4 août 2009 les engins de travaux publics d'occasion n'entrent plus en Algérie. Pourquoi cette mesure et quelles conséquences pour les entreprises françaises ?
Le gouvernement algérien a promulgué une « Loi de finance complémentaire pour 2009 » datée du 22 juillet 2009 et entrée en vigueur le 4 août. Elle modifie - en autre - l'article 50 de la loi de finance initiale qui se trouve dorénavant rédigée comme suit : « Sauf dispositions contraires, est autorisé le dédouanement pour la mise à la consommation des biens d'équipements neufs, y compris les engins de travaux publics (...) de matière première et de pièces de rechanges neuves ».
Il s'agit donc d'une autorisation. Sauf qu'il est bien spécifié que les machines et les pièces détachées doivent être neuves. Une lecture à contrario en déduit que les occasions ne sont plus acceptées. C'est ce que les douanes algériennes en ont conclu, qui bloquent depuis cet été le débarquement de matériels de seconde main.
Pour les négociants français, le coup est dur tant l'Algérie constituait un de leur débouché privilégié. Ils ne sont pas les seuls à en souffrir car les entreprises de travaux publics opérant dans ce pays avaient pour habitude de ne pas rapatrier le matériel qu'elles y utilisaient, préférant le revendre sur place.
La disparition de cette plus-value et, surtout, le coût du transport retour des engins va peser sur la rentabilité des chantiers.
Au Ministère de l'économie, dans l'entourage du secrétaire d'État au commerce extérieur, on refuse de commenter une mesure qui relève de la souveraineté du gouvernement algérien. Tout juste tient-on à préciser que « cette mesure n'est pas spécialement dirigée contre la France puisqu'elle touche tous les pays du monde ».
Chez les vendeurs de matériels certains voient là un soutien déguisé aux constructeurs chinois dont les machines neuves sont vendues aux prix des occasions européennes. Mais la raison de cette politique est d'avantage à chercher du côté de la balance commerciale algérienne.
Largement excédentaire (+37,7 milliards de dollars en 2008), celle-ci est portée par les hydrocarbures qui, à eux seuls, représentent 97% des exportations du pays. Or, entre janvier et juillet 2009, la chute des cours du pétrole et du gaz combinée à la baisse du dollar ont fait perdre 47,36 milliards de dollars à l'Algérie.
Parallèlement les importations ont continué à augmenter si bien que sur les sept premiers mois de l'année la balance commerciale algérienne affichait un modeste +1,449 milliards de dollars, contre +24,853 milliards sur la même période de 2008. Un plongeon qui motiverait ce coup de frein aux importations.
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